Conditions de travail : bilan mitigé du dialogue social chez les livreurs à vélo et les chauffeurs VTC

Conditions de travail : bilan mitigé du dialogue social chez les livreurs à vélo et les chauffeurs VTC

Un accord destiné à « lutter contre les formes de discrimination » envers les livreurs de repas : c’est ce qu’ont signé, le 13 mai, l’organisation représentative des plates-formes de livraison et trois des quatre organisations représentatives des travailleurs indépendants.

Cette signature, dans le cadre de l’Autorité des relations sociales des plates-formes d’emploi (ARPE), ne pouvait pas mieux tomber pour mettre en avant son utilité : du 22 au 30 mai, 71 000 livreurs et 51 000 chauffeurs VTC « actifs » (ils doivent avoir réalisé cinq courses par mois pendant trois mois entre juillet et décembre 2023) sont appelés à voter pour élire leurs représentants. Le premier scrutin, en 2022, avait été un échec, seuls 3,9 % des chauffeurs et 1,8 % des livreurs s’étaient prononcés.

L’ARPE est née en 2021 pour entériner la troisième voie souhaitée par le gouvernement concernant les travailleurs des plates-formes : des autoentrepreneurs, mais qui peuvent acquérir des droits supplémentaires par le dialogue social.

Dialogue difficile sur la rémunération

Selon la direction de l’instance et les entreprises, le bilan est positif : onze accords ont été signés en un an et demi. « Même s’il faut veiller à l’application des accords par les plates-formes, ce qui n’a pas toujours été le cas, c’est une affaire qui marche », résume Michel Yahiel, directeur général de l’ARPE. Les syndicats reconnaissent, eux, des progrès dans la lutte contre les discriminations et les « désactivations » abusives de travailleurs.

En revanche, le dialogue a été beaucoup plus difficile sur la rémunération, notamment chez les livreurs. « Aujourd’hui, pour gagner autant qu’il y a un an, un livreur doit travailler deux heures de plus par jour », indique Fabian Tosolini, délégué national d’Union-Indépendants (CFDT). Face à la dégradation récente du prix des courses sur Uber Eats notamment, les syndicats ont demandé une expertise, avant de reprendre les négociations sur ce sujet.

Pierre Delalande, représentant de l’Association des plates-formes d’indépendants, seule organisation patronale côté livraison (Uber Eats, Deliveroo), et majoritaire côté VTC (Uber, Caocao), n’est pas de cet avis : « Sur les VTC, il y a maintenant un revenu minimal par course à 9 euros et un revenu minimal par kilomètre, deux éléments structurants qui n’existaient pas avant. Idem avec une garantie minimale de 11,75 euros de l’heure chez les livreurs, que nous avons proposé de revaloriser à 14 euros. »

Un outil incontournable

Insuffisant pour Ludovic Rioux, secrétaire de la CGT-Livreurs, qui n’a signé aucun accord. « L’ARPE sert juste à entériner un tiers statut entre indépendant et salarié, sous le code du travail. » Selon lui, la rémunération, la transparence des algorithmes ou la question des sans-papiers − très nombreux dans le secteur − pourraient être bien mieux traités.

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LJD

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