« Partout dans le monde on voit se multiplier les cas de licenciements sous contrôle technologique, notamment aux Etats-Unis »

Télétravail à Nantes en 2020.

Alors qu’il ne concernait que 4 % des actifs en 2019, le télétravail est pratiqué par plus d’un salarié sur cinq aujourd’hui en France. La surveillance des employés s’est aussi développée dans le même temps, explique Vincent Meyer, enseignant-chercheur en sociologie du travail à l’EM Normandie. Auteur d’une tribune récente dans le Monde sur le sujet, il analyse la façon dont les outils numériques redéfinissent la relation de confiance entre employeurs et salariés, et la manière dont les jeunes actifs, en quête d’autonomie et d’équilibre, s’adaptent à ce nouveau cadre.

Comment les jeunes s’approprient-ils le télétravail depuis cinq ans ?

Si le télétravail s’est imposé initialement pour des raisons sanitaires, il répond avant tout aujourd’hui à une forte demande des salariés. Chez les plus jeunes d’entre eux, cette aspiration est nette. Sensibles à l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle, les études montrent qu’ils souhaitent du télétravail comme les autres, mais souvent pas plus d’un ou deux jours par semaine, pour disposer d’une forme de souplesse sans se couper du collectif. Car ils souffrent parfois de ne pas assez croiser leurs collègues lorsque ces derniers travaillent depuis chez eux.

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Appel à témoignages : vous avez le sentiment de ne jamais être tranquille à cause de votre travail ? Racontez-nous

La Société éditrice du Monde souhaite présenter dans ses publications une sélection de témoignages, sous forme d’écrits, de photographies et de vidéos (ci-après désignés ensemble ou séparément « Contribution(s) ») qui lui sont soumis librement par les internautes.

Contenu de la Contribution

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Une orthographe et une mise en forme soignées sont exigées (pas de textes en lettres capitales, pas d’abréviations ou d’écrits de type « SMS »).

Vous devez être l’auteur des textes, photographies et vidéos que vous proposez dans le cadre de votre Contribution, ou avoir l’autorisation de leur auteur pour leur publication dans les conditions ici définies. Le nom de l’auteur doit toujours être mentionné, de même que la date et le lieu où ont été pris vos documents photographiques ou vidéo et rédiger une légende descriptive.

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Règles applicables à la Contribution

En participant à cet appel à témoignages, vous autorisez la publication totale ou partielle de votre Contribution sur le site Le Monde.fr, dans le quotidien Le Monde, dans M le Magazine du Monde et/ou sur toute autre publication ou site où la Société éditrice du Monde publie du contenu éditorial (Facebook, Twitter, Digiteka, Instagram, etc., dans le monde entier, pour la durée d’exploitation de la publication concernée.

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Votre réponse à l’appel à témoignages, ainsi que votre autorisation pour l’exploitation éventuelle de votre Contribution, sont accordées à titre gracieux et ne peuvent donner lieu à une quelconque rétribution ou gratification ou versement de quelque nature que ce soit, à quelque titre que ce soit.

Les informations recueillies dans le questionnaire sont enregistrées dans un fichier informatisé par la Société éditrice du Monde, et communiquées aux seuls journalistes à l’origine de l’appel à témoignage et aux équipes techniques en charge de la gestion du traitement.

Elles ne seront utilisées que dans le cadre de cet appel à témoignages. Les données associées à une Contribution sont conservées pour une durée maximale de deux ans. Vous pouvez accéder aux données vous concernant, les rectifier, demander leur effacement ou exercer votre droit à la limitation du traitement de vos données, retirer à tout moment votre consentement au traitement de vos données.

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Le dialogue social en quête d’un second souffle

Comment redonner du souffle au dialogue social ? En cherchant à mieux comprendre les attentes des parties prenantes à ce dialogue, répond le cabinet AlterNego, qui conseille les entreprises sur ce sujet. Pour ce faire, les consultants ont réalisé, en avril, une série d’entretiens qualitatifs, puis collecté les réponses de 4 290 personnes interrogées dans diverses catégories : représentants du personnel (258), direction (136) et salariés (3 896). L’objectif étant d’identifier les écarts de perception et d’attente des uns et des autres.

