Archive dans avril 2025

Télétravail : des accords plus nombreux, mais plus restrictifs

Certains experts s’attendaient à ce que la fin de la crise sanitaire s’accompagne d’un net reflux du télétravail. Rien de tel ne s’est produit : dans son étude parue le 17 avril, intitulée « Les accords d’entreprise sur le télétravail : quels changements à la suite de la crise sanitaire ? », la direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail constate l’inverse. Le nombre d’accords de télétravail conclus en 2023 (2 080) demeure très supérieur à celui observé avant la crise sanitaire en 2019 (1 300), quand bien même il a reculé par rapport au pic de 2021 (3 940).

Les signatures d’avenants (nouvelles clauses) à des accords existants suivent une tendance similaire en 2023. La part de ces avenants, parmi l’ensemble des textes conclus (accords et avenants), croît sans discontinuer depuis la crise sanitaire pour s’établir à 25,2 % en 2023. Ce renforcement tient manifestement à deux causes : les entreprises non encore dotées d’un accord de télétravail sont de moins en moins nombreuses.

Et quand les accords existants arrivent à échéance, les partenaires sociaux préfèrent les affiner par des avenants. Et ils n’envisagent pas d’interdire cette pratique tant elle recueille un large consensus. « Les salariés et les cadres en particulier considèrent le télétravail comme un acquis. Beaucoup seraient même prêts à démissionner si on leur enlevait cette possibilité », rappelle Maxime Legrand, secrétaire national de la CFE-CGC.

En se penchant sur le nombre de jours de télétravail autorisés, la Dares relève par ailleurs que la proportion des accords qui prévoient deux jours de télétravail s’accroît à partir de 2017 pour culminer en 2021 et régresser ensuite. La même courbe en bosse s’observe pour les durées de trois, quatre ou cinq jours entre 2017 et 2023. « Les entreprises qui étaient allées trop loin dans le tout-télétravail reviennent à quelque chose de plus équilibré », observe M. Legrand.

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La logistique, vivier d’emplois, mais à quel prix ?

Le centre de distribution d’Amazon LIL1, à Lauwin-Planque (Nord), le 3 décembre 2024.

Une enceinte Bluetooth, une ampoule LED, un DVD Star Trek, une coque de téléphone rose, des filtres à café… dans cet entrepôt de 95 000 mètres carrés, soit treize terrains de football, vingt millions de produits transitent sur des kilomètres de rayonnages.

« A première vue, vous pourriez avoir l’impression qu’on stocke nos produits n’importe comment. Mais tout est millimétré. On range où il y a de la place », souligne Jean Porcher, directeur du centre de distribution LIL1 d’Amazon, à Lauwin-Planque (Nord). En réalité, explique-t-il, mettre des produits qui n’ont rien en commun sur une étagère est plus efficace, car cela permet aux préparateurs de commandes, guidés par leurs « scanettes » (lecteurs de codes-barres), de les repérer plus facilement.

Rien n’est laissé au hasard par les algorithmes dans ce site qui emploie 2 600 salariés – soit pratiquement le double du nombre d’habitants de Lauwin-Planque. « Avec l’intelligence artificielle, on optimise les flux pour que tout le monde ait toujours du travail à un moment donné », ajoute Jean Porcher.

Du travail, mais quel travail ? « La logistique prend des jeunes qui cherchent un emploi, et leur dit : vous allez faire du sport, sept kilomètres par jour. Le résultat, ce sont des salariés de moins de 30 ans, qui, s’ils n’ont pas jeté l’éponge avant, sont licenciés pour inaptitude au bout de dix ans avec des lombalgies, des blocages du dos, des tendinites au niveau des épaules », déplore Khalid Oughzif, secrétaire fédéral FO-Transports.

