Comment engendrer des postes bien rétribués

Comment engendrer des postes bien rétribués

Distributeur de voitures
Distributeur de voitures Jens Magnusson/Ikon Images / Photononstop

Pour être sûr que les termes pris bénéficient aux travailleurs, les pouvoirs publics doivent dévier le secteur privé de l’automatisation en augmentant la fiscalité.

La priorité des politiques économiques devrait être actuellement de créer des emplois bien payés. Aucune société dans l’histoire n’est parvenue à créer une prospérité partagée en s’appuyant exclusivement sur la redistribution. La prospérité est le fruit de créations d’emplois rétribués décemment.

Mais les bons emplois ne sont pas générés normalement par la libre entreprise. Ils réclament des institutions qui protègent les travailleurs et renforcent leur autonomie, des systèmes éducatifs bien dotés et une protection sociale efficace.

Cette architecture institutionnelle a proposé aux économies avancées quarante années d’augmentation forte et largement répartie après la seconde guerre mondiale. Tout d’abord, les technologies augmentaient la productivité du travail, conservant ainsi croissance des salaires et demande de main-d’œuvre. La puissance publique finançait l’éducation et la recherche et jouait, dans certains cas, le rôle d’acheteur principal d’équipements de haute technologie.

L’Etat, en fixant des salaires minimums, des règles de sécurité au travail et en organisant les marchés du travail et des produits, conduisait l’environnement des entreprises. On reproche à ce genre de mesures de tuer l’emploi, mais elles peuvent en réalité créer un cycle de croissance vertueux, car un coût plancher du travail incite les entreprises à codifier et moderniser leurs process de production, augmentant ainsi le rendement. En veillant au respect de la concurrence, les pouvoirs publics dissuadent les entreprises de pratiquer des prix monopolistiques et d’augmenter leurs marges sans recruter de main-d’œuvre.

L’Etat développait aussi l’accès à l’éducation. Aux Etats-Unis, par exemple, grâce à la loi sur les anciens combattants (« GI Bill »), aux bourses Pell, etc., le gouvernement fédéral accéda à des millions de citoyens de profiter d’une formation supérieure ou professionnelle. Certes, de tels investissements sollicitent d’importantes recettes budgétaires, mais des taux d’imposition élevés et l’augmentation économique y pourvoyaient.

L’accroissement des rémunérations du secteur privé aux Etats-Unis a été d’environ 2,5 % par an entre 1947 et 1987, avant de ralentir brusquement après cette date, puis de s’interrompre complètement après 2000. Ce décrochage a coïncidé avec une période de faible productivité et de réorientation des investissements vers l’automatisation. L’emploi bien rétribué s’est alors asséché, et de plus en plus de jeunes adultes ont été éjectés de la population active. La protection des travailleurs s’est relâchée, la concentration des marchés s’est affermie et les pouvoirs publics ont cessé de supporter l’innovation : la part de la recherche-développement financée par l’administration fédérale est passée de 1,9 % dans les années 1960 à 0,7 % du PIB en 2015.

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LJD

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