Les Allemands de l’ouest

Alors que la rémunération moyenne ait augmenté en Allemagne en dix ans, les écarts se sont creusés sur le territoire.
Ce sont deux études régulières, qui lèvent un panorama édifiant des différences entre territoires en Allemagne. Si le revenu net moyen a entièrement augmenté ces dix dernières années outre-Rhin, toutes les régions n’en ont pas bénéficié de la même façon. Dans certains cantons de Bavière, on est quelquefois plus riche qu’au Luxembourg, tandis que d’autres régions se classent au niveau de la moyenne italienne. Et, contrairement à la carte généralement présentée, ce n’est pas dans l’ex-RDA que vivent les Allemands les plus pauvres, mais à l’ouest, surtout dans l’ancien cœur de l’industrie lourde du pays, la Ruhr.
Les deux études, présentées au mois d’avril – l’une de la fondation Bertelsmann sur la pauvreté en Allemagne, l’autre de la fondation Hans-Böckler, proche des syndicats – sur les différences de revenus dans le pays finissent à la même conclusion : c’est la ville de Gelsenkirchen, port fluvial du bassin de la Ruhr, qui est la lanterne rouge du pays en matière de dénuement, bien qu’elle se situe en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dont le PIB est le plus élevé d’Allemagne – 691 milliards d’euros. A Gelsenkirchen, la rétribution net moyen (après impôts, prélèvements obligatoires et transferts sociaux) est de 16 203 euros par personne et par an, soit moins de la moitié de ce que touche un Bavarois vivant près du lac de Starnberg, au sud de Munich, qui peut compter sur presque 35 000 euros net par an.
Clôture des mines et déclin de l’acier
Cependant, les régions de l’est de l’Allemagne, dans leur totalité, demeure moins riches que le reste de la République fédérale, même trente ans après la chute du mur de Berlin, restituent les chercheurs de la fondation Hans-Böckler, qui ont analysé les données de 401 circonscriptions allemandes. Uniquement 6 des 77 circonscriptions et villes de l’est affichent un revenu net par tête supérieur à 20 000 euros par an, contre 284 des 324 circonscriptions de l’ouest. Malgré tout, la propension est à l’assemblage, accentuent les deux études.
A l’ouest, par contre, les grandes villes de la Ruhr forment des îlots qui ont accumulé les facteurs de déclassement ces dernières années, avec la fermeture des mines et le déclin de l’acier. « La hausse de la pauvreté dans la Ruhr s’explique surtout par la transformation structurel, qui n’est pas encore surmonté », explique Henrik Riedel, auteur de l’étude Bertelsmann sur la pauvreté en Allemagne. La dernière houillère de la région, à Bottrop, a clôturé en décembre 2018. « Les mines et les industries lourdes offraient des emplois aux personnes à faible qualification. Après le déclin de ces secteurs, il a été pénible de reclasser les gens, beaucoup sont au chômage aujourd’hui », explique au Monde Markus Töns, député social-démocrate au Bundestag pour la circonscription de Gelsenkirchen, où le taux de chômage domine à 12,5 % (contre 4,9 % en moyenne nationale).
Un ravissement pour Delphine Ernotte, la présidente du groupe public, à la veille d’un conseil d’administration où elle réaffirmera sa détermination de changer France Télévisions, confrontée à la concurrence des plates-formes comme Netflix et aux impératifs d’économies de l’Etat (entre 350 millions et 400 millions d’euros de moins d’ici à 2022). « Cet accord, indispensable au déploiement du projet d’entreprise de France Télévisions, fait la preuve, une nouvelle fois, de l’importance du dialogue social au sein de notre entreprise et de la promesse de tous au service de l’avenir de la télévision publique », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
La CGT avait refusé de participer aux premières discussions sur ce qu’elle qualifiait de « plan destructeur »
Cet accord-cadre, lié de deux annexes, fixe à la fois la méthode et rappelle les objectifs accompagnants le plan de départs volontaires que Mme Ernotte souhaite mettre en œuvre d’ici à 2022 sous forme d’une rupture conventionnelle collective, avec un objectif de 900 suppressions de postes (2 000 départs et 1 100 embauches).
L’accord de la CGT est d’autant plus sérieux qu’elle avait refusé de participer aux premières discussions sur ce qu’elle qualifiait de « plan destructeur ». Une fois l’échec acté, la direction s’était troublée dans le silence, se contentant d’une déclaration laconique, dans lequel elle se affirmait « favorable à une poursuite des échanges ».
En coulisse, Mme Ernotte et deux proches collaborateurs, Stéphane Sitbon-Gomez, directeur du changement, et Arnaud Lesaunier, directeur général délégué des ressources humaines, ont repris langue avec tous les syndicats. La patronne de France Télévisions a « été hyperprésente », relève une source syndicale, ce qui a participé à l’avancée des discussions.
Rafraîchir la pyramide des âges
La direction a pris en compte à la fois le résultat réussi depuis janvier au cours de ses contestations avec la CFDT, FO et le SNJ, qui montrent respectivement 23,5 %, 19,6 % et 15,9 % des voix, et les requêtes de la CGT. L’accord intègre en particulier la demande de cette dernière, lors du dernier comité social et économique central des 17 et 18 avril, d’ajouter au processus un volet GPEC (gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences).
Cela acceptera de permuter par projet et de faire le point sur les besoins en ressources humaines de l’entreprise, soucieuse de rajeunir sa pyramide des âges (la moyenne actuelle est de 50 ans) et de faire entrer des profils plus tournés vers le numérique, en tenant compte de la réalité du terrain.
Cette concession de la part de la direction lui permet de faire revenir dans le jeu la CGT, acteur incontournable à France Télévisions. « Cela redonne du grain à moudre », déclare-t-on à la tête du groupe public. Direction et syndicats ont aussi couché sur le papier leur trouble au sujet de l’objectif de 900 abandons de postes. « En avançant projet par projet, nous montrerons à la direction que ce n’est pas possible », mentionne Pierre Mouchel, délégué syndical central CGT, qui enregistre aussi la prise en compte de « la qualité de vie au travail ».
L’accord recense les six grands projets de Delphine Ernotte jusqu’en 2022 : l’affermissement de l’information nationale, la décentralisation des antennes (avec notamment le rapprochement entre France 3 et France Bleu), la production de contenus pour le pôle outre-mer, qui a subi la suppression programmée en programmation linéaire de France Ô, la fabrication de « contenus innovants en lien avec l’activité numérique », l’évolution des fonctions support et le renforcement de l’innovation technologique. La direction s’est engagée à investir dans le numérique près de 120 millions d’euros qui n’étaient pas prévus dans la trajectoire budgétaire. « Le texte consacre également le principe de l’expérimentation », déclare-t-on à France Télévisions.
Eric Vial, secrétaire général de FO Médias, s’est réjoui d’avoir « trouvé une majorité pour sortir par le haut ». Son inquiétude était de se voir exiger des départs contraints. A France Télévisions, on aime aussi les fins bienheureuses. Avant, peut-être, le prochain coup de théâtre…