Comment les entreprises se saisissent du dispositif « transitions collectives »

Comment les entreprises se saisissent du dispositif « transitions collectives »

« La principale difficulté est de convaincre les salariés d’opérer une reconversion, surtout ceux ayant une certaine ancienneté. »

« Notre objectif pour la première promotion de transitions collectives est d’avoir converti en aides-soignants 200 personnes en un an », affirme Nadège Plou, la DRH France du groupe de maisons de retraite Korian. Le dispositif « transitions collectives », dit « Transco », lancé officiellement le 15 janvier, vise à sécuriser la reconversion professionnelle sans passer par Pôle emploi.

Il permet à des salariés dont l’emploi est menacé de se reconvertir via une formation certifiante (de vingt-quatre mois maximum) vers un métier porteur et/ou dans un secteur en manque de main-d’œuvre situé dans le même bassin d’emploi. « Ce dispositif s’inscrit dans une forme de dialogue social entre territoires, entreprises et salariés. La nouveauté est qu’on est dans une logique de territoire et non plus de seule filière d’activité », explique Jean-Marie Thuillier, directeur emploi et territoires de BPI Group.

Durant la formation, les salariés conservent leur rémunération et leur contrat de travail avec l’entreprise qu’ils envisagent de quitter. « Au terme de la formation, le salarié a une promesse d’embauche en CDI chez nous. S’il rate la formation, il est assuré de repartir dans son entreprise d’origine. Son contrat a juste été suspendu », précise Mme Plou. L’entrée dans le dispositif se fait sur la base du volontariat.

Pour les petites et grandes entreprises

Toutes les entreprises y ont accès, avec un coup de pouce pour les plus petites : à moins de 300 salariés, le financement (rémunération du salarié partant et coût pédagogique des formations) est intégralement pris en charge par l’Etat, qui y consacre 500 millions d’euros sur deux ans. Le soutien est de 75 % pour celles de 300 à 1 000 salariés et de 40 % pour celles de plus de 1 000 salariés. Pourtant, « il est beaucoup plus facile pour les grandes entreprises de s’emparer du dispositif. Comment une TPE de quatre ou cinq salariés peut-elle gérer l’absence de salariés en formation ? », s’interroge Fouzi Fethi, responsable du pôle droit et politiques de formation de Centre Inffo, association de service public sous tutelle du ministère du travail.

Quatre-vingt-dix-huit projets ont répondu à l’appel à manifestation d’intérêt lancé à l’automne 2020 par le ministère du travail. Concrètement, les entreprises de 300 salariés et plus doivent établir la liste des métiers fragilisés et négocier un accord de gestion prévisionnelle des emplois et des parcours professionnels (GEPP). Derichebourg en a signé un, et Monoprix est en cours de négociation d’un tel accord pour être bénéficiaire des transitions collectives. Les moins de 300 salariés peuvent, quant à elles, se contenter de dresser une simple liste des emplois ciblés.

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LJD

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