Face aux licenciements, Emmanuel Macron rejette l’arme de la nationalisation

Manifestation à Dunkerque (Nord), le 1er mai 2025.

Sophie Binet n’est pas venue les mains vides. Invitée, mardi 13 mai, à discuter avec Emmanuel Macron sur TF1, la secrétaire générale de la CGT lui a livré la liste des « 400 plans de licenciements » en cours en France « avec des entreprises qui touchent des aides publiques et qui distribuent des dividendes », plus une demande de nationaliser ArcelorMittal. Le matin même, la députée (La France insoumise, LFI) de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé avait déposé une proposition de loi en ce sens.

« Non, je ne vais pas nationaliser ArcelorMittal », cela n’aurait « aucun sens », a répondu le président de la République. Pas question non plus d’un moratoire sur les licenciements : « Je ne suis pas pour bloquer les entreprises quand elles doivent s’ajuster. » Réplique de Sophie Binet : « Vous avez énormément de leviers entre les mains et vous refusez de les utiliser. »

L’échange illustre toutes les complexités, tous les obstacles auxquels se heurte l’Etat face à la marée montante des licenciements. Même lorsqu’il dispose en théorie de multiples moyens d’agir, il se retrouve souvent assez démuni en pratique. « Quand arrive une vague de plans sociaux très forte comme aujourd’hui, l’Etat n’a, en réalité, pas beaucoup de leviers, estime l’économiste Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Il peut tenter d’amortir un peu le choc, mais au-delà… »

Il vous reste 83.85% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Morts au travail : trois maçons, écrasés par un mur en Côte-d’Or, viennent s’ajouter au lourd tribut du BTP

Deux brancardiers évacuent un corps après l’effondrement d’un mur de pierre qui a tué trois ouvriers, à Pommard (Côte-d’Or), le 13 mai 2025.

Alors qu’ils renforçaient les fondations d’un bâtiment viticole, trois maçons ont été ensevelis par la chute d’un mur en pierre, mardi 13 mai, à Pommard (Côte-d’Or), vers neuf heures du matin. L’intervention d’adjoints de la mairie, du SAMU et des pompiers n’a pas pu sauver ces employés de l’entreprise Guy Bernard, spécialisée dans la création de caves.

« Trois hommes sont bien décédés, âgés de 45, 56 et 58 ans, à la suite de la chute d’un mur en pierre », confirme au Monde Olivier Caracotch, procureur de la République de Dijon, sur place vers 11 heures. Le Parquet a ouvert une enquête de flagrance du chef d’homicide involontaire dans le cadre du travail. Une cellule d’aide psychologique a été mise en place pour les collègues et familles des victimes.

S’il est difficile d’en savoir plus pour le moment sur les responsabilités de cet accident, il marque un nouveau choc, mais aussi une triste banalité. « A chaque fois, on dit qu’il y a un mort par jour ouvrable dans le BTP, personne ne nous croit. Là on est donc à quatre en quinze jours sur un seul département, avec la chute d’un couvreur intérimaire à Dijon la semaine dernière », déplore Mohamed Boukmij, membre de la CGT Construction en Côte-d’Or, qui s’est rendu à Pommard peu après l’accident.

Il vous reste 62.48% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

La gouvernance du pape François vue par son successeur

Parmi les nombreux commentaires qui ont accompagné le décès du pape François, auquel a succédé Léon XIV, l’un est revenu de manière récurrente : ce pape réformateur, critique de la centralisation romaine et du pouvoir de la curie, aurait gouverné lui-même de manière centralisatrice, voire autoritaire, pour imposer ses vues. On a dénoncé alors la contradiction entre les principes proclamés – collégialité, décentralisation, synodalité – et une pratique de gouvernement qui a concentré les décisions importantes dans les mains du pape.

Ce paradoxe n’est pourtant ni inédit ni propre à François. Il est bien connu des sciences sociales, et il a été formulé dès les origines de la sociologie historique par Max Weber (Economie et société, 1921). Toute transformation profonde d’une société ou d’une organisation – qu’elle repose sur des logiques traditionnelles ou modernes et bureaucratiques – exige l’autorité d’un leader charismatique.

