Grève des agents EDF à la Guadeloupe : un nouveau moteur remis en service alors que les négociations sont suspendues

Alors que la Guadeloupe subit d’importantes coupures d’électricité en raison d’une grève des agents EDF, les négociations dans l’archipel entre la branche énergie de la CGTG et la direction d’EDF Production électrique insulaire (PEI) ont été suspendues. Mais un « quatrième moteur » de la centrale diesel de Jarry sera démarré « aux heures de pointe pour inhiber les délestages sur le territoire », a fait savoir sur X le secrétaire général FE-CGTG Jimmy Thelemaque.

La grève chez EDF-PEI, la filiale de production d’électricité d’EDF, a démarré lundi 16 septembre. Les négociations, qui avaient repris jeudi, ont été interrompues vendredi en milieu d’après-midi. La grève a conduit à l’arrêt des moteurs de la centrale, et l’opérateur dit procéder à des « délestages tournants » pour « éviter l’accident généralisé (black-out) ». Les conséquences de ces coupures sont nombreuses : coupures d’eau, fermetures d’écoles ou activité des entreprises au ralenti.

Le conflit social porte sur la mise en œuvre d’un accord signé début 2023, après soixante et un jours de grève des mêmes agents, qui réclamaient une mise en conformité de leurs contrats et de leur rémunération avec le droit du travail, notamment cinq ans d’arriérés de salaires non versés.

« La FE-CGTG a demandé sous dix jours » la présence d’un dirigeant de l’entreprise venu de Paris, a déclaré le syndicat dans un communiqué arguant que « la directrice en Guadeloupe ne dispose pas du niveau de responsabilité suffisant afin d’engager EDF-PEI ». De son côté, l’entreprise a regretté, dans un communiqué, « cette rupture des négociations » et a fait valoir « avoir réalisé à cette date tous les versements » liés au protocole.

A l’issue des échanges, qui se déroulent sous la houlette des services de l’Etat, Ludovic De Gaillande, directeur de la direction du travail de Guadeloupe, a confirmé, sur la radio publique Guadeloupe La 1ère, des délestages bien moindres. Et ce, malgré « la décision de la CGTG de quitter la table des négociations », selon lui.

Le Monde avec AFP

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Emploi : Beaumanoir rachète Boardriders Europe, 200 postes appelés à disparaître

Au siège de Boardriders, à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), le 4 juin 2024.

Le groupe de prêt-à-porter français Beaumanoir a annoncé mercredi 5 juin avoir racheté les activités et l’exploitation des marques de Boardriders – Quiksilver, Billabong, Roxy, DC Shoes, Element, RVCA – en Europe de l’Ouest, précisant à l’Agence France-Presse (AFP) qu’un plan social prévoit la suppression d’environ deux cents postes en France. Les marques concernées sont la propriété depuis 2023 de l’entreprise américaine Authentic Brands Group. Elles vont le rester, Beaumanoir s’occupant de les gérer et de les distribuer désormais en Europe de l’Ouest.

Avec cette opération, Beaumanoir diversifie son portefeuille « avec l’intégration de sept marques reconnues du secteur “outdoor” » et « accroît sa présence sur le territoire français mais également au niveau européen », s’est-il félicité dans un communiqué.

« Sur les sept cents et quelques personnes travaillant au siège [européen] de Saint-Jean-de-Luz [Pyrénées-Atlantiques], nous tâchons d’en sauvegarder cinq cents, n’ayant plus que le tiers de l’activité qui s’y faisait », a révélé Roland Beaumanoir, fondateur du groupe, dans un entretien à l’AFP. Le siège « ne sera pas rapatrié à Saint-Malo », en Bretagne, où Beaumanoir est basé.