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Répondre aux attentes de la jeunesse sur le travail

« Nous ne travaillons pas assez. » Cette phrase, lâchée par le premier ministre lors du lancement à la mi-avril de sa grande conférence sur les finances publiques, était une alerte sur la gravité de la situation budgétaire et la nécessité d’augmenter le taux d’emploi afin de produire davantage pour financer notre modèle social et nos investissements d’avenir, alors que la démographie décline.

Une vaste étude réalisée par l’Institut Montaigne, « Les jeunes et le travail : aspirations et désillusions des 16-30 ans », vient éclairer utilement ce débat, cependant que ce sujet est souvent considéré comme l’un des principaux leviers – avec le maintien en activité des plus de 50 ans – pour augmenter le taux d’emploi.

Le mérite de cette étude est de battre en brèche le cliché selon lequel la jeunesse entretiendrait un rapport distancié au travail. Une majorité de jeunes a une appétence à travailler plutôt supérieure à celle des plus âgés, et nombre d’entre eux considèrent que la valeur travail joue un rôle intégrateur fondamental dans leur vie.

Plus préoccupant est l’écart qui existe entre leurs aspirations et la réalité du monde du travail. Désillusions et déceptions entretiennent frustration, fatalisme voire rébellion pour une proportion importante de jeunes interrogés. Beaucoup se joue au moment de l’orientation, qui, en rétrécissant les champs des possibles et des ambitions, nourrit un désenchantement qui risque de se prolonger tout au long de la carrière. Ce moment charnière de la vie professionnelle doit faire l’objet de davantage d’accompagnement, notamment pour les jeunes issus des milieux les plus défavorisés, qui sont par ailleurs les moins bien soutenus par les dispositifs publics.

Une élève de terminale prépare son dossier Parcoursup, à Pantin (Seine-Saint-Denis), en janvier 2023.

L’étude montre également que les préoccupations des jeunes concernent en priorité le niveau de rémunération, souvent jugé trop faible. Faire en sorte que le travail paye mieux conduit à explorer deux pistes de réflexion. La première concerne le financement de notre modèle social, qui pèse aujourd’hui essentiellement sur les salaires, expliquant l’écart entre salaire brut et salaire net. La seconde piste passe par une amélioration globale des compétences, à travers l’éducation et la formation, permettant d’occuper des postes plus qualifiés et de donner davantage de perspectives d’évolution de carrière.

Le bien-être au travail constitue l’autre priorité de la jeunesse. Celle-ci attend légitimement du management, qu’il soit public ou privé, reconnaissance, autonomie et respect. Or, comme le montre un rapport récent de l’inspection générale des affaires sociales, sur ces trois sujets, la France fait beaucoup moins bien que ses voisins européens.

Par ailleurs, selon une étude menée par Hélène Sultan-Taïeb, économiste de la santé au travail de l’université du Québec à Montréal, et Isabelle Niedhammer, épidémiologiste à l’Inserm, la France affiche également des mauvais scores sur les principaux facteurs de risques psychosociaux (pression au travail, horaires à rallonge, valorisation du travail fourni, insécurité de l’emploi et harcèlement moral).

Il incombe aux employeurs d’améliorer la situation. « A eux de répondre par des méthodes de management du XXIe siècle, et pas celles héritées du XXe siècle », préconise l’Institut Montaigne. Les jeunes ne cherchent pas à fuir le travail, mais ils veulent lui donner du sens. Tant que cette quête ne sera pas prise en compte, les appels à travailler davantage auront du mal à porter.

Le Monde

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Le travail reste une valeur centrale pour les jeunes, malgré les désillusions

Non, les jeunes ne se détournent pas du travail, qui joue un rôle intégrateur fondamental dans leur vie. Oui, ils sont majoritairement satisfaits de leur emploi, même s’ils regrettent souvent une orientation scolaire et professionnelle qui s’avère inadéquate et un niveau de rémunération jugé trop faible.