Premier constat : les parties prenantes s’accordent en grande majorité sur ses finalités, puisque 81 % des répondants estiment que le dialogue social sert à défendre les droits des salariés, et que 71 % considèrent qu’il facilite l’accompagnement des transformations. Mais ce relatif consensus s’effrite quand on aborde d’autres dimensions : 32 % des membres de la direction jugent que le dialogue social constitue un canal privilégié de transmission de l’information, contre 65 % des représentants du personnel et 47 % des salariés non dirigeants dépourvus de mandat. Un écart qui s’explique notamment par le fait que la direction dispose d’autres moyens de communication, comme la ligne managériale, la messagerie électronique ou la lettre d’information…

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les dirigeants sont les plus satisfaits du dialogue social en entreprise

Bien plus préoccupant, seulement 37 % des sondés considèrent que les accords signés dans le cadre du dialogue social répondent à leurs besoins. « Les accords sur les rémunérations, un sujet qui intéresse tout le monde, demeurent trop rares et insuffisamment avantageux du point de vue des salariés. Les entreprises en signent davantage sur le handicap ou pour instaurer des dispositifs de mobilité professionnelle. Mais ces problématiques concernent finalement un nombre limité de personnes », analyse Jean-François Poupard, directeur de l’expertise dialogue social et qualité de vie et conditions de travail chez AlterNego.

« Jeu de rôle »

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Stéphane Le Lay, sociologue : « Le travail a été pour partie déshumanisé, la relation aux demandeurs d’emploi, industrialisée »

Les sociologues du travail Stéphane Le Lay et Fabien Lemozy ont mené plusieurs enquêtes auprès de conseillers de Pôle emploi (devenu France Travail en 2024) et de demandeurs d’emploi en 2021 et 2022. Elles ont servi de base à la rédaction de leur ouvrage, Contrôler et prescrire (Editions du Croquant, 192 pages, 20 euros). Les deux auteurs ont précédemment publié Plateformes. La colonisation du travail et de la démocratie (Editions de l’Atelier, 248 pages, 21,50 euros).

Vos enquêtes auprès de conseillers de Pôle emploi vous ont amenés à une conclusion : « La victoire de la conception gestionnaire de l’accompagnement et du contrôle est totale » au sein de l’institution. En quoi s’incarne-t-elle et qu’est-ce que cela implique dans le quotidien professionnel des salariés ?

On observe une prévalence du chiffre depuis plusieurs dizaines d’années dans cette institution, notamment avec le déploiement du new public management. Il faut dénombrer les demandeurs d’emploi, distinguer ceux qui ont droit à une indemnisation…, avec, régulièrement, la nécessité de faire apparaître les chiffres les moins mauvais possibles – en créant notamment de multiples catégories de chômeurs – sous la pression des responsables politiques.

Cette importance du chiffre s’est renforcée avec la transformation numérique des agences. Le travail a été pour partie déshumanisé, la relation aux demandeurs d’emploi, industrialisée. La question de leur contrôle a pris une place importante et des objectifs – chiffrés – ont été définis pour les salariés (par exemple, faire baisser le nombre de demandeurs d’emploi seniors, en les convoquant et en évaluant s’ils ont bien fait leur recherche active…). Cela implique également la mise en place, en certains cas, d’une « politique occupationnelle » : les conseillers sont incités à inscrire les demandeurs d’emploi à des formations ou à des stages, dont l’utilité n’est, tant s’en faut, pas toujours démontrée.

Comment réagissent les salariés face à cette évolution de leur travail d’accompagnement ?