Les emplois en magasin préservés

« Cela a déjà été largement évoqué avec les comités sociaux et économiques de Saint-Jean-de-Luz, nous allons porter le chapeau d’un plan social qui nous est financé par les Américains », a-t-il précisé, évoquant « un événement un peu douloureux, bien connu des autorités de la région, de la mairie, du préfet ». Quant au bureau d’achat de Boardriders basé à Hong Kong, il « sera réduit mais gardé », a dit Roland Beaumanoir à l’AFP.

Interrogée sur le sort du millier de salariés en magasins, la communication de Beaumanoir a précisé que le plan de sauvegarde de l’emploi « mené par Boardriders ne concerne que le périmètre du siège de Saint-Jean-de-Luz. L’ensemble des emplois en magasins est sauvegardé ».

Beaumanoir, dont le chiffre d’affaires s’est élevé à 2 milliards d’euros en 2022, emploie plus de 15 000 personnes dans le monde et gère plus de 2 000 points de vente, dont des magasins Cache Cache, Bréal, Bonobo, Morgan et Caroll.

Le Monde avec AFP

Radio France : la « déloyauté répétée » de Guillaume Meurice lui vaut son licenciement

Guillaume Meurice à Paris le 13 mars 2024.

Si la présidence de Radio France comptait sur les suites agitées du scrutin européen de dimanche pour détourner l’attention et mettre une sourdine sur le chambard du licenciement de Guillaume Meurice, elle n’aura pas tout à fait réussi. Révélée par l’humoriste lui-même, mardi 11 juin en fin de matinée, cette annonce est au contraire venue ajouter au climat fébrile provoqué par la dissolution de l’Assemblée nationale décrétée par Emmanuel Macron dimanche 9 juin.

La « fin du faux suspense », tel que Guillaume Meurice qualifiait lui-même le clair-obscur qui entourait l’attente de cette décision, a pris la forme d’un e-mail, reçu mardi, doublé d’une lettre recommandée avec accusé de réception lui indiquant la « rupture anticipée de [son] contrat pour faute grave ».

Après avoir reçu un avertissement, début novembre, pour avoir comparé le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à une « sorte de nazi, mais sans prépuce », M. Meurice avait été convoqué à un entretien préalable à une sanction disciplinaire, puis à une commission de discipline après avoir répété cette formule sur l’antenne de France Inter le 28 avril. Il se félicitait alors que la justice ait prononcé, quelques jours plus tôt, un classement sans suite des plaintes déposées contre lui pour « provocation à la violence et à la haine antisémite » et « injures publiques à caractère antisémite ».

Des démissions par solidarité

Ce faisant, explique Sibyle Veil, directrice de Radio France, dans un courrier envoyé aux salariés de Radio France : « Il ne nous a pas laissé d’autre choix que de tirer les conséquences de son obstination et de sa déloyauté répétée. » « Ni la liberté d’expression ni l’humour n’ont jamais été menacés à Radio France », insiste-t-elle, reprochant au chroniqueur du « Grand Dimanche soir » d’avoir mis en doute « l’indépendance et l’impartialité de notre travail. Au mépris de l’intérêt du collectif, il a nourri les arguments les plus infondés de nos détracteurs. »

Par solidarité envers leur collègue et ami, l’humoriste Aymeric Lompret, la chansonnière Giedré et la linguiste Laëlia Véron ont rapidement annoncé sur X mettre un terme à leurs interventions sur France Inter, rejoignant ainsi le comique Djamil Le Schlag, démissionnaire dès le 5 mai.

« Quel choix faites-vous là ? », a demandé à Sibyle Veil le syndicat SUD, estimant qu’« alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir (…),  [votre] décision fragilise considérablement l’ensemble de notre entreprise ». La Société des producteurices de France Inter, présidée par Charline Vanhoenacker, a employé des mots quasi identiques pour dire « [sa] consternation et son désaccord » envers cette sanction : « Notre inquiétude et notre incompréhension sont immenses au moment où l’extrême droite est aux portes du pouvoir, et l’avenir de Radio France plus incertain que jamais », a-t-elle écrit dans un communiqué.