Il serait en effet naïf de croire que les élites en place peuvent modifier les routines organisationnelles, non seulement parce qu’elles n’y ont vraisemblablement pas intérêt, mais aussi – et peut-être surtout – parce qu’elles manquent des catégories culturelles ou cognitives qui leur permettraient de les mettre en cause. D’où ce constat, chez Weber, que toute révolution commence ou s’achève avec un leader charismatique fort, dont l’autorité centralisatrice amorce ou confirme la rupture.

Culture du soupçon

Cette thèse a longtemps été jugée suspecte dans les démocraties libérales, car l’expérience des régimes totalitaires, dans la première moitié du XXe siècle, a déprécié durablement toute forme d’exercice du pouvoir personnel d’un « chef ». La figure du leader charismatique a été associée à l’oppression autocratique. Seul a échappé à la critique le leader communiste ou postcolonial. Mais les dérives autoritaires de ces figures ont fini par les délégitimer à leur tour. Dans les sociétés occidentales, une culture du soupçon s’est ainsi imposée à l’égard de toute incarnation de l’autorité par une personne charismatique, autant dans les institutions politiques ou religieuses que dans les entreprises.

Il vous reste 39.35% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Entre ArcelorMittal et la France, une histoire semée de crises

Gaëtan Lecocq, secrétaire général CGT d'ArcelorMittal Dunkerque (au centre), Christelle Veignie, secrétaire générale de l'union locale CGT Dunkerque, et Jean Paul Delescaut, secrétaire général de l'UD-CGT du Nord Dunkerque, lors d’un rassemblement en soutien aux salariés d’ArcelorMittal, à Dunkerque, le 1ᵉʳ mai 2025.

« C’est le même cauchemar qui recommence. » Pour Edouard Martin, l’ancien délégué du personnel de la CFDT qui avait pris la tête de la lutte contre la direction d’ArcelorMittal à Florange en 2012, « l’histoire se répète encore et encore ». Treize ans après la fermeture des derniers hauts-fourneaux de Moselle, l’ex-syndicaliste de 61 ans, élu député européen entre 2014 et 2019, désormais salarié de Valo, une entreprise spécialisée dans l’insertion sociale et l’économie circulaire, à Longwy, à 30 kilomètres de Florange, ne décolère pas de l’annonce par le numéro deux mondial de l’acier, le 23 avril, d’un plan de suppression de 636 postes en France, dont 295 sur son site de Dunkerque (Nord), l’une des plus importantes aciéries d’Europe. Depuis ce coup de tonnerre, la pression monte. Les syndicats appellent à un rassemblement, mardi 13 mai, date de l’ouverture des négociations du plan social, devant les bureaux d’ArcelorMittal à Saint-Denis, en région parisienne, douze jours après une première manifestation, le 1er mai, dans la cité portuaire.

La multinationale, dont le siège social « monde » est à Luxembourg et qui compte 15 000 salariés en France répartis sur quarante sites, justifie son « projet de réorganisation » par le contexte de « crise de l’acier en Europe », alors que la production ne cesse de baisser, menacée par la concurrence de l’acier chinois fortement subventionné, la hausse des prix de l’énergie depuis la guerre en Ukraine, et l’augmentation de 25 % des droits de douane sur l’acier et l’aluminium imposée par Donald Trump.

Il vous reste 86.88% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Appel à témoignages : êtes-vous attiré par la fonction de chef ? Racontez-nous

La Société éditrice du Monde souhaite présenter dans ses publications une sélection de témoignages, sous forme d’écrits, de photographies et de vidéos (ci-après désignés ensemble ou séparément « Contribution(s) ») qui lui sont soumis librement par les internautes.

Contenu de la Contribution

Votre Contribution doit respecter la législation en vigueur, notamment la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, les articles 9 et 9-1 du code civil sur le droit à la vie privée et au respect de la présomption d’innocence et les dispositions du code de la propriété intellectuelle. Aucune Contribution contraire à la loi ne pourra être publiée.

Une orthographe et une mise en forme soignées sont exigées (pas de textes en lettres capitales, pas d’abréviations ou d’écrits de type « SMS »).

