« Avec l’inflation, le retour des “comités patates” ? »

« Avec l’inflation, le retour des “comités patates” ? »

Carnet de bureau. Les « répercussions [de la guerre en Ukraine] affecteront aussi bien l’inflation, de façon quasi immédiate par la hausse des prix de l’énergie et d’autres matières premières, que la croissance », pronostiquait la Banque de France à la mi-mars, en avançant une prévision de 3,5 % à 4,4 % d’inflation en 2022, selon l’évolution de la situation. « Nous intégrons en particulier dans le scénario dégradé les conséquences sur les prix des produits alimentaires d’une hausse du cours du blé de l’ordre de 65 % par rapport à son niveau de fin février », précise la note de la Banque de France.

Lors de la création des comités d’entreprise par la loi du 16 mai 1946, le pic inflationniste était proche de 60 %. Quelque 10 000 comités d’entreprise avaient ainsi vu le jour dans l’immédiate après-guerre.

Jusqu’en 1946, des comités existaient déjà au sein des usines. Les comités sociaux d’établissements créés par Pétain en 1941 avaient été remplacés en 1944 par trois types de « comités d’usine » : les « patriotiques » chargés d’éliminer les directions collaborationnistes, les « comités à la production » et les « comités de gestion ».

Pénuries alimentaires

Les salariés parlaient plus simplement de « comités patates », car leurs cantines et coopératives de ravitaillement avaient été un soutien précieux pour faire face aux pénuries alimentaires. Les derniers tickets de rationnement de sucre, d’essence ou de café ne disparaîtront qu’en décembre 1949. On n’en est pas là. Loin s’en faut. Il ne s’agit pas de dramatiser à outrance les conséquences de la hausse de l’inflation en France, mais de s’interroger sur le soutien au pouvoir d’achat des salariés au sein de l’entreprise.

Les prestataires de services aux entreprises constatent une hausse des commandes de « tickets » en tout genre pour limiter l’impact d’une inflation attendue initialement autour de 2 %. « Depuis le début de l’année, la demande augmente sur les Ticket Restaurant, les tickets mobilité (vélo, voiture électrique et essence) et les tickets cadeaux, qu’elle vienne des directions des ressources humaines ou des comités sociaux et économiques (CSE). On a aussi observé une hausse de la valeur faciale du Ticket Restaurant de 2,5 % sur un an », indique Ilan Ouanounou, le directeur général d’Edenred France. Le dirigeant du groupe spécialisé en solutions de paiement pour les salariés note également qu’« ils dépensent davantage sur notre plate-forme d’e-commerce ».

Les CSE, héritiers des comités d’entreprise, ont toujours été tiraillés entre le soutien social des salariés et le contrôle de la gestion économique de l’entreprise. Doivent-ils aujourd’hui redonner la priorité à la redistribution ?

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LJD

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