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VTC : face à la précarité du métier, le statut d’« entrepreneur salarié » séduit mais suscite des critiques

Des chauffeurs de VTC, lors d’un rassemblement pour protester contre l’arrivée massive de nouveaux conducteurs sur les plateformes, à Paris, le 10 juin 2025.

« Voilà un modèle qui me correspond : j’ai une fiche de paie, une mutuelle, mes charges seront prélevées à la source… Certes il y a une commission, mais quand j’avais ma société tout était plus compliqué, et je ne m’en sortais plus financièrement », relate Mohamed Kerfalla Camara. Il est l’un des plus de 500 « entrepreneurs salariés » à avoir rejoint Incom, une coopérative d’activité et d’emploi (CAE) lancée cet été par les fondateurs de la petite application de VTC Comin.

Concrètement, les chauffeurs restent indépendants, peuvent continuer de travailler sur plusieurs applications, mais leurs revenus arrivent dans les caisses de la CAE, qui les redistribuent en salaire. « Beaucoup de chauffeurs souhaitent rester autonomes mais avec une sécurité, une vraie protection sociale », observe Mimoun El Alami, qui a lancé en 2024 Stairling, la première CAE du secteur, qui compte aujourd’hui 1 200 chauffeurs.

Depuis un an, plusieurs CAE de VTC se sont lancés, proposant une alternative au statut de microentrepreneur, indépendant classique ou salarié d’un gestionnaire de flottes. Si les CAE prélèvent une commission sur le chiffre d’affaires net des chauffeurs, entre 10 et 15 %, elles leur promettent de gagner une rémunération nette supérieure à celles qu’ils toucheraient en tant qu’indépendant classique. « Si le chauffeur nous fournit un grand nombre de notes de frais professionnels et déclare des indemnités kilométriques, il peut récupérer de la TVA et toucher jusqu’à 80 % de son chiffre d’affaires, au lieu de 55 % ou 60 % », expliquent Dany El Oubari et Victor Feuillat, cofondateurs d’Incom.

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En Allemagne, la restructuration de l’aciériste ThyssenKrupp symbole d’une industrie « en chute libre »

Dans l’une des usines de l’aciériste ThyssenKrupp, à Duisburg (Allemagne), le 5 novembre 2025.

S’il fallait choisir un seul symbole de la crise historique dans laquelle se trouve actuellement l’industrie allemande, ce pourrait être celui-là : l’aciériste ThyssenKrupp, emblème de l’histoire industrielle allemande et l’un des berceaux de la codécision, s’apprête à démarrer la restructuration la plus profonde jamais entreprise par le groupe depuis ses origines en 1811.

Selon l’accord signé avec les syndicats, lundi 1er décembre au soir, 11 000 emplois doivent disparaître d’ici à 2030, sur les 26 000 que compte l’entreprise. Les hauts-fourneaux et laminoirs de Duisburg (Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie) verront leur production réduite, de 11,5 millions à 9 millions de tonnes d’acier par an, avant une probable vente à un investisseur étranger. Un paradoxe à l’heure où la souveraineté est érigée comme priorité nationale. Outre-Rhin, l’industrie représente un quart du produit intérieur brut et emploie directement 7,4 millions de personnes.

Bien sûr, ThyssenKrupp a présenté l’opération comme une transition vers un redressement à venir. Un « nœud gordien » a été tranché, s’est ainsi félicité Marie Jaroni, la directrice du département acier de ThyssenKrupp, lundi soir, assurant que l’entreprise serait désormais « prête à affronter l’avenir ». L’accord comprend notamment la promesse d’un site de fabrication d’« acier vert » grâce à l’hydrogène, en discussion depuis plusieurs années. Difficile pourtant de partager cet optimisme au vu du chemin de croix parcouru par le groupe depuis quelques années.