Vous devez être l’auteur des textes, photographies et vidéos que vous proposez dans le cadre de votre Contribution, ou avoir l’autorisation de leur auteur pour leur publication dans les conditions ici définies. Le nom de l’auteur doit toujours être mentionné, de même que la date et le lieu où ont été pris vos documents photographiques ou vidéo et rédiger une légende descriptive.

Votre Contribution doit être signée de vos prénom et nom. Les demandes d’anonymat en cas de publication seront examinées par la rédaction de la Société éditrice du Monde au cas par cas.

La Société éditrice du Monde se réserve le droit de refuser toute Contribution, ou d’effacer toute Contribution préalablement publiée, pour quelque cause que ce soit, notamment si :

  • elle est contraire à la loi (racisme, appel à la violence ou à la haine, diffamation, pornographie, pédophilie, sexisme, homophobie, …).
  • elle est contraire aux règles de conduite du Monde.fr et des autres publications concernées (mauvaise orthographe, propos non conforme au sujet demandé, forme peu soignée, …).
  • son sujet ou sa forme présente peu d’intérêt pour les lecteurs, la Société éditrice du Monde étant seule décisionnaire à ce titre.
  • elle a déjà été proposée et publiée ou elle est similaire à un témoignage récemment publié.
  • elle contient la représentation ou la désignation d’une personne physique pouvant être identifiée, en particulier une personne mineure.
  • elle contient la représentation d’une œuvre pouvant relever du droit d’auteur d’un tiers sans l’autorisation de celui-ci.
  • elle contient des photographies ou vidéos dont la qualité technique est insuffisante (photos floues, vidéos illisibles ou de mauvaise définition, bande son inaudible, …), la Société éditrice du Monde étant seule décisionnaire à ce titre.

Règles applicables à la Contribution

En participant à cet appel à témoignages, vous autorisez la publication totale ou partielle de votre Contribution sur le site Le Monde.fr, dans le quotidien Le Monde, dans M le Magazine du Monde et/ou sur toute autre publication ou site où la Société éditrice du Monde publie du contenu éditorial (Facebook, Twitter, Digiteka, Instagram, etc., dans le monde entier, pour la durée d’exploitation de la publication concernée.

La Société éditrice du Monde est libre de publier ou non les Contributions qui lui sont proposées.

Votre réponse à l’appel à témoignages, ainsi que votre autorisation pour l’exploitation éventuelle de votre Contribution, sont accordées à titre gracieux et ne peuvent donner lieu à une quelconque rétribution ou gratification ou versement de quelque nature que ce soit, à quelque titre que ce soit.

Les informations recueillies dans le questionnaire sont enregistrées dans un fichier informatisé par la Société éditrice du Monde, et communiquées aux seuls journalistes à l’origine de l’appel à témoignage et aux équipes techniques en charge de la gestion du traitement.

Elles ne seront utilisées que dans le cadre de cet appel à témoignages. Les données associées à une Contribution sont conservées pour une durée maximale de deux ans. Vous pouvez accéder aux données vous concernant, les rectifier, demander leur effacement ou exercer votre droit à la limitation du traitement de vos données, retirer à tout moment votre consentement au traitement de vos données.

Pour exercer ces droits ou pour toute question sur le traitement de vos données dans ce dispositif, vous pouvez contacter dpo@groupelemonde.fr

Consultez le site cnil.fr pour plus d’informations sur vos droits.

Intéressement, participation : que faire de votre épargne salariale ?

Un gâteau de près de 13 milliards d’euros : c’est ce qu’ont versé les entreprises à leurs salariés en participation et en intéressement en 2024, au titre de leur exercice 2023, selon les données publiées fin mars par l’Association française de la gestion financière. Et d’après les derniers chiffres communiqués par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail, 8,9 millions de salariés avaient reçu, en 2023, de l’intéressement, de la participation ou un abondement de leur employeur.

