Dans la grande distribution, les « héros » du printemps face au chômage partiel

Dans la grande distribution, les « héros » du printemps face au chômage partiel

Un supermarché Carrefour, à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le 3 novembre 2020.

« Héros en avril, chômeurs à Noël ». Ce tract émis par la CGT de Carrefour illustre la polémique qui a gagné les groupes de la grande distribution, contraints de fermer leurs rayonnages de produits non essentiels à la suite de la fronde du petit commerce et des maires, mais qui recourt massivement au chômage partiel.

Plusieurs enseignes, comme Carrefour, Casino et Auchan, ont en effet annoncé se saisir de ce dispositif gouvernemental. Une première de cette ampleur pour le secteur, qui le justifie par la baisse d’activité. « Dans les hypermarchés, les gens qui venaient pour acheter des produits non alimentaires ou des jouets en cette période de l’année en profitaient aussi pour faire leurs courses. Là, on voit que la consommation alimentaire baisse », confie le patron d’un groupe de distribution, qui souhaite rester anonyme.

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« La première semaine de novembre, le nombre de clients dans les hypermarchés a baissé de 26 % en moyenne, et jusqu’à 40 % à 50 % dans certains magasins, détaille Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution. Et les achats dans les rayons traditionnels, comme la boucherie, la boulangerie ou la crémerie, ont baissé de 10 % ».

Début novembre, M. Creyssel avait averti le premier ministre, Jean Castex, que la fermeture des rayons non alimentaires des magasins « entraînerait la mise au chômage partiel de plusieurs dizaines de milliers de salariés, sans aucune justification réelle » et s’était vu répondre : « On en assume les conséquences. » Les groupes sont donc passés aux actes.

« Ils nous mettent devant le fait accompli »

Pour le Groupe Casino, les salariés de Monoprix et des hypermarchés Géant (environ 2 000 personnes au total) sont concernés, alors que, chez Carrefour, l’effort est collectif jusqu’à la fin du reconfinement : 78 000 salariés seront mis en chômage partiel sur un total de 95 000 personnes en France, note la société – 50 % des employés des rayons non essentiels trois jours par semaine, 10 % des collaborateurs des rayons alimentaires deux jours par mois, et 40 % des effectifs du siège deux jours par semaine. Enfin, Auchan n’a rien précisé officiellement. « Tout a été mis en place pour le faire, mais je ne sais pas qui, où, quand, comment », souligne Guy Laplatine, délégué CFDT du distributeur. Une réunion doit être organisée mercredi 18 novembre.

Ce mouvement touche moins les groupes d’indépendants, « davantage spécialisés dans les supermarchés avec des magasins à dominante alimentaire où le personnel est plus polyvalent », analyse-t-on chez Système U, qui n’y a pas eu recours. Les directions de Carrefour et Casino ont indiqué compléter les rémunérations de leurs collaborateurs, mais pas Auchan, où le message est pour le moment d’appliquer le minimum légal de 84 % du salaire.

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