Covid-19, un an après : « Le combat contre la pandémie doit s’accompagner d’un nouvel imaginaire du travail »

Covid-19, un an après : « Le combat contre la pandémie doit s’accompagner d’un nouvel imaginaire du travail »

Tribune. Après presque un an de pandémie, le monde du travail n’a jamais semblé aussi incertain et morose. Désengagement des salariés, difficultés des manageurs, états dépressifs… L’envie d’un « retour à la normale » se fait de plus en plus pressante, selon diverses études (« Du digital workplace au phygital workplace. Engagement, désengagement ou sur-engagement ? », Julhiet Sterwen/IFOP ; Enquête CoviPrev, Santé publique France ; « Crise Covid-19 : état psychologique, risques psychosociaux, burn-out des Français », Baromètre T4 Empreinte humaine). A lire certaines analyses, on pourrait presque croire que le mal-être des travailleurs est né avec le développement du télétravail et que le retour au monde du travail d’avant serait un idéal à retrouver. On attend presque le moment où certains évoqueront avec nostalgie les vertus du présentéisme, du management par la défiance et des heures perdues dans les embouteillages.

Sans doute retrouverons-nous bientôt nos collègues, nos clients ou nos usagers en présentiel, mais bien des choses ont déjà changé. Il n’y aura pas de retour « à la normale » car nous faisons face à des enjeux environnementaux et économiques, mais aussi à des évolutions sociales et technologiques qui transforment profondément le monde du travail. Toutes les crises majeures entraînent des évolutions importantes sur le front de l’emploi : celles que nous connaissons ne feront pas exception.

Lire la chronique d’Anne Rodier : Le télétravail bouleverse le marché de l’emploi… et les salaires

La seule chose qui semble à peu près acquise est qu’il n’y aura ni retour en arrière, ni avènement d’un monde du travail tel qu’il avait été imaginé avant la crise. Il n’est en effet pas sûr que le futur du travail soit nomade et ouvert, comme on pouvait l’imaginer il y a encore quelques mois. Si les « coworkers » et les nomades numériques représentaient cette nouvelle génération de travailleurs, les espaces de « coworking » peinent aujourd’hui à survivre, tandis que les nomades numériques sont assignés à résidence. Par certains aspects, ce futur du travail semble déjà être un lointain passé.

A ce jour, la seule anticipation qui semble se réaliser est celle de la victoire du capitalisme de plate-forme, avec son cortège de travailleurs indépendants payés à la tâche et exerçant dans des conditions souvent à la limite du droit du travail. Si on ajoute à cela le climat économique actuel, avec son chômage partiel et ses entreprises qui survivent grâce aux aides, on comprend l’angoisse d’une partie des employés et des employeurs pour leur avenir, et cette tendance à se raccrocher à un passé idéalisé du monde du travail.

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LJD

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