Auchan explique rester en Russie pour le bien de ses salariés et des clients

Auchan explique rester en Russie pour le bien de ses salariés et des clients

Une femme entre dans un centre commercial de Moscou, le 24 mars 2022, dans lequel se trouvent un supermarché Auchan et des magasins Leroy-Merlin et Decathlon.

Selon ses dires, c’est un choix qui n’est « pas simple ». Le PDG d’Auchan Retail International, Yves Claude, a défendu, dimanche 27 mars, le maintien des activités du groupe en Russie. « Partir serait imaginable sur le plan économique mais pas du point de vue humain », avance-t-il dans un entretien au Journal du dimanche.

Interpellé par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, devant le Parlement français, mercredi, sur son activité en Russie, où il est présent depuis une vingtaine d’années et emploie 30 000 personnes, le groupe Auchan a décidé de se maintenir dans le pays, même s’il prévoit des pertes pour 2022, explique M. Claude.

En Russie, où Auchan réalise 10 % de ses ventes mondiales, « nous avons un positionnement de “discounteur” et nous pensons contribuer en période de forte inflation à protéger le pouvoir d’achat des habitants », ajoute-t-il, précisant ne pas vouloir priver ses salariés, dont 40 % sont actionnaires, de leur emploi et ses clients de leurs besoins alimentaires quotidiens. « Nos clients nous demandent instamment de rester », explique-t-il.

« Facile de nous critiquer »

« Il est facile de nous critiquer, mais nous, on est là, on fait face et on agit pour la population civile », répond-il aux critiques qui appellent l’Association familiale Mulliez (Leroy-Merlin, Auchan ou Decathlon) à quitter la Russie, estimant que ses enseignes font d’elle un des plus gros contribuables pour le budget de l’Etat russe.

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Yves Claude, récemment nommé à la tête d’Auchan Retail et d’Auchan France, rappelle qu’Auchan a suspendu ses investissements en Russie et que sa filiale (232 magasins et des activités de commerce en ligne) y fonctionne « en autarcie ».

« Si nous partons, nous risquons l’expropriation et nous exposons nos dirigeants locaux à des poursuites pénales pour faillite frauduleuse. Et si nous confions nos biens à un tiers, une autre option proposée, cela signifie qu’ils seront récupérés par des capitaux russes. Cela n’amènera pas la paix et sera au contraire contre-productif en renforçant l’écosystème économique et financier russe », explique-t-il.

« Je me pose des questions tous les jours, car la décision n’est pas simple à prendre, mais je suis convaincu que c’est la bonne. Je me sens soutenu par mes actionnaires, mes collaborateurs et nos partenaires sociaux » mais aussi par des hommes politiques, affirme Yves Claude, interrogé sur les conséquences de ce maintien sur l’image du groupe. Il conclut en affirmant ne pas « ressentir » de débats intenses au sein de l’Association familiale Mulliez, qui emploie 77 500 personnes en Russie.

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Des conditions « extrêmes » en Ukraine

En Ukraine, où Auchan détient 43 magasins (6 000 employés), les conditions sont « extrêmes » et des ruptures de stocks de produits frais ont commencé à être observées, car 90 % des produits venaient de l’intérieur du pays. Des solutions d’approvisionnement depuis les pays limitrophes ont été mises en place cette semaine, précise le PDG.

Une centaine d’employés Ukrainiens ont été accueillis par leurs homologues à l’étranger et seront recrutés ailleurs par le groupe, dont les actionnaires consacreront une partie du dividende pour aider les réfugiés, explique-t-il encore.

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Le Monde avec AFP

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