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« Tu fais quoi dans la vie ? » : le « small talk », source d’anxiété pour les jeunes diplômés

Les parents de Saphia (le prénom a été modifié) lui disent souvent qu’elle se pose trop de questions. « Beaucoup plus qu’eux au même âge », précise la jeune femme de 24 ans, diplômée de Sciences Po, analyste en politiques publiques à Paris. Au centre de ses interrogations existentielles, on trouve ses choix professionnels et d’orientation. Que suis-je en train de construire ? Suis-je utile à la société, pas trop déconnectée ? Depuis le début de son master de recherche, Saphia s’est demandé à chaque étape si elle était au bon endroit, alignée avec ses valeurs. Elle en est ainsi venue à redouter ces small talks de soirée, lorsque l’inévitable question tombe : « Et toi, tu fais quoi dans la vie ? »

« C’est ton premier contact avec quelqu’un, et en même temps c’est une question qui peut être une source de questionnements hyper personnels », analyse-t-elle. Dans la conversation, l’autre devient un miroir où se reflètent ses propres doutes. Saphia se sent obligée de justifier la cohérence de son parcours, anticipe ce que l’on pourra penser d’elle, se dévalue. Pourtant, elle a pris du recul depuis ses premiers stages. Elle se rend compte qu’elle est aujourd’hui capable de donner du sens à chacun de ses choix. « Je comprends mieux mon cheminement, et donc qui je suis. »

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La directive sur la transparence des salaires donne aux entreprises l’opportunité de clarifier leur politique de rémunération

Fournir aux salariés les niveaux de rémunération pour des postes de même valeur, corriger les écarts injustifiés, publier impérativement une fourchette de salaire dans les offres d’emploi, ne plus demander aux candidats leur salaire sur leurs précédents postes… Voici quelques éléments de la directive européenne sur la transparence des rémunérations, adoptée en 2023 et qui doit être transposée en droit français d’ici au 7 juin 2026.

Une dizaine de DRH se sont réunis le 25 novembre à Paris pour échanger sur ce sujet structurant, à l’occasion de la quarante-huitième édition des Rencontres RH, le rendez-vous de l’actualité du management créé par Le Monde en partenariat avec l’Association pour l’emploi des cadres (APEC).

En introduction, Patrice Laroche, professeur de sciences de gestion à l’université de Lorraine, a posé les enjeux du concept de transparence : « Les disparités sont mieux acceptées par les collaborateurs quand elles sont justifiées. La question pour l’entreprise, c’est comment concilier l’équité perçue par les salariés, la motivation individuelle et la performance collective. »

Pas encore au point

Pour l’heure, les entreprises françaises ne sont pas encore au point : « Les trois quarts d’entre elles n’ont pas entamé de préparation (…). Seul un tiers sait ce que contient la directive », rappelle Sophie Hamman, cheffe de projet études à l’APEC, qui a interrogé 2 000 cadres et 600 entreprises françaises en 2025 sur le sujet. « Il nous manque quand même quelques éléments sur la transposition, on attend les décrets, mais on peut démarrer le travail préparatoire, estime Cécile Desrez, DRH du groupe CFAO, société d’import-export notamment dans le transport. Le sujet pourrait paraître inquiétant, car ce n’est pas dans la culture de nos entreprises de communiquer beaucoup sur les rémunérations, mais j’y vois une opportunité. »

La possibilité d’améliorer l’attractivité de l’entreprise est en effet l’un des quatre grands enjeux pour les RH, selon l’étude APEC, en plus du coût de mise en conformité, de la difficulté à justifier certains écarts de salaire actuels – six manageurs sur dix déclarent qu’ils auraient du mal à justifier certaines différences de rémunération dans leur équipe – et du risque de dégradation du climat social.

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Les faussaires en diplômes et certificats prolifèrent sur le marché du travail

En novembre, une compagnie aérienne lituanienne a reconnu que l’un de ses pilotes avait assuré de nombreuses heures de vol et transporté des milliers de passagers en tant que commandant de bord alors qu’il n’avait ni les qualifications ni les diplômes requis pour ce poste. Licencié pendant l’été, le pilote avait fourni des documents falsifiés lors de son recrutement. De telles fraudes se multiplient, facilitées par la numérisation des documents et des processus d’embauche.

