Beaucoup de feux sur le travail

Beaucoup de feux sur le travail

L’exposition photographique « EtreS au travail », faite sur les grilles du Jardin du Luxembourg, à Paris, jusqu’au 14 juillet, fait un compliment au « travail vivant ».

Plantation de riz chez les Lolos noirs, région de Cao Bang, Vietnam, 2015.
Plantation de riz chez les Lolos noirs, région de Cao Bang, Vietnam, 2015. JEAN-MICHEL TURPIN

Au centre de Paris, trois chapeaux brillent sous le soleil au-dessus de trois dos arrondis qui ramassent les brins de riz ; Marc, pompiste, fait le pied de grue dans une station-service… Une centaine d’hommes et de femmes entièrement prises par leur travail aux quatre coins du monde ont été saisis sur le vif par trente-quatre photographes, et assemblés pour quatre mois dans l’exposition « EtreS au travail », structurée par le Sénat du 16 mars au 14 juillet, à l’occasion du centenaire de l’Organisation internationale du travail (OIT).

L’OIT, ce « machin », comme le désignent certains, est une institution générée au lendemain de la première guerre mondiale pour interdire la justice sociale, au nom de la paix, et qui fédère actuellement cent quatre-vingt-sept Etats. Elle mesure très habituellement les tendances mondiales et admet de voir cheminer même à pas de fourmi l’accès à l’emploi pour tous, la réduction des inégalités, mais aussi parfois l’amélioration des conditions de travail.

Usine d’électroménager, à Shanghaï, en Chine, 2006.
Usine d’électroménager, à Shanghaï, en Chine, 2006. JEAN-MICHEL TURPIN

« EtreS au travail » met en pleine lumière ces laborieux et leur quotidien, dont l’OIT parle en chiffres. « Dans la vraie vie, le travail est vivant. Il est réel comme difficile et fatigant, mais aussi comme stimulant et enrichissant. Mais il est une expérience de vie, une triple expérience : expérience subjective, valorisée par la reconnaissance, expérience objective par la performance et expérience collective par la solidarité », explique Pierre-Yves Gomez dans Le Travail invisible (Desclée de Brouwer, réédition).

Dans les bureaux de Tukcell, Turquie, 2013.

Dans les bureaux de Tukcell, Turquie, 2013. JONAS BENDIKSEN / MAGNUM PHOTOS

C’est ce qu’accordent à voir les quatre-vingts portraits pendus aux grilles du Jardin du Luxembourg : le travail dans tout ce qu’il a de plus ordinaire y est célébré par des photographes de l’agence Magnum, dont Raymond Depardon, Ian Berry, Peter Marlow, Steve McCurry, et les indépendants Jean-Michel Turpin et José Lozano.

Jean-Michel, fondeur à l’acierie de Saint-Saulve, dans le Nord, France, 2008.

Jean-Michel, fondeur à l’acierie de Saint-Saulve, dans le Nord, France, 2008. JEAN-MICHEL TURPIN

Les cinquante-sept métiers affichés exposent la fierté au travail de Jean-Michel, fondeur à l’aciérie de Saint-Saulve, dans le Nord de la France, la productivité de la coopération sur un forage pétrolier, la solitude du travail de nuit du pompiste, ou de la gardienne de musée aussi fixe que la statue sa voisine, la néotaylorisation dans les usines de Shanghaï, puis la fausse décontraction des open spaces de Turkcell (le principal opérateur de téléphonie mobile en Turquie) à Istanbul, la persistance des métiers traditionnels et le courage des pêcheurs traditionnels du Sri Lanka, etc.

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LJD

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