Au Royaume-Uni, la chute de l’empire du tycoon Philip Green

Au Royaume-Uni, la chute de l’empire du tycoon Philip Green

Philip Green, propriétaire du groupe Arcadia, le 6 juin 2013, à Hong Kong.

Le groupe britannique de prêts-à-porter Arcadia, qui comprend les enseignes Topshop, Evans, Dorothy Perkins ou encore Miss Selfridge, est au bord du dépôt de bilan, mettant en péril 13 000 emplois. Le risque de faillite, qui serait la plus importante de la crise liée à la pandémie de Covid-19 au Royaume-Uni, symbolise la chute de Philip Green, son patron, autrefois surnommé « l’Empereur ». Pour ce résident fiscal de Monaco, connu pour ses yachts et ses fêtes démesurées, surnommé « le visage inacceptable du capitalisme » en 2016 par un groupe parlementaire, il s’agit d’une descente aux enfers faite d’ego surdimensionné, de méthodes de « cost killer » de court terme et de modèle économique dépassé.

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Vendredi 27 novembre, la chaîne d’information Sky News a révélé qu’Arcadia rencontrait de graves difficultés. Dans la foulée, le groupe s’est fendu d’un communiqué reconnaissant l’urgence du problème : « Les fermetures obligées de nos magasins pour une période prolongée à cause de la pandémie de Covid-19 ont eu un impact important sur notre activité. En conséquence, le conseil d’administration d’Arcadia travaille sur un certain nombre d’options de secours. » Un dépôt de bilan, complet ou partiel, pourrait avoir lieu dans les prochains jours.

Ajoutant l’humiliation à la catastrophe financière pour M. Green, Mike Ashley, son grand rival, autre milliardaire self-made-man du commerce britannique, a fait savoir qu’il lui proposait un prêt de 50 millions de livres sterling (55 millions d’euros). Il n’était évidemment pas question d’accepter pour le propriétaire d’Arcadia, qui préfère encore vendre les actifs de son groupe au plus offrant que de se tourner vers son concurrent. La somme nécessaire pour renflouer Arcadia est de toute façon certainement bien supérieure. En 2018, le groupe réalisait un chiffre d’affaires de 1,8 milliard de livres. Il possède aujourd’hui quelque 500 magasins.

« Fast fashion »

La chute de M. Green, encore porté aux nues il y a moins d’une décennie, est spectaculaire. Jusqu’en 2015, Topshop était montrée en exemple, admirée pour avoir su s’imposer dans la « fast fashion », cette mode peu chère qui s’adapte en permanence aux goûts de ses clients, proposant à toute vitesse de nouveaux modèles « inspirés » de ceux des défilés de prêt-à-porter. En fabriquant en Asie tout en présentant ses propres défilés à la semaine de mode de Londres pour créer l’événement, et en collaborant avec la mannequin Kate Moss et la chanteuse Beyoncé, l’enseigne était devenue l’incontournable succès du début du XXIe siècle. A son pic, la part de marché au Royaume-Uni d’Arcadia, dominée par Topshop, a atteint 6 %. Elle a depuis été divisée par deux.

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LJD

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