Chez Just Eat, il ne reste qu’un quart des 4 500 livreurs à vélo embauchés en CDI

Chez Just Eat, il ne reste qu’un quart des 4 500 livreurs à vélo embauchés en CDI

Un coursier à vélo Just Eat, durant sa pause sur les berges du Rhône, à Lyon, en novembre 2021.

Ce devait être une petite révolution. Alors que les plates-formes de livraison de repas telles que Deliveroo ou Uber Eats recourent, en majorité, à des autoentrepreneurs dans des conditions de travail très précaires, Just Eat avait annoncé, fin janvier 2021, le recrutement d’ici à la fin de l’année dernière, de 4 500 livreurs salariés, en contrat à durée déterminée (CDI). « Un modèle de livraison plus responsable », selon la plate-forme. Un an plus tard, alors que vient de se tenir le premier tour des élections au conseil social et économique (CSE) de l’entreprise, auquel se présentaient une liste CGT et une FO, l’objectif a-t-il été atteint ?

Les livreurs de la plate-forme anglo-néerlandaise, rachetée en 2019 par Takeaway.com, ont signé des contrats de dix heures hebdomadaires, ou de quinze, vingt-quatre ou trente-cinq heures, le temps d’attente entre deux commandes inclus. Un emploi stable, donc, avec tous ses avantages (congés payés, mutuelle…). Et, effectivement, Just Eat confirme avoir recruté 4 500 livreurs en CDI, avec une période d’essai de deux mois.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés « Une solution de livraison plus responsable » : Just Eat change de modèle et passe au salariat

Mais, aujourd’hui, ils ne sont plus que 1 100. Cette diminution s’explique, selon l’entreprise, par le fait que de nombreux livreurs exercent cette activité « en parallèle avec une autre ». « Nous avons, par exemple, beaucoup d’étudiants. (…) Naturellement, durant les périodes de congés ou de rentrée, nous voyons des vagues de départs, notamment chez les jeunes. » Sur le dernier trimestre de 2021, « plus de la moitié des ruptures de période d’essai sont à l’initiative des employés », indique la société.

« Le ras-le-bol est général »

Quant aux ruptures décidées par l’employeur, elles sont « toujours » liées « à des faits avérés ». Lesquels ? Just Eat n’a pas répondu au Monde. Pour Ludovic Rioux, du syndicat CGT de la livraison deux roues pour Lyon (41 % des voix dans le collège des ouvriers au premier tour des élections au CSE) et salarié de Just Eat, ce fort turnover est dû aux « conditions de travail déplorables et aux bas salaires ». Les livreurs sont payés au smic. « Le ras-le-bol est général », résume Jérémy Graça, du syndicat FO (59 % des voix) et « capitaine livreur » à Paris, dont le rôle consiste à former les livreurs et à présenter la société aux nouveaux arrivés.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés La Commission européenne veut faire des livreurs de Deliveroo et des chauffeurs d’Uber des salariés

Un des points de friction concerne le matériel. Le code du travail et la convention collective nationale des transports routiers et auxiliaires du transport, dont Just Eat dépend, prévoient que l’employeur fournit l’outil de travail, le vélo, ainsi qu’un vélo de remplacement en cas de panne. Le salarié peut utiliser son propre véhicule, s’il en fait la demande. « Chez Just Eat, la règle est inversée », observe M. Rioux. Les salariés utilisent prioritairement leur propre vélo.

Il vous reste 46.12% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.