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Comment le vieillissement bouleverse nos sociétés

En mars 2024, le conglomérat Oji Holdings a annoncé qu’il cessait de fabriquer des couches pour bébés dans ses usines japonaises. Il préfère désormais se concentrer sur le marché nettement plus lucratif des couches pour adultes. Toujours au Japon, « Tous mes amis étrangers trouvent que les Escalator sont incroyablement lents, s’amuse Jesper Kroll, un économiste allemand qui vit dans le pays depuis 1985. C’est parce qu’il y a une décennie, de nouvelles règles ont demandé de réduire leur vitesse de 15 %, afin de faciliter la vie des personnes âgées. »

Bienvenue dans notre avenir à tous. Le Japon est le pays le plus vieux au monde, presque 30 % de sa population a plus de 65 ans. L’Italie – deuxième sur le podium – va atteindre le même niveau au milieu des années 2030, l’Allemagne la décennie suivante, et l’ensemble des pays développés y seront au cours de la décennie 2060, selon les projections des Nations unies.

En France, un peu moins touchée par le phénomène grâce à une natalité légèrement supérieure, ce serait plutôt vers les années 2070, même si les estimations sont incertaines. Dans l’ensemble des pays les plus riches, la population a atteint un pic de 1,3 milliard d’habitants et a entamé un recul progressif pour perdre environ 100 millions d’habitants d’ici à la fin du siècle, selon les Nations unies. Au Japon, la population totale recule depuis quinze ans, désormais au rythme de 2 300 personnes par jour.

« C’est d’abord une bonne nouvelle »

Economiquement, ce phénomène démographique, lent mais inéluctable, représente un chamboulement majeur. « C’est d’abord une bonne nouvelle, tient à rappeler Vincent Touzé, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Cela veut dire qu’on vit plus longtemps, y compris en bonne santé. Mais il faut quand même en gérer les conséquences. »

M. Kroll insiste lui aussi sur l’un des aspects positifs : « Au Japon, le rapport de force entre les salariés, moins nombreux qu’avant, et les entreprises s’est retourné. Dans une entreprise comme Mitsubishi, les jeunes suppliaient d’obtenir un poste il y a encore quelques années ; aujourd’hui, ils demandent ce que l’entreprise peut leur apporter. » Les salaires, autrefois purement basés sur l’ancienneté, sont plus régulièrement liés aux performances, et les Japonais changent désormais plus souvent d’entreprise au cours de leur carrière. La participation des femmes au marché du travail a également fortement augmenté. « Mais l’immense point noir, reconnaît M. Jesper, vient des finances publiques. »

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Face à la grève de ses salariés, Boeing annonce réduire ses dépenses et envisage du chômage technique

Des salariés de Boeing en grève brandissent des pancartes, le 15 septembre 2024, près de l’usine d’Everett (Washington).

Le constructeur aéronautique américain Boeing, touché depuis le 13 septembre par une grève paralysant notamment la production du 737 MAX et du 777, a annoncé, lundi 16 septembre, réduire ses dépenses.

Selon son directeur financier, Brian West, l’avionneur a décidé de geler tous les recrutements ; il se prépare à réduire « de manière importante » les dépenses d’approvisionnement et il envisage de mettre en place « dans les prochaines semaines » des mesures temporaires de chômage technique.

« Nous travaillons de bonne foi pour parvenir à un nouvel accord de convention collective qui tienne compte des réactions et qui permette à l’activité de reprendre », a rapporté M. West dans un message aux employés. « Cependant, notre groupe traverse une période difficile, a-t-il poursuivi. [Le débrayage] menace notre reprise d’une manière importante. » La direction a pris des « mesures nécessaires pour préserver les liquidités et protéger notre avenir commun », a-t-il déclaré, et pour assurer le financement de la « sécurité, de la qualité et de l’assistance directe aux clients ».

