Signaux faibles, la start-up d’Etat qui veut contrarier les faiblesses des sociétés
Cet outil de veille généré par Bercy est présumé prévenir sur la mauvaise passe à parvenir d’une société. Il sera étalé graduellement dans l’ensemble des régions.
Cela peut être le départ d’un assistant, l’accroissement brusque du chômage partiel ou de premiers impayés… Bref, quelques signes savent avertir sur la mauvaise passe à venir d’une société. Et c’est en suivant ces dénonciateurs, très en amont, que Bercy a développé un nouvel outil de veille des sociétés, baptisé… Signaux faibles.
Le mercredi 3 avril, Thomas Courbe, le patron de la direction générale des entreprises (DGE), déclare le défilé accentué dans l’ensemble des régions de ce logiciel de veille, « afin d’améliorer la résilience des entreprises. Plus tôt nous sommes capables de pénétrer les problèmes, plus tôt nous pouvons les assister et, en retour, réduire le nombre de défaillances à venir ».
Cet outil est né en 2015, à Dijon, où célébrait Stéphanie Schaer, alors commissaire à la rectification productif. « Nous sommes partis d’un constat simple, explique la fonctionnaire. Quand les entreprises en besoin saisissent les services de l’Etat, il est fréquemment trop tard, car de nombreuses aides ne sont plus proposées. »
Afin de limiter de manière précoce les indices de faiblesse des entreprises, les statisticiens de la Direccte de Bourgogne-Franche-Comté, l’échelon régional de Bercy, se sont dirigés vers leurs collègues des Urssaf, chargées de la collecte des contributions sociales, avant d’être rejoints par la Banque de France. Avec une intuition : « En combinant les données des uns et des autres grâce à un algorithme développé en interne, nous étions capables de repérer de manière précoce les fragilités de certaines sociétés », développe Stéphanie Schaer. En 2018, dans sa région, une cinquantaine de PME (de 20 à 100 salariés) ont ainsi été localisées et assistées.
Programme d’incubation
Dans chaque région, seule quelques agents a accès à ce tableau de bord sécurisé, qui mélange données financières individuelles et macroéconomiques, chiffres sur l’emploi et sur les contributions sociales, et admet d’adopter les faiblesses. Ultérieurement, à chaque agent de proposer des solutions dans le panel d’aides existantes. Ainsi, la Direccte dijonnaise a pu épauler certaines PME dans leur recherche de financements. Elle peut aussi leur proposer un diagnostic financier, stratégique ou en ressources humaines, ou mettre en relation leurs patrons avec d’autres acteurs de leur filière industrielle…
Afin de modifier d’échelle et d’affiner les algorithmes, en assimilant spécialement les données des greffes et de la Banque de France, Signaux faibles est devenu en 2018 une « start-up d’Etat », un programme d’incubation. Et son ambition est claire : être capable, partout en France, de limiter dix-huit mois à l’avance d’éventuelles futures faiblesses d’entreprises.