La réglementation favorise le déploiement de l’épargne salariale, y compris dans les petites entreprises. « Depuis le 1er janvier 2025, et sous certaines conditions, les entreprises de 11 à 49 salariés ont l’obligation de mettre en place un dispositif de partage de la valeur, alors que seules les entreprises de plus de 50 salariés étaient jusque-là concernées, rappelle Mathieu Chauvin, président d’Eres, société de gestion spécialiste de l’épargne salariale. Cela devrait se traduire par une augmentation des montants versés à partir de 2026. »

Il vous reste 80.4% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

« L’employeur principal aurait tout intérêt à accompagner son salarié vers un deuxième emploi »

Il existe des singularités qui interrogent le modèle économique et social français. Le rapport de la Cour des comptes (2025) souligne la permanence des écarts entre les montants des retraites des hommes et des femmes, en raison des métiers exercés, mais aussi des charges de famille déséquilibrées. La direction du Trésor estime que le taux de fécondité dépend moins de la politique familiale au sens strict que de la capacité à concilier les temps de vie personnel et professionnel. Quant à la ministre du travail, Catherine Vautrin, elle a déclaré souhaiter « travailler à une évolution de la loi pour autoriser le cumul du métier d’assistant familial avec une autre activité professionnelle ». Une proposition de loi en ce sens a été adoptée en première lecture au Sénat le 29 mai 2024.

Lire aussi la tribune | Article réservé à nos abonnés « Le débat sur le travail ne peut se réduire à une question de quantité »

Si le report de l’âge légal peut contribuer à améliorer le taux d’emploi des seniors, il n’est pas impossible qu’il intensifie aussi les inégalités sociales et de genre, ainsi que le souligne la Cour des comptes. Notre modèle social doit évoluer pour être plus résilient. Un nouvel ingrédient est sans doute à trouver dans le cumul des métiers et des emplois.

Est-ce d’ailleurs un nouvel ingrédient ? Le cumul des emplois n’est pas forcément interdit, il est même autorisé pour les agents publics, sous certaines réserves. C’est ainsi que des enseignants accordent une partie de leur temps de vacances à encadrer des séjours thématiques ou des colonies de vacances ou enseignent dans des cours privés, sans que cela suscite des oppositions.

Compenser les pertes de pouvoir d’achat

Un grand nombre de travailleurs ou de retraités proposent leurs services soit contre rémunération, soit en échange d’autres services. Ces activités sont rarement déclarées, même si elles nécessitent le recours au matériel de travail usuel. Enfin, beaucoup de personnes donnent une large partie de leur temps libre dans le milieu associatif, sous une forme de bénévolat qui mériterait d’être mieux reconnu. Une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) de 2024 sur les nouveaux rythmes de travail fait ressortir que la semaine de travail dite « standard » (du lundi au vendredi sur des horaires diurnes et fixes) ne concernerait plus aujourd’hui, en France, que 36 % des salariés.

Il vous reste 51.16% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

« Travailler plus passe par l’amélioration de la qualité de l’emploi pour toutes et tous »

Pour comprendre la participation au marché du travail, il est utile de raisonner en matière de trajectoire de vie, de prendre en compte l’âge mais aussi les événements familiaux : décohabitation pour les études, mise en couple, naissances, dépendance de parents âgés… Or, par rapport aux autres pays, la France se singularise par une forte concentration de l’emploi dans la tranche d’âge médiane, entre 25 et 54 ans, alors que la part des personnes qui travaillent est plus faible à l’entrée comme à la fin de la vie active, particulièrement après 60 ans. Les taux d’emploi sont également relativement plus faibles pour les mères de jeunes enfants, et plus particulièrement pour les mères de trois enfants et les femmes d’origine étrangère.

Si le temps partiel est moins fréquent que la moyenne européenne, il concerne en premier lieu les mères de jeunes enfants. La part des femmes déclarant être à temps partiel pour s’occuper de leurs enfants – ou d’un proche – se situe à un niveau élevé : près de quatre fois plus que chez les hommes. Pour résumer, le déficit français en temps de travail par rapport à certains de ses voisins européens n’est imputable ni à une durée hebdomadaire de travail plus faible (en raison des 35 heures), ni à un nombre supposé record de jours de congé, mais à une durée du travail plus faible tout au long de la vie.

