Au Technocentre Renault dans les Yvelines, 10 000 ingénieurs dans la tourmente

Au Technocentre Renault dans les Yvelines, 10 000 ingénieurs dans la tourmente

C’est le plus grand complexe de recherche et développement (R&D) de France mais, avec ses faux airs de vaisseau spatial géant égaré dans les Yvelines, le lieu sonne vide depuis cinq mois. « En juillet, j’étais seule sur un plateau de 100 personnes, c’était impressionnant et un peu glaçant », raconte Alexandra (les noms des ingénieurs ont tous été modifiés à leur demande), manageuse au Technocentre Renault de Guyancourt, le site tertiaire de tous les superlatifs : 10 500 salariés (sans compter les sous-traitants), 400 000 mètres carrés, 900 salles de réunion, 19 cantines…

Bien malgré elle, cette cité des ingénieurs automobiles symbolise les mois incertains qui s’annoncent pour les cols blancs. Dans le cadre de son plan de restructuration, le constructeur prévoit un plan de réduction des coûts dans l’ingénierie (800 millions d’euros économisés, 1 500 postes supprimés en France, sur trois ans), le Technocentre est un condensé des périls qui s’amoncellent pour les cadres et techniciens de haut niveau du groupe au losange en cette fin de 2020.

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C’est d’abord la crise du Covid-19 qui a fait taire le vrombissement de « la Ruche » – c’est ainsi qu’est baptisé le bâtiment central où tous les projets sur les véhicules sont menés. Lors du confinement, le Technocentre s’est mis au télétravail, à l’exception de quelques salariés. Le 15 mars, on ne comptait plus que 500 personnes dans les coursives du bâtiment. Le 10 juillet, la jauge est remontée à 60 %. Du coup, l’entreprise en profiterait volontiers pour accentuer le virage du télétravail dans ses activités tertiaires. La direction et les syndicats sont en train de finaliser un accord qui devrait, à partir du 7 septembre, organiser une obligation de travail à distance de trois jours par semaine.

Angoisses

Or, à cette révolution des habitudes vient s’additionner une couche d’incertitudes voire d’angoisses. L’ingénierie de Renault est pointée comme trop dispendieuse pour une entreprise qui a perdu 7 milliards d’euros au premier semestre 2020. C’est en tout cas le diagnostic du nouveau directeur de l’ingénierie, Gilles Le Borgne, arrivé de PSA en janvier. « Nous devons améliorer la performance de notre ingénierie, tranche-t-il. Les coûts de validation de nos projets, par exemple, sont trop élevés. Les maquettes, les avant-séries, les prototypes sont trop nombreux et trop chers. »

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Au programme : diminution des voyages, de l’expatriation, des mètres carrés utilisés. Et une baisse drastique du recours à des prestataires extérieurs. « Il y a, depuis janvier, une très forte réduction des contrats de sous-traitance », constate Valérie Sonnefraud, responsable syndicale CFE-CGC de l’établissement. Habituellement, ce sont plus de 2 000 ingénieurs et techniciens extérieurs à Renault qui ont accès au Technocentre.

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