Ces deux constats, qui battent en brèche des idées reçues, sont tirés d’une vaste étude publiée mardi 29 avril par l’Institut Montaigne, « Les jeunes et le travail : aspirations et désillusions des 16-30 ans ». Ses auteurs, les chercheurs Yann Algan (HEC Paris), Olivier Galland (CNRS) et Marc Lazar (Sciences Po) ont mené, à l’automne 2024, une enquête de terrain auprès de 6 000 jeunes, en structurant le panel en trois sous-échantillons représentatifs, correspondant aux grandes étapes de l’accès à la vie active : les jeunes en formation (scolaires et étudiants), les actifs précoces (19-22 ans) récemment entrés sur le marché du travail, et les actifs avancés (25-30 ans) ayant déjà acquis une première expérience professionnelle significative.

Elle établit que l’appétence à travailler davantage est nettement plus forte chez les jeunes que chez les actifs plus âgés, avec un écart de 16 points entre les 19-30 ans et les plus de 30 ans – qui avaient été interrogés en 2023 dans le cadre d’une autre étude de l’Institut Montaigne « Les Français au travail : dépasser les idées reçues ». « Nous observons que oui, les jeunes sont attachés au travail et que la jeunesse paresseuse n’est qu’un mythe, explique Yann Algan. Néanmoins, les idéaux s’abîment et petit à petit, les illusions sont perdues. »

Insatisfaction

En évaluant les écarts entre les attentes et la réalité du travail sur des critères précis, les auteurs ont identifié quatre profils de jeunes actifs. Près de la moitié du panel se retrouve dans une expérience d’insatisfaction : les frustrés (28 %) se caractérisent par des attentes non comblées dans l’emploi qu’ils occupent, ce qui entraîne deux types d’attitudes : une défiance et une détresse psychologique pour les uns, et une profonde désaffection du monde du travail pour les autres. Les fatalistes (20 %), résignés, formulent très peu d’attentes, et ne manifestent pas forcément de frustration quant à l’emploi qu’ils occupent, sauf à l’égard de leur management.

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Chez les jeunes, les frustrations du travail n’alimentent pas la radicalité

L’engagement politique des jeunes est abordé sous un jour nouveau dans l’étude de l’Institut Montaigne intitulée « Les jeunes et le travail : aspirations et désillusions des 16-30 ans », publiée mardi 29 avril après une enquête de terrain auprès de 6 000 jeunes à l’automne 2024. Ses auteurs, Yann Algan (HEC Paris), Olivier Galland (CNRS) et Marc Lazar (Sciences Po), ont observé le rapport à la politique de trois catégories de jeunes : en formation, en quête d’un emploi et déjà insérés dans le marché du travail.

« Il en ressort une division nette, observent-ils. Une moitié des jeunes s’en détourne, ne se reconnaît dans aucune offre partisane. L’autre moitié se partage entre deux pôles : 25 % se disent proches de la gauche radicale, 33 % de la droite radicale. »

« Ce résultat nous a beaucoup marqués, relate Yann Algan. Est-il lié au timing de notre étude, post-élections européennes et législatives ? Ou bien capte-t-on là un glissement de fond ? »

Les plus attirés par la gauche radicale sont davantage des diplômés des formations littéraires et de sciences humaines et sociales, des jeunes issus de l’immigration, en situation de précarité sociale et de détresse psychologique. Ceux dont les deux parents sont nés à l’étranger ont quatre fois plus de chances, que les jeunes dont les deux parents sont nés en France, de se sentir proches de la gauche radicale, selon les auteurs.

Les adeptes de la droite radicale sont plutôt diplômés de formations professionnelles courtes, travaillent comme ouvriers et employés, sont satisfaits de leur travail – surtout les hommes – et « ils affichent un bien-être général ». « En d’autres termes, le RN [Rassemblement national] attire davantage que LFI [La France insoumise] les jeunes bien intégrés, ce qui va à l’encontre de nombre d’études sur l’électorat de ce parti », révèle l’enquête.

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Comment le Parlement s’est finalement résigné à faciliter les actions de groupe

Le député français Philippe Gosselin à l’Assemblée nationale à Paris, le 20 janvier 2025.