Une « étape difficile »

Boeing a ainsi gelé tous les recrutements et les hausses salariales liées à des promotions, suspendu tous les voyages « non essentiels », supprimé les voyages en première classe et en classe affaires y compris pour les membres de sa direction.

L’avionneur a également mis sur pause toutes les dépenses de conseil, caritatives, publicitaires et marketing, parmi les nombreuses actions déjà entreprises. Par ailleurs, le groupe devrait ne plus passer de commandes liées aux programmes du 737, du 777 et du 767 qui sont fabriqués dans les usines de Renton et d’Everett, dans la région de Seattle (Etat de Washington), dont la production est à l’arrêt depuis vendredi.

M. West a ajouté que le groupe envisageait une « étape difficile » : la mise en place « dans les prochaines semaines » de mesures temporaires de chômage technique pour de nombreux salariés, responsables et dirigeants. Les négociations entre Boeing et l’antenne locale du Syndicat international des machinistes et des ouvriers de l’aérospatial (IAM) doivent reprendre mardi, sous l’égide d’une médiation fédérale.

Multitude de problèmes de qualité

Les plus de 33 000 adhérents représentés par l’IAM-District 751 (sur quelque 170 000 employés du groupe) ont rejeté, jeudi, le projet de convention collective annoncé le 8 septembre à 94,6 % et approuvé un débrayage à 96 %.

Leur mouvement de grève a entraîné la fermeture de deux grandes usines d’assemblage dans la région de Puget Sound, paralysant la production du 737, du 777 et du 767 cargo, dont les livraisons cumulent déjà les retards. Une situation d’autant plus problématique pour l’avionneur qu’il encaisse la plus grosse partie du paiement (environ 60 %) à la remise des avions.

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Boeing traverse une situation financière précaire depuis le crash de deux 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, ayant coûté la vie à 346 personnes, et une multitude de problèmes de qualité de la production. Les mécontents jugent toutefois la hausse salariale trop éloignée des demandes du syndicat (+ 40 % initialement) et le volet sur les retraites, insatisfaisant.

Boeing fait l’objet d’une supervision accrue depuis un incident en vol au début de janvier sur un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines. Survenu après une série de problèmes de conformité et de contrôle qualité, il a ravivé les questions soulevées sur ces mêmes lacunes après les deux crashs.

La dernière grève chez l’avionneur américain remonte à 2008 et avait duré cinquante-sept jours. Selon la société d’analyse financière TD Cowen, une grève de cinquante jours priverait Boeing de 3 à 3,5 milliards de dollars de liquidités et aurait un impact de 5,5 milliards sur le chiffre d’affaires.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Faut-il avoir peur de voler dans un avion Boeing ?

Le Monde avec AFP

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Le géant du lait Lactalis annonce un plan social touchant ses éleveurs français

La décision de Lactalis a fait l’effet d’une douche froide sur le secteur de l’élevage laitier français. Le numéro un mondial des produits laitiers, connu pour ses marques Président, Lactel ou Galbani, a annoncé, mercredi 25 septembre, son projet de réduire de 450 millions de litres sa collecte en France d’ici à 2030. Soit près de 9 % de ses volumes totaux annuels, estimés à 5,1 milliards de litres.

Le géant industriel mayennais, dirigé par Emmanuel Besnier, dont le chiffre d’affaires a frôlé les 30 milliards d’euros en 2023, ne communique pas le nombre d’éleveurs concernés par ce véritable plan social. Toutefois, en partant du postulat qu’une exploitation laitière produit en moyenne 500 000 litres par an, on peut estimer l’impact à environ neuf cents producteurs.