Faux permis de conduire ou justificatifs de domicile, carte d’identité ou passeport falsifiés, diplômes usurpés, certificats et qualifications contrefaits deviennent monnaie courante. « Il peut s’agir de l’embellissement d’une situation pour obtenir un poste comme, par exemple, augmenter sa durée d’expérience ou revendiquer un bac + 5 au lieu d’un bac + 3, illustre Yohan Zibi, président cofondateur d’EveryCheck, une société de vérification des informations des candidats. Mais si un livreur conduit sans permis, si un médecin ou un pharmacien exerce sans diplôme, le risque pour l’entreprise peut aller jusqu’au pénal. »

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le trafic de faux diplômes prospère sur Internet

Plusieurs raisons expliquent l’actuelle prolifération des fraudes. « Le marché de l’emploi devient plus compliqué, il est sous tension ; les documents sont de plus en plus numérisés ; le grand public a accès à des outils de retouche très élaborés et à l’intelligence artificielle ; enfin, lors d’un recrutement, tous les documents sont échangés en ligne. Tout cela limite les vérifications possibles par l’entreprise au moment du recrutement », constate Marc de Beaucorps, directeur général et cofondateur de Finovox, éditeur de logiciels de vérification de documents.

Contrôles hybrides

Face à la banalisation de la fraude, le marché de la vérification des informations fournies par les candidats commence à se développer en France. Cette pratique est déjà largement diffusée dans les pays anglo-saxons, voire systématique aux Etats-Unis, où certaines des informations personnelles de chaque individu, comme son « score de crédit », c’est-à-dire son niveau d’endettement et sa capacité à rembourser ses dettes, peuvent être consultées facilement.

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« En France, toute ma vie aurait été un combat » : ces jeunes cadres musulmans partis s’installer à Dubaï

Comme souvent à Dubaï (Emirats arabes unis), rendez-vous a été pris dans un mall, ces vastes centres commerciaux climatisés, où l’on vient faire ses courses, flâner, déjeuner, tout en échappant à la chaleur extérieure. Celui de Mirdif, une zone résidentielle de Dubaï, accueille une classe moyenne supérieure d’expatriés et de nationaux.

Mathieu (qui n’a pas souhaité donner son nom), un Français de 35 ans, y vit avec sa femme et leurs deux enfants de 4 ans et 5 ans. « Ça fait presque dix ans que je suis arrivé à Dubaï ; pour nous, c’est un bon compromis entre l’identité occidentale et la culture arabe et musulmane », explique le jeune cadre, souriant, assis dans un élégant salon de thé.

Rien ne prédestinait ce Toulousain, élevé dans une famille catholique, à faire sa vie dans l’émirat. C’est sa conversion à l’islam, en octobre 2011, alors qu’il est en deuxième année de prépa (économique et commerciale), qui a tout changé. Sa décision découlait de longs mois de réflexion et de recherche sur les religions. Elle n’a pas été facile à accepter par ses parents, par sa mère surtout, inquiète de cette conversion à un moment où les journaux parlaient tous de départs massifs de jeunes radicalisés en Syrie. Elle lui a surtout semblé difficile à vivre dans la société. « Jusque-là, je me disais que les musulmans se victimisaient. Mais quand je suis passé de l’autre côté de la barrière, je me suis pris une grosse claque », assure-t-il.

Diplômé de l’ISC Paris, une école de commerce, Mathieu décroche un premier boulot à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Il se retrouve à faire ses prières sous les escaliers de sécurité du parking. Une expérience qui vient s’ajouter à ce qu’il vit comme des micro-agressions de tous les jours. « C’est un peu schizophrénique, on a l’impression de ne pas pouvoir être nous-mêmes. Je me suis dit : si je reste en France, je vais passer ma vie à me battre et je n’ai pas les épaules pour ça. »

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