Egalité femmes-hommes : la Cour des comptes pointe des « avancées limitées », dues à des « erreurs de méthodes » et l’absence de « stratégie globale »
Depuis 2017, malgré une « mobilisation indéniable », la politique d’égalité entre les femmes et les hommes menée par le gouvernement français n’a permis que des « avancées limitées », en raison d’« erreurs de méthode », signale la Cour des comptes dans un rapport rendu public jeudi 14 septembre.
L’institution de contrôle de l’emploi des fonds publics estime en effet que l’égalité femmes-hommes, malgré le fait qu’elle ait été désignée « grande cause nationale », ne bénéficie pourtant pas d’une « stratégie globale » ni d’un « pilotage efficace ». Elle relève ainsi une « diversité » de plans stratégiques, qui n’ont pas été consolidés « en une feuille de route unique » suivie régulièrement à un niveau interministériel.
Le pilotage de cette politique a, en outre, été rendu « difficile » par « des lacunes dans la conception des mesures elles-mêmes » : nombre d’entre elles ne sont « pas fondées sur un diagnostic précis des situations et des besoins ». De plus, de nombreuses mesures « n’ont été assorties ni de moyens, ni de calendrier de réalisation, ni d’indicateurs de résultats, ni de cibles, ce qui rend leur évaluation impossible », déplore la juridiction financière.
Le besoin d’une « feuille de route mesurable et évaluable »
Par conséquent, la Cour des comptes recommande de décliner le nouveau plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2023-2027 en « une feuille de route mesurable et évaluable », avec notamment la description des « moyens » alloués, des calendriers imposés et des « cibles ». Celle-ci devrait faire l’objet d’un « calendrier de suivi interministériel ». Elle préconise également de concevoir un « programme interministériel d’évaluation des actions » menées par l’Etat et par les organismes qu’il finance.
Pour l’heure, la lutte pour l’égalité professionnelle et celle contre les violences conjugales, deux chantiers devenus prioritaires du gouvernement, n’ont « avancé que partiellement », selon la Cour des comptes.
En matière d’égalité au travail, les progrès dans la réduction des inégalités dans le secteur privé restent « lents, malgré un arsenal législatif croissant depuis plusieurs décennies ».
Concernant la lutte contre les violences conjugales, la juridiction indépendante salue les avancées faites pour la protection des victimes (dispositifs d’écoute et d’accompagnement renforcés, téléphones grand danger distribués) et l’accompagnement des auteurs (création de centres de prise en charge des auteurs, ports de bracelets anti-rapprochement). Mais elle regrette l’absence de mise en œuvre de mesures « pour faire évoluer les mentalités », comme celles relatives à la prévention axée sur l’éducation.