Boeing : les ouvriers en grève acceptent un accord salarial et mettent fin à sept semaines de mouvement social

Boeing : les ouvriers en grève acceptent un accord salarial et mettent fin à sept semaines de mouvement social

Des ouvriers grévistes de Boeing célèbrent l’approbation de l’accord passé avec la direction de l’entreprise, lundi 4 novembre 2024, à Seattle (Etats-Unis).

Les ouvriers grévistes de Boeing ont accepté, lundi soir 4 novembre, un nouveau projet d’accord social. Après avoir rejeté deux offres, l’IAM-District 751, branche de l’Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale (IAM), le syndicat des machinistes, a affirmé avoir approuvé à 59 % l’accord prévoyant une hausse salariale très proche de ses revendications, mais pas le rétablissement de l’ancien dispositif de retraite.

Cet accord met fin à un débrayage de plus de sept semaines, qui a coûté plus de 10 milliards de dollars à l’entreprise et ses fournisseurs, et offre un répit au nouveau directeur général de Boeing, Kelly Ortberg. Plus de 33 000 employés de la région de Seattle, dans le nord-ouest des Etats-Unis, vont ainsi retourner dans deux usines d’assemblage majeures.

« La grève va prendre fin et il nous appartient maintenant de reprendre le travail et de commencer à construire les avions, d’augmenter les tarifs et de ramener cette entreprise sur la voie de la réussite financière », a déclaré Jon Holden, le président de l’IAM-District 751, lors d’une conférence de presse. « Je suis fier de nos membres », a-t-il ajouté. « Ils ont accompli beaucoup de choses et nous sommes prêts à aller de l’avant. »

Les ouvriers affectés à la production de l’appareil phare de Boeing, le 737 MAX, ainsi qu’aux 767 et 777, étaient en grève depuis le 13 septembre.

Le projet annoncé comporte une hausse salariale de 38 % sur les quatre ans de l’accord social. Le syndicat réclamait 40 %. De nombreux employés espéraient aussi le rétablissement du dispositif avec pension de retraite à montant garanti − 42 % des syndiqués actuels en disposaient –, supprimé par un accord social en 2014 au profit d’un dispositif par capitalisation.

Joe Biden félicite le syndicat

« Je pense que Boeing peut faire mieux. Ils peuvent nous rendre notre retraite et faire davantage en termes d’équilibre entre travail et vie personnelle », réagissait ainsi vendredi Mike Corsetti, inspecteur qualité depuis treize ans. Mais pour Boeing, ce rétropédalage est inconcevable car « excessivement cher ». Kelly Ortberg, patron du groupe depuis août, s’est dit « heureux » qu’un accord ait été trouvé.

« Les mois écoulés ont été difficiles pour nous tous, mais nous faisons partie de la même équipe », a-t-il déclaré dans un message adressé aux employés. Il a évoqué « l’importance de ce moment pour notre histoire et pour les générations futures ». « Il y a beaucoup de travail à accomplir pour retrouver l’excellence qui a fait de Boeing une entreprise emblématique. »

D’après le cabinet Anderson Economic Group, il s’agit de la plus coûteuse grève de ce siècle aux Etats-Unis avec plus de 11,56 milliards de dollars d’impact direct depuis le 13 septembre, dont 6,5 milliards de manque à gagner pour Boeing et 2,87 milliards pour ses fournisseurs.

Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a « félicité » le syndicat et la firme « d’être parvenus à un accord qui reflète le dur labeur et les sacrifices des 33 000 machinistes » et mentionné aussi le soutien de son équipe économique. « Au cours des quatre dernières années, nous avons démontré que la négociation collective fonctionne. Les bons accords profitent aux travailleurs, aux entreprises et aux consommateurs et sont essentiels à la croissance de l’économie américaine », a-t-il encore déclaré, à la veille de l’élection présidentielle.

Quatrième offre

Il s’agit de la quatrième offre de Boeing depuis le début de septembre, mais la troisième soumise au vote des membres. La première, rejetée le 12 septembre par près de 95 % des syndiqués, qui ont aussi voté une grève immédiate, prévoyait une hausse de 25 %. Boeing a ensuite proposé 30 %, puis 35 % et, finalement, 38 %. Le groupe a également rétabli une prime annuelle (4 % du salaire annuel), augmenté la prime de ratification (de 3 000 à 12 000 dollars, 2 750 à 13 000 euros) et accru la contribution au plan de retraite par capitalisation.

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Il a maintenu son engagement à fabriquer son prochain avion – attendu pour 2035 – dans la région de Seattle, berceau de Boeing, ce qui représente une garantie de dizaines de milliers d’emplois pour plusieurs décennies.

Les grévistes, sans assurance santé depuis la fin de septembre, percevaient 250 dollars par semaine du syndicat, depuis la quatrième semaine de grève, et certains dépendaient des banques alimentaires pour tenir le coup.

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Fin de grève cruciale pour Boeing

Les dirigeants syndicaux avaient recommandé la ratification de la première offre, arguant n’avoir aucune garantie d’obtenir davantage avec un débrayage, mais ils s’étaient abstenus pour le deuxième vote (rejet à 64 %).

La fin de la grève est cruciale pour Boeing, en grandes difficultés financières car le débrayage paralyse les deux usines produisant le 737 MAX – son avion vedette –, le 777, le 767 et plusieurs programmes militaires. Les clients de Boeing attendaient aussi la résolution du conflit social. Michael O’Leary, patron de Ryanair, a estimé sur CNBC que les retards de livraison et de certification (737 MAX 7 et 10) vont le priver de quinze millions de passagers en 2024 et 2025.

Plusieurs semaines devraient désormais être nécessaires pour relancer complètement les chaînes de production, dans un contexte délicat pour Boeing. Le syndicat a déclaré que les ouvriers pouvaient reprendre leurs activités dès mercredi et qu’ils seraient tous de retour en poste le 12 novembre au plus tard. Boeing a toutefois prévenu au préalable que certains employés devront à nouveau recevoir une formation, du fait du laps de temps qui s’est écoulé pendant la grève.

D’après des analystes, la grève a représenté pour Boeing un manque à gagner d’environ 100 millions de dollars par jour. La situation a poussé le groupe à procéder à une importante levée de fonds auprès d’investisseurs la semaine dernière.

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Le Monde avec AFP et Reuters

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