Le couperet tombe d’abord sur une coopérative de collecte baptisée « Unicoolait », dont le siège est situé à Sarrebourg, en Moselle, et qui regroupe des producteurs répartis entre la Moselle, la Meurthe-et-Moselle et l’Alsace. En 2023, Elle a livré 157 millions de litres de lait à Lactalis. Pourtant, Jean-Luc Jacobi, président d’Unicoolait, déclarait, en avril, lors de l’assemblée générale, selon des propos cités par Le Républicain lorrain qu’être « associé au numéro un mondial [des produits laitiers] est une force et une sécurité », une « assurance de stabilité ». Las. Le contrat qui liait la coopérative à son seul client, Lactalis, jusqu’en 2030, ne sera pas reconduit.

Une autre réduction de collecte à venir

Le géant laitier évoque, dans le communiqué, une autre réduction de collecte équivalente, soit 160 millions de litres, entre les « zones est et sud des Pays de la Loire », à horizon plus rapide, c’est-à-dire dès 2026. Certains s’interrogent sur l’avenir du site de Lactalis à Xertigny, dans les Vosges, qui a arrêté au fil des restructurations sa production de fromage et gardait une activité de collecte et de stockage de lait.

Enfin, l’industriel envisage une autre étape de réduction de 130 millions de litres, sans plus de précision. « L’adaptation de nos volumes de collecte permettra de mieux valoriser le lait de nos producteurs, en cohérence avec la récente évolution de notre formule de prix du lait. Nous veillerons à identifier des solutions pour chacun des producteurs », déclare Serge Moly, directeur de l’approvisionnement lait du groupe, cité dans le communiqué. L’entreprise de Laval affirme vouloir se « recentrer sur les produits de grande consommation français mieux valorisés, car moins sujets aux aléas des marchés mondiaux », ce qui « implique de réduire la part du lait qui est collecté pour être transformé en ingrédients industriels destinés aux marchés internationaux ».

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Assurance-chômage : le gouvernement prévoit de prolonger les règles actuelles jusqu’au 30 septembre

Le gouvernement souhaite prolonger les règles actuelles d’indemnisation de l’assurance-chômage jusqu’au 30 septembre, selon un projet de décret transmis aux partenaires sociaux mercredi soir et dont l’Agence France-Presse (AFP) a obtenu une copie jeudi 11 juillet.

L’exécutif avait fini par renoncer à une réforme controversée de l’assurance chômage, durcissant notamment les règles d’accès aux indemnités, au soir du premier tour des élections législatives. Le nouveau projet de décret « a pour objet de proroger, jusqu’au 30 septembre 2024, les dispositions du décret » précédant, qui cesseront d’être en vigueur le 31 juillet 2024. Il permet ainsi de poursuivre le paiement de l’allocation aux chômeurs.

[Plus d’informations à suivre sur Lemonde.fr]

Le Monde avec AFP

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La résurrection discrète de Camaïeu, sans presque aucun salarié de Camaïeu

Le département « Be Camaïeu » de la nouvelle boutique lilloise de Celio, le 29 août 2024.

« Ils ont des fringues pour femmes maintenant ? » Dans la nouvelle boutique lilloise de Celio, au milieu des mannequins féminins vêtus de pantalons et chemises unis aux couleurs pastel, Clémence, 18, ans pose la question à son copain Valentin, qu’elle est venue « rhabiller pour la rentrée ». En shoppeuse aguerrie, la jeune femme (qui n’a pas donné son nom) a remarqué cette entrée inédite de Celio sur le marché du prêt-à-porter féminin sous un intitulé qui ne lui dit rien, mais qui renaît après une fin traumatique et un gâchis social : Camaïeu.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Avec la relance de Camaïeu, Celio vise plus grand

Racheté aux enchères en décembre 2022 par Celio pour 1,8 million d’euros, le nom de l’ancienne entreprise nordiste, liquidée en octobre de la même année, sigle désormais les articles féminins vendus par l’enseigne d’habillement masculin. La première de ces boutiques destinées à la mode masculine comme féminine a été inaugurée, jeudi 29 août, dans la galerie commerciale Westfield de Lille par les patrons de Celio. Mais Camaïeu apparaît de manière discrète. Hormis un néon « Be Camaïeu » suivi d’un astérisque jouxtant le slogan « Be normal » de Celio au-dessus de l’entrée du magasin, rien n’annonce le retour de la marque.

