Coronavirus : alerte sur l’état de santé mentale des internes en médecine

Coronavirus : alerte sur l’état de santé mentale des internes en médecine

Au sein du service de soins intensifs de l’hôpital Robert-Ballanger, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 30 avril.
Au sein du service de soins intensifs de l’hôpital Robert-Ballanger, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 30 avril. GONZALO FUENTES / REUTERS

« La fatigue, les morts… En service de réanimation, on prend toujours quelques années à chaque garde, mais peut-être un peu plus en ce moment. » C’est avec des mots pudiques que Marie Saleten, interne en anesthésie-réanimation, décrit ce qu’elle a vécu ces derniers mois durant la crise due au Covid-19, en rejoignant l’unité montée en urgence à l’hôpital militaire de Bégin, à Saint-Mandé (Val-de-Marne). La jeune femme de 27 ans souffle depuis une quinzaine de jours, alors que l’épidémie recule.

Les quelque 30 000 jeunes praticiens de médecine – entre leur 7e et leur 11e année d’études –, en première ligne aux côtés de l’ensemble des médecins, vont devoir surmonter le choc de la crise sanitaire. D’après l’étude réalisée par l’Intersyndicale nationale des internes (ISNI), rendue publique vendredi 22 mai, leur état de santé mentale est « extrêmement préoccupant ». « L’épidémie a été très anxiogène pour les internes, toutes spécialités confondues », souligne Justin Breysse, président de l’ISNI.

« On s’attendait à une dégradation mais c’est très alarmant ; nous partions déjà d’un seuil très élevé », souligne Justin Breysse

Les chiffres sont inquiétants dans cette enquête réalisée par questionnaire en ligne, à laquelle 892 internes ont répondu entre le 20 mars et le 11 mai, en s’appuyant sur les échelles des études psychiatriques habituelles. De fait, 47,1 % des répondants présentent des symptômes d’anxiété, 18,4 % des symptômes dépressifs. Soit respectivement près de 15 points et 10 points de plus qu’en 2017, date de la dernière étude menée par le syndicat. Quelque 29,8 % des répondants rapportent également des symptômes de stress post-traumatique. « On s’attendait à une dégradation mais c’est très alarmant ; nous partions déjà d’un seuil très élevé », souligne Justin Breysse.

« C’était bien pire que d’habitude »

La question de la santé mentale des internes n’est pas nouvelle, avec sa face la plus visible que sont les suicides – 4 internes se sont suicidés entre janvier et mars, selon le décompte de l’ISNI. Les problématiques que rencontrent ces jeunes médecins au statut compliqué – autonomes, avec des responsabilités mais encore en stage – sont régulièrement dénoncées : des conditions de travail difficiles, avec un temps de travail hebdomadaire moyen de cinquante-huit heures d’après la dernière enquête du syndicat, des jours de repos non respectés… La « dernière roue du carrosse » sur laquelle s’appuie l’hôpital « ne va pas tenir longtemps », alerte Justin Breysse. Là-dessus est venue s’ajouter la crise due au Covid-19.

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