« C’est la face très sombre du “happy meal” » : le harcèlement chez McDonald’s dans le viseur du Parlement européen

« C’est la face très sombre du “happy meal” » : le harcèlement chez McDonald’s dans le viseur du Parlement européen

C’est un moment de silence qui étreint l’assistance de la petite salle « Spaak 7 C 50 » du Parlement européen, mercredi 7 septembre, lorsque Jessica Carriel achève de raconter l’enfer que lui ont fait vivre manageurs et gérants d’un restaurant McDonald’s de Curitiba, au Brésil. « Je me suis sentie très seule », murmure-t-elle, secouée par l’émotion.

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McDonald’s, c’était son premier boulot. Elle n’avait que 18 ans. Chaque jour, il lui fallait croiser le regard d’un supérieur hiérarchique qui l’affublait de surnoms ridicules. Un homme qui la touchait sans son consentement et lui envoyait, la nuit, des photos intimes non désirées. « J’essayais de cacher mon corps, de m’éloigner de lui pour éviter les ennuis. » C’est lorsqu’elle découvre que d’autres jeunes filles traversent des épreuves similaires qu’elle décide de se battre et de porter plainte. « C’est la face très sombre du “happy meal” », dénonce Maria Noichl, eurodéputée allemande du groupe des Socialistes et démocrates, qui coorganise l’événement avec Manon Aubry, de La France insoumise. Elle évoque un problème « systémique » de harcèlement chez McDonald’s, l’entreprise qui emploie plus de 300 000 personnes en Europe.

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La fin de l’impunité ?

Le récit de Jessica fait écho à celui de Tanya Harrel, une autre jeune fille, qui est venue de Saint-Louis, aux Etats-Unis, pour raconter le harcèlement sexuel qu’elle a subi « et les gérants qui [l’]encourageaient à faire profil bas ». Il y a aussi Mathilde S., 23 ans, du collectif McDroits, qui a vécu pendant deux ans l’angoisse quotidienne de se rendre sur son lieu de travail, le McDo de la gare du Havre. Là encore, des propos déplacés, des propositions d’attouchements, « et un protocole d’alerte qui décrédibilise les victimes », déplore la jeune fille. Et puis il y a Gabriel, brésilien lui aussi, qui subit les séquelles de son agression par un gérant exhibitionniste et raciste. Aux quatre coins du monde, les dénonciations de ce type se multiplient. De son côté, le groupe évoque souvent comme un gage de bonne volonté ses propres standards internationaux – non publics – pour un environnement de travail sûr.

Le cœur du problème, c’est « l’impunité totale dont profite McDonald’s. L’entreprise se dédouane de ses responsabilités sur ses franchises »
Manon Aubry, députée européenne (LFI)

Mais, pour Manon Aubry, le cœur du problème, c’est « l’impunité totale dont profite McDonald’s. L’entreprise se dédouane de ses responsabilités sur ses franchises ». La multinationale se comporte « comme si les restaurants franchisés étaient une autre entreprise », déplore Kristjan Bragason, de la Fédération européenne des syndicats de l’alimentation, de l’agriculture et du tourisme.

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