Vingt-deux mois plus tôt, la disparition de l’enseigne avait provoqué un émoi considérable : 511 magasins fermés en France, 2 600 employés licenciés. Et pour la plupart des ex-salariés, cette « renaissance » ravive de bien mauvais souvenirs. « Je ne me réjouis pas du tout. Sur les 150 personnes avec qui je travaillais à l’entrepôt de Roubaix [Nord], il y en a toujours une centaine qui n’ont pas retrouvé de boulot », témoigne une ancienne employée du service logistique, restée trente ans chez Camaïeu.

« Parlons plutôt de l’avenir »

Elle souhaite rester anonyme « pour ne pas avoir de soucis » avec l’entreprise dans laquelle elle a retrouvé du travail, et n’imagine pas un seul instant franchir un jour la porte d’un magasin Celio pour s’habiller chez Be Camaïeu. « On va boycotter. La marque c’est nous, c’est pas eux. » La décision a été prise sur le groupe WhatsApp des anciens employés avec qui elle est restée en contact.

« Parlons plutôt de l’avenir », a proposé Marc Grosman lors de l’ouverture du nouveau magasin Celio-Camaïeu. Cofondateur de l’enseigne Celio avec son frère Laurent, Marc Grosman a investi entre 15 millions et 20 millions d’euros pour offrir des articles féminins Camaïeu dans ses magasins. Douze en France à ce jour – neufs ou agrandis pour l’occasion. Une centaine d’employés a été embauchée, dont dix anciens de Camaïeu.

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Face à la baisse du nombre d’élèves, les scénarios des inspections générales pour supprimer des postes d’enseignants et fermer des classes

Ballon d’essai ou véritables perspectives ? La « revue de dépenses » réalisée conjointement par l’inspection générale des finances et l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche a tout du rapport explosif face à une école en crise.

Daté d’avril mais rendu public en septembre, ce rapport, commandé par Matignon à l’automne 2023, explore différents scénarios pour tirer parti de la diminution du nombre d’élèves dans les années à venir et ainsi supprimer des postes d’enseignants et faire des économies budgétaires. Cette baisse démographique peut « justifier une réduction des moyens d’enseignement », jugent les auteurs.

La publication de ce rapport intervient alors que la préparation du budget 2025, perturbée par le contexte politique, s’avère particulièrement sensible au vu de l’augmentation du déficit des comptes publics. Dans une mise en garde très politique lors de sa conférence de presse de rentrée, fin août, la ministre de l’éducation nationale démissionnaire, Nicole Belloubet, avait elle-même alerté sur la nécessité de sanctuariser le budget de l’éducation nationale, tandis que Bercy cherche des sources d’économie.

Depuis 2017, les moyens de l’éducation nationale « se sont déployés sans que les évolutions démographiques de la population des personnes de moins de 30 ans soient pleinement prises en compte », affirme le rapport. La priorité accordée aux écoles primaires, avec le dédoublement des classes de grande section, de CP et de CE1 en éducation prioritaire, a conduit à une augmentation des dépenses d’éducation de 9 % pour ce niveau historiquement négligé. La dépense d’éducation reste stable dans le second degré – avec 8 000 suppressions de postes dans l’intervalle – et recule dans le supérieur.

« Optimisations »

Dans le même temps, on compte 404 000 élèves de moins dans le primaire en 2023 par rapport à 2017, tandis que ce nombre a augmenté respectivement de 54 000 dans le second degré et de 245 000 dans l’enseignement supérieur. La baisse du nombre d’élèves commence néanmoins à atteindre le collège. Entre 2023 et 2028, les effectifs scolaires devraient encore diminuer de plus de 480 000 élèves, dont 252 000 à l’école élémentaire et 132 500 au collège, selon les projections de ce rapport.