Les appels à relever le taux d’emploi se multiplient, portés à la fois par les enjeux de financement de la protection sociale dans un contexte de vieillissement démographique, et par l’urgence née des tensions géopolitiques en Europe. Mais d’autres raisons plaident pour un rééquilibrage : il peut apparaître souhaitable en termes de conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, tout autant qu’en matière d’égalité (de genre, d’âge, d’origine…) et de diversité au sein des milieux de travail. Pour y parvenir, l’expérience des pays qui connaissent de forts taux d’emploi tout au long de la vie montre qu’il convient tout d’abord de favoriser la qualité de l’emploi de tous et toutes, à tous les âges et étapes des parcours de vie.

Il vous reste 56% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Le cumul emploi-retraite est-il possible après un départ anticipé pour carrière longue ?

Question à un expert

Si je pars à la retraite en carrière longue, avant l’âge légal, pourrai-je tout de même ensuite reprendre une activité professionnelle ?

Le cumul emploi-retraite permet de reprendre une activité rémunérée après avoir liquidé tous ses droits à la retraite (en France et à l’étranger), pour les régimes de base et complémentaires. Selon les situations, le cumul des revenus professionnels et des pensions est intégral (sans limite de montant) ou plafonné.

Le cumul intégral est accessible à partir de l’âge légal de départ à la retraite (entre 62 et 64 ans, en fonction de l’année de naissance), si l’assuré a validé le nombre de trimestres requis pour le taux plein, ou automatiquement à 67 ans.

Régime différent

Si ces conditions ne sont pas remplies, le cumul est plafonné. La somme des pensions de retraite (de base et complémentaires) et des revenus professionnels ne doit pas dépasser un plafond, variable selon les régimes. Pour l’assurance-retraite, régime de base des salariés, c’est 1,6 fois le montant du smic, ou la moyenne des salaires des trois derniers mois (le plus avantageux s’applique).

Un départ anticipé pour carrière longue n’interdit pas la reprise d’activité. Mais même avec le taux plein, le cumul intégral est inaccessible avant l’âge légal de la retraite. Seul le cumul plafonné est possible dans ce cas.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Retraites : ce qui change en 2025

Une fois l’âge légal atteint, la personne en cumul emploi-retraite peut basculer vers un cumul intégral. Ces conditions valent pour un cumul « intra régime » – quand la nouvelle activité du retraité relève du régime qui verse la pension. Si l’on reprend une activité dans un régime différent, les règles peuvent être plus souples.​

Réutiliser ce contenu

« Le débat sur le travail ne peut se réduire à une question de quantité »

Depuis quelques semaines, une vieille ritournelle tourne dans le débat sur le financement de la protection sociale et des déficits publics. Pour Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du travail, il faudrait travailler plus pour sauver notre modèle social, un propos repris par le ministre de l’économie et des finances, Eric Lombard. Le travail serait un « actif stratégique » permettant de concilier dépenses sociales, remboursement de la dette publique et augmentation des dépenses militaires.

Mais il ne s’agit plus du « travailler plus pour gagner plus » de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy. Ce « travailler plus » signifiait l’augmentation des heures supplémentaires. Le nouveau « travailler plus » cherche la mise au travail. Les ministres s’appuient sur une note du Conseil d’analyse économique (CAE) (« Objectif plein emploi »), datant de mars, qui compare les volumes de travail de la France avec ceux de l’Allemagne, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, réputés pour avoir des « marchés du travail » plus inégalitaires. La durée du travail annuelle n’est plus celle des travailleurs, mais celle de toutes les personnes âgées entre 16 et 74 ans.

Cette nouvelle mesure des heures travaillées est le résultat de deux phénomènes distincts : la durée du travail en emploi encadrée par des dispositifs juridiques et le taux d’activité (nombre d’actifs en emploi ou au chômage/population en âge de travailler) des différentes catégories de la population. Or, ces taux sont déterminés par différents rapports sociaux, comme ceux de genre, de production, éducatif.

Offre insuffisante

Alors, pourquoi utiliser une mesure qui mélange des éléments aussi socialement disparates, risquant d’obscurcir l’analyse, au lieu de comparer séparément durée du travail par emploi, taux de chômage et taux d’activité ? Il s’agit de construire une mesure unique de la place quantitative du travail dans la société, sans considération ni du sens du travail ni de sa qualité. Les sociétés moins travailleuses sont fautives, puisqu’elles choisissent de soutenir l’inactive jeunesse ou les « faux vieux ».

Il vous reste 66.23% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.