« Ça va être la lessiveuse » : la difficile reconversion des salariés de l’habillement

« Ça va être la lessiveuse » : la difficile reconversion des salariés de l’habillement

Des salariés d’André, en redressement judiciaire, manifestent à Paris, le 30 juin.

Des milliers de familles sont dans l’attente. Partout, en France. Les 3 300 salariés de Camaïeu, au siège de Roubaix et dans les 634 magasins de l’enseigne exploités dans l’Hexagone, devront patienter jusqu’à fin juillet pour connaître qui, des sept candidats, reprendra le leader du prêt-à-porter féminin, à la barre du tribunal de commerce de Lille.

Chez André, enseigne en redressement judiciaire dont la moitié des magasins pourraient être repris par un ancien PDG, François Feijoo, près de 200 des 412 salariés savent déjà qu’ils risquent de perdre leur emploi. Le verdict tombera le 24 juillet.

Les 5 809 employés de La Halle seront eux fixés le 8 juillet. Le tribunal de commerce de Paris décidera alors quels candidats hériteront des 820 magasins de l’enseigne placée en redressement judiciaire à la demande de son actionnaire, le groupe Vivarte. Sur le compte Facebook de leurs représentants syndicaux, beaucoup déversent leur colère en s’interrogeant sur les modalités du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). « Je ne vois pas d’indemnités supralégales », s’agace l’un d’eux. « On aura notre argent dans combien de temps exactement ? », demande un autre. A Montierchaume (Indre), Sandrine (les personnes citées dont le nom n’apparaît pas ont souhaité garder l’anonymat), préparatrice de commandes au sein de l’entrepôt La Halle, s’inquiète de « se retrouver sur le marché de l’emploi à un moment où il y aura plein de plans sociaux ».

« Ça va être la lessiveuse »

En tout, au sein des enseignes Camaïeu, La Halle, André, Un jour ailleurs, Celio, Damart ou Devianne, ils sont déjà plus de 16 000 en France à s’interroger sur leur avenir. Et les prévisions du secteur se font plus alarmantes. Sur l’ensemble de 2020, les ventes d’habillement devraient enregistrer, en moyenne, un recul de 20 % par rapport à 2019, selon l’Institut français de la mode. Procos, la fédération pour la promotion du commerce spécialisé, qui regroupe des secteurs aussi divers que l’habillement, la restauration ou la jardinerie, craint que la crise liée à la pandémie de Covid-19, faute de mesures d’aides, n’entraîne la destruction de « 150 000 à 300 000 emplois en France en 2020-2021 et la fermeture de 50 000 points de vente ».

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Berry ne veut pas être rayé de la carte industrielle

Fragilisé par la baisse de la consommation depuis une décennie, le marché de l’habillement a déjà connu, en 2017-2018, une vague de licenciements chez Pimkie, La Halle ou Jules, ou lors de la liquidation judiciaire de New Look et Mim. Dans l’indifférence du monde politique. « On ne peut pas garder les métiers du passé. On ne peut pas garder la bougie quand l’électricité arrive », avait déclaré, en juin 2018, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, en jugeant qu’à l’heure de la vente en ligne il fallait investir dans la formation pour accompagner les salariés du commerce vers les « métiers du futur ».

Il vous reste 76.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.