A travers trois scénarios, les auteurs du rapport soumettent « des pistes de travail » à confronter avec « les réalités de terrain » pour aboutir à des « optimisations ». La première modélisation consiste à identifier au sein des établissements scolaires des classes à effectifs trop réduits par rapport à la moyenne nationale établie par niveau et par type d’établissement (éducation prioritaire ou non par exemple) et à répartir les élèves dans d’autres classes. Cette « rationalisation » permettrait de fermer 600 classes à l’école primaire, entre 1 000 et 1 450 classes au collège, et de supprimer entre 1 380 et 1 820 équivalents temps plein. Ces économies se traduiraient pour les lycées concernés, « soit par une réduction de l’offre d’options ou d’enseignements de spécialité, soit par une réduction des dédoublements de classe », conclut le rapport.

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Patronat et syndicats relancent les discussions, après des mois de tensions

Lors du débat entre la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, et le président du Medef, Patrick Martin, à la fête de « L’Humanité », à Brétigny-sur-Orge (Essonne), le 14 septembre 2024.

Les prises de contact s’enchaînent pour retisser des liens qui s’étaient distendus. Depuis la rentrée scolaire, le patronat et les syndicats ont eu plusieurs entretiens apaisés, dans le souci manifeste de se montrer constructifs. Après les tensions engendrées par l’échec, en avril, de la négociation sur l’emploi des seniors, les deux camps semblent, à nouveau, désireux de se parler en composant avec leurs antagonismes.

L’une de leurs principales préoccupations est d’apporter la preuve qu’ils sont des acteurs responsables, aptes au compromis – à la différence, selon eux, des formations politiques, plus promptes à s’entredéchirer qu’à rechercher l’intérêt général. Autant d’initiatives enclenchées au moment où des collaborateurs du premier ministre, Michel Barnier, reçoivent, à partir de lundi 16 septembre et à tour de rôle, les organisations de salariés et d’employeurs.

La relance des discussions entre les partenaires sociaux vient de s’illustrer dans une scène très inhabituelle : la participation du Medef à la Fête de L’Humanité, qui s’est tenue, de vendredi 13 à dimanche 15 septembre, à Brétigny-sur-Orge (Essonne). Samedi après-midi, Patrick Martin, le numéro un du mouvement patronal, a débattu, pendant presque une heure trois quarts, avec Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT. La confrontation s’est déroulée sous un chapiteau plein à craquer, avec une assistance ultramajoritairement acquise à la syndicaliste et, la plupart du temps, respectueuse à l’égard du président du Medef, abstraction faite de quelques courtes huées.

« Dialogue franc »

Si M. Martin s’est jeté dans la gueule du loup, c’est au nom de la « conviction profonde » que les représentants des travailleurs et des chefs d’entreprise doivent parlementer, « en assumant leurs désaccords », mais sans se livrer au « jeu dangereux de l’anathème, de l’insulte et de la fracturation », a-t-il dit peu après la fin de la joute. Mme Binet, elle, a remercié son contradicteur d’accepter un moment de « dialogue franc ». « J’ai bien entendu votre appel à la réouverture de la négociation », a-t-elle ajouté, faisant allusion au souhait de M. Martin, exprimé le 26 août, de reprendre les tractations sur l’emploi des seniors qui avaient capoté en avril. Et d’observer : « Je pense que votre présence ici s’inscrit dans ce cadre-là. »

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Emploi des seniors : le Medef propose une reprise des négociations

D’humeur moqueuse, la cheffe de la CGT a proposé au leader patronal d’engager immédiatement les pourparlers, à la Fête de L’Huma : « J’ai un stylo, donc c’est bon. J’espère que vous avez le chéquier et tout va bien se passer », a-t-elle lancé devant un auditoire hilare. Un zeste d’humour pour égayer des échanges que les deux protagonistes avaient visiblement préparés avec beaucoup de sérieux, au vu de la précision de leurs argumentaires respectifs.

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