A Bonneuil-sur-Marne, le maire « décidé à résister » à l’application des 35 heures

A Bonneuil-sur-Marne, le maire « décidé à résister » à l’application des 35 heures

Sur le bureau de monsieur le maire, il y a un petit portrait de Lénine et, juste à côté, une figurine représentant Abraracourcix, le chef des célèbres irréductibles Gaulois. « Nous sommes réputés pour être le village qui résiste », plaisante Denis Oztorun, avant de reprendre un ton grave : « Je suis décidé à résister. J’ai été le premier à m’opposer à cette loi. J’espère que je ne serai pas le dernier… » Le maire communiste de Bonneuil-sur Marne (Val-de-Marne) n’appliquera pas la loi d’août 2019 sur la fonction publique. Celle-ci, en effet, impose à toutes les collectivités locales de mettre leurs agents aux 35 heures le 1er janvier 2022, soit 1 607 heures par an.

Or, du fait des congés dont ils jouissent, les fonctionnaires de la commune n’y sont pas. Les hommes travaillent 1 551 heures et les femmes, qui bénéficient d’un jour de congé supplémentaire (le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes), 1 544 heures. L’application de la loi se traduirait par une perte de huit jours de congés pour les premiers et de neuf jours pour les secondes. « On ne peut pas me demander ça, tranche Denis Oztorun. Je suis un maire communiste. Les fonctionnaires de la ville utilisent leur force de travail pour gagner un salaire et ils ont raison de penser que les congés font partie de la rémunération. »

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D’autant, assure l’élu, que les agents sont engagés. Il prend l’exemple du service chargé de la propreté. Il reconnaît que confier cette mission à Veolia coûterait 1,5 million d’euros par an, soit la moitié moins de ce que représente la paie de ses vingt-trois agents. « Mais je ne le fais pas, dit-il. Je préfère un service public de proximité, dont la valeur ne peut se calculer. Mes agents veulent garder leur ville propre, ils sont au service de la population, pas d’une entreprise. Nous avons eu une tempête en juin. Des arbres sont tombés dans une école, des toitures se sont envolées. Trente-cinq agents sont restés sur le terrain toute la nuit. Là, personne ne leur a demandé s’ils étaient bien aux 35 heures… »

Baisse des dotations

Cela dit, ce combat, c’est celui des fonctionnaires. « Les salariés doivent s’organiser pour se défendre, rappelle le maire. Ce n’est pas à moi de prendre le drapeau rouge. Mais je les soutiens. » Et réciproquement. Fin mai, les syndicats ont organisé un rassemblement devant la mairie pour protester contre l’application de la loi de 2019. « Le maire nous a expliqué sa position, relate Kevin Marguerite, secrétaire général de la CGT des agents territoriaux de la ville. Il nous a dit qu’il n’appliquerait pas la loi. On l’a remercié. On sera à ses côtés au tribunal. »

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