Non sans réticence, le Parlement a, le 3 avril, adopté une loi portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne, censée faciliter l’action collective en justice des victimes d’un même préjudice.

Le projet de loi déposé le 31 octobre 2024 ne visait qu’à transposer une directive européenne 2020/1828 autorisant les actions de groupe transfrontières – texte qui aurait dû être intégré au droit français avant le 25 décembre 2022. Mais lorsque le projet préparé par Bercy est arrivé à l’Assemblée nationale, il a été profondément modifié, à l’initiative du rapporteur pour avis de la commission des lois, le député Philippe Gosselin (Les Républicains, LR, Manche). L’action de groupe, il connaît bien : dès 2020, sa collègue Laurence Vichnievsky (MoDem, Puy-de-Dôme) et lui-même avaient souligné les défauts de cet instrument juridique mis en place par la loi Hamon en 2014.

Les deux députés avaient fait treize propositions de réforme, après avoir constaté que seules vingt et une actions de groupe avaient été lancées et qu’aucune n’avait encore abouti à un jugement sur la responsabilité du professionnel.

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Au Pays basque, un guide pour lutter contre les accidents du travail

Lors d’un hommage rendu à Mohamed Kichouhi, à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), le 9 mars 2024.

« Les organisations syndicales signataires du protocole s’engagent à organiser un rassemblement devant le lieu de travail, le vendredi suivant l’accident mortel, à midi. » Au Pays basque, les syndicats LAB, CGT-Construction, Solidaires et FSU ont conçu en 2024 un guide pour mener des actions dès qu’un accident du travail grave ou mortel ou dès qu’un suicide lié au travail a lieu. Ce « protocole » invite aussi à organiser une grève le même jour, quand l’une des organisations est représentée dans l’entreprise concernée.

Lire l’enquête | Article réservé à nos abonnés Les morts au travail, une hécatombe silencieuse en France

Lundi 28 avril, un premier bilan de cette initiative doit être présenté à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), en présence de victimes ou de familles de victimes. Cette date n’est pas choisie au hasard, elle marque la Journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail, durant laquelle entreprises, acteurs de la prévention et syndicats sensibilisent sur le sujet. En 2023, 759 salariés du privé sont morts en France à la suite d’un accident du travail, chiffre qui ne baisse plus.

Ce « protocole basque », qui a vocation à être distribué dans les entreprises et à essaimer dans d’autres régions, se donne donc pour mission de faire de la pédagogie sur le sujet, en rendant visibles les accidents. « Au Pays basque espagnol, les syndicats sont en avance sur le sujet. Côté français, l’idée de faire du syndicalisme sur des morts, même à cause du travail, était vu comme problématique », explique Eñaut Aramendi, du syndicat basque LAB.

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Travail le 1ᵉʳ-Mai : sénateurs et gouvernement veulent assouplir les règles

Une boulangerie de Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne), le 15 avril 2024.

Quelques contentieux très isolés ont suffi pour donner une dimension nationale à l’affaire. Avec le soutien du gouvernement, des sénateurs du groupe Union centriste (UC) viennent de déposer une proposition de loi dont le but est de « permettre aux salariés de certains établissements et services de travailler le 1er-Mai ». Sont visées en tout premier lieu les boulangeries, mais d’autres commerces – comme les fleuristes, par exemple – entrent dans le champ de ce texte. Plusieurs syndicats dénoncent la démarche qui, à leurs yeux, remet en cause une journée chômée par de nombreux actifs tout en portant atteinte à un symbole des revendications sociales portées depuis le XIXsiècle à travers le monde.

