La crise du bâtiment suscite une crainte aiguë pour l’emploi
La filière du logement et de la construction a connu rentrée plus joyeuse. Depuis quinze jours, les chiffres présentés par les fédérations du secteur (promoteurs, constructeurs, artisans) se succèdent et se ressemblent. Au mieux, les indicateurs sont maussades, quand ils ne dessinent pas un avenir franchement sombre.
« Le secteur du bâtiment entre en récession, c’est historique depuis sept-huit ans », annonçait, mercredi 13 septembre, Olivier Salleron, le président de la puissante Fédération française du bâtiment (FFB), expliquant avoir dû réviser ses prévisions à la baisse (– 0,2 %, et non plus + 0,7 %) pour 2023, la faute au logement neuf, « touché, coulé ». Le tableau n’est pas meilleur du côté des promoteurs qui, jeudi 14 septembre, décrivaient une offre et une demande « en chute libre » : – 30 % de ventes et mises en vente au second semestre 2023. Les achats des investisseurs particuliers ont même baissé de 50 % sur le deuxième trimestre par rapport à 2022.
Pour la construction neuve, cela était attendu. La crise amorcée il y a un an et demi, en raison de la hausse des taux d’intérêt et du durcissement des conditions d’accès au crédit immobilier, ne s’est pas enrayée. Depuis le début de 2023, les mises en chantier ont reculé de 15 %, « et le mouvement ne peut que s’accentuer puisque les permis chutent de près de 30 % », détaille la FFB. Sur la période, seuls 303 000 logements ont été mis en chantier, poursuit le lobby des constructeurs. Il faut remonter à 1991 pour trouver un chiffre équivalent. La France entrait alors dans une longue crise du logement. Il n’y a pas grand espoir à attendre du côté du non-résidentiel, même si, et c’est à noter, la commande publique repart, avec une hausse des permis pour les bâtiments administratifs (+ 8,4 %).
Les Français déménagent moins
Au printemps, les acteurs de la filière avaient haussé le ton face à l’état de la crise qu’ils disaient voir venir – « l’avantage, dans le bâtiment, c’est qu’on sait trois ou quatre ans à l’avance ce qui va se passer » – et l’absence de réaction des pouvoirs publics. Espérant que le gouvernement revienne notamment sur la suppression de l’avantage Pinel et sa décision de réserver le prêt à taux zéro aux seules zones tendues, ils avaient brandi la menace de la destruction d’emplois. Entre 100 000 et 150 000, craignait la FFB, d’ici à 2025, qui parle à présent de 150 000. Voire 300 000, en comptant les emplois indirects, insiste-t-elle, sachant que les discussions sur le projet de loi de finances 2024 sont en cours. « La phase de croissance dans l’emploi depuis 2017 va se refermer », prévient Olivier Salleron.
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