Olivier Dussopt, le bûcheur austère aux commandes de la réforme des retraites
Nommé ministre du travail, du plein-emploi et de l’insertion, Olivier Dussopt n’apparaît qu’au neuvième rang dans la hiérarchie gouvernementale. Mais il va mettre en œuvre l’une des mesures les plus importantes et les plus controversées du programme d’Emmanuel Macron : le recul à 65 ans de l’âge légal de départ à la retraite. Quelques minutes après sa désignation, il a indiqué, vendredi 20 mai, sur le réseau social Twitter, que les chantiers dont il a la charge seront menés « dans la concertation ». Les syndicats, opposés à un décalage de l’âge d’ouverture des droits à une pension, l’attendent l’arme au pied.
Cette thématique ne lui est pas étrangère puisqu’il a eu l’occasion de se frotter au budget de l’assurance-vieillesse – la principale caisse de retraite – lorsqu’il était ministre délégué aux comptes publics. A cette fonction, qu’il a occupée durant presque deux ans jusqu’à la réélection de M. Macron le 24 avril, il a conforté sa réputation de bourreau de travail, réservé et d’une loyauté sans faille à l’égard du chef de l’Etat.
Transfuge du PS
En s’installant rue de Grenelle, où il succède à Elisabeth Borne – la nouvelle cheffe du gouvernement –, M. Dussopt peut se prévaloir de sa connaissance du dialogue social. Quand il était secrétaire d’Etat à la fonction publique (novembre 2017-juillet 2020), il a rencontré à maintes reprises les organisations d’agents afin de bâtir une loi qui a transformé le fonctionnement de l’Etat, des collectivités locales et des hôpitaux.
La nomination de ce transfuge du PS, devenu patron du micro-parti Territoires de progrès, qui se situe sur le flanc gauche de la majorité, est commentée diversement par les syndicats. « Nos représentants ont trouvé que c’était un homme d’écoute dont l’action a produit des résultats, notamment en matière de santé au travail dans la fonction publique », confie Cyril Chabanier, président de la CFTC. Yves Veyrier, le numéro un de FO, est plus circonspect car ses militants à Bercy gardent de M. Dussopt le souvenir d’une personnalité « peu enclin[e] au dialogue ». Le pedigree du ministre traduit, par ailleurs, une « approche » budgétaire du dossier des retraites qui envoie « un signal politique pas très favorable », selon M. Veyrier.