La controverse prospère dans l’arène politique depuis deux semaines, mais elle est, en très grande partie, liée à un épisode qui date presque d’une année. Le 1er mai 2024, cinq boulangeries de Vendée sont verbalisées par l’inspection du travail au motif qu’elles ont employé certains de leurs collaborateurs ce jour-là. La décision de l’administration crée un choc au sein de la profession, car elle est rare. Quelques boutiques, situées dans le nord de la France et à Paris – dont une de celles exploitées par Jean-François Bandet sous l’enseigne Bo & Mie –, avaient déjà été inquiétées, les années précédentes, mais elles se comptaient sur les doigts de la main.

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Comment prévenir les maladies de bureau

Les troubles musculo-squelettiques

Les TMS sont des atteintes des tissus mous à proximité des articulations : principalement tendons, muscles, ligaments ou nerfs. Ils peuvent être en lien avec une activité professionnelle, favorisés par des facteurs physiques (gestes répétitifs, travail statique, posture contraignante si poste de travail inadapté, port de charges lourdes…) et des facteurs psychosociaux (pression, manque d’autonomie, monotonie…). Non pris en charge, ils peuvent devenir chroniques et créer un handicap permanent.

L’activité professionnelle joue souvent un rôle majeur dans leur survenue. En France, les TMS « représentent à eux seuls plus de 80 % des maladies professionnelles reconnue», écrit l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS). Tous les secteurs d’activité sont concernés. Dans le contexte d’un travail sur écran, ils peuvent survenir au niveau de la colonne vertébrale ou des membres supérieurs. Ils se manifestent par une gêne voire des douleurs plus ou moins intenses, des engourdissements ou des picotements, quelquefois par une perte de souplesse, de dextérité ou de force.

« Les troubles musculo-squelettiques sont avant tout liés à la répétition de gestes, insiste le rhumatologue et chercheur Francis Berenbaum, chef du service de rhumatologie de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP). La position joue aussi un rôle et on peut améliorer l’ergonomie de son poste de travail, mais il faut surtout diversifier ses activités, éviter les mêmes gestes des heures durant. » Encore faut-il penser à une possible origine professionnelle. « Une gêne ou des douleurs même légères sont autant de signaux d’alerte d’un risque de survenue de TMS, souligne Laurent Kerangueven, ergonome à l’INRS. Dès les premiers signes, il est souhaitable de demander une visite auprès du médecin du travail pour faire le lien entre ces plaintes et le travail. Il sera possible de prévenir ces TMS en aménageant les postes et en adaptant son organisation. »

Le ralentissement des recrutements inquiète les jeunes diplômés : « Quand je vois certains collègues en finance qui ont mis quatre mois à décrocher un job, je ne me sens pas serein »

Depuis près de deux mois, Malaurie (les intervenants cités ont choisi de garder l’anonymat) vit au rythme des alertes d’emploi des applications de réseaux professionnels LinkedIn et Indeed. La jeune femme de 25 ans, fraîchement diplômée d’un master de l’université Paris Dauphine en conseil et management, peut passer des journées entières sur son téléphone à balayer les offres de cabinets de conseil, mais aussi des grandes entreprises de transport ou d’agroalimentaire. Elle a envoyé une dizaine de candidatures, lesquelles sont restées sans réponse ou ont débouché sur un refus.

Au gré de ses recherches, Malaurie tombe principalement sur des offres de stage ou d’alternance, bien plus nombreuses que les précieux CDI destinés aux jeunes diplômés. « Il n’y a pas beaucoup d’offres. Et chaque fois qu’il y en a une intéressante, des centaines de personnes postulent en même temps, relève-t-elle. Tu peux facilement passer à la trappe, être noyée dans une masse d’autres gens. On ne savait pas que ça allait être aussi tendu. »

Le marché du recrutement des jeunes diplômés est effectivement en recul, comme le montre une étude de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), parue jeudi 3 avril. En 2024, les embauches de cadres ont chuté de 8 %, effaçant en un an la progression enregistrée au cours de 2023. L’étude anticipe une nouvelle baisse en 2025, avec un volume repassant sous la barre des 300 000 recrutements (contre 303 400 l’an dernier).

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