Archive dans septembre 2021

Emploi : « Le développement de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur représente un vecteur essentiel de cohésion sociale »

Tribune. Avec près de 500 000 contrats signés dans le secteur privé en 2020, soit une hausse de 40 % par rapport à 2019, l’apprentissage connaît un décollage sans précédent en France et s’impose durablement dans le paysage de la formation. Il s’agit d’une réussite de politique publique majeure, issue de la loi « Avenir professionnel » du 5 septembre 2018 et fortement portée par les efforts communs des entreprises et des établissements d’enseignement.

Plus encore, l’accélération de l’apprentissage dans les formations de l’enseignement supérieur favorise leur démocratisation pour briser le plafond de verre des classes et territoires moins favorisés. Les métiers de l’assurance, de la banque, du conseil, de l’ingénierie et du numérique – qui représentent environ 1,7 million de salariés en France et 60 000 jeunes en alternance – ont ainsi triplé en dix ans le nombre d’alternants des formations de niveau Bac + 4/5.

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L’apprentissage constitue aujourd’hui le tremplin le plus efficace vers la vie active. En valorisant une pédagogie qui intègre les réalités de l’entreprise et met en avant les compétences humaines et relationnelles, l’apprentissage favorise l’acquisition des « soft skills » [autonomie, créativité, capacité à travailler en équipe, etc.] indispensables pour évoluer et progresser professionnellement.

Pour consolider une dynamique naissante

De plus, l’intégration de l’apprentissage dans les cursus universitaires et grandes écoles a provoqué une véritable révolution culturelle et contribué à renforcer son image auprès des chefs d’entreprise, des enseignants mais aussi des étudiants eux-mêmes. Mais surtout, le développement de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur représente un vecteur essentiel de cohésion sociale et de promotion de l’égalité des chances, en permettant aux étudiants issus de tous les milieux, de financer des études de plus en plus longues et coûteuses.

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La Conférence des grandes écoles indique ainsi qu’il y a deux fois plus d’élèves ayant un parent « ouvrier » dans les cursus par apprentissage que dans les autres voies. Nous avons là une responsabilité collective à permettre à ces jeunes d’accéder à ces formations de haut niveau. Plus d’égalité des chances, plus de réussite aux examens, moins de risque de décrochage et de réelles garanties d’obtenir un emploi stable dès la fin de sa formation, les bénéfices de l’apprentissage dans le supérieur sont là et tout l’enjeu aujourd’hui est d’accélérer dans cette voie pour en faire une filière d’excellence pour tous.

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« Il faudra plus que de belles affiches électorales et une poignée de milliards à Macron pour réduire les inégalités chez les jeunes »

Chronique. L’affiche de précampagne porte le slogan « Macron, président des jeunes », au-dessus de son portrait de profil. Les Jeunes avec Macron, à l’initiative du projet béni par l’Elysée, ont délibérément choisi une typographie et un code couleur rappelant les séries de Netflix. Jusqu’au message, où ils clament « vivement qu’on signe pour cinq saisons de plus ». Elle sera placardée dès cette semaine dans 80 villes, et un meeting sur le thème de la jeunesse est déjà prévu, le 2 octobre, à Avignon (Vaucluse). Le plus jeune président de la Ve République se doit d’aimer les jeunes.

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A huit mois de l’élection présidentielle, quel grain lui restait-il à moudre ? Le temps et les marges de manœuvre financières lui sont comptés pour satisfaire son élan réformateur. Il s’en défend, mais l’heure est à la procrastination politique. Hormis l’assurance-chômage et peut-être la suppression des régimes spéciaux, tout ce qui peut fâcher – comme la refonte globale du système de retraite avec allongement de la durée de cotisation, pourtant érigée en « mère des réformes » – est reporté à un second mandat. M. Macron enjambe le scrutin présidentiel et se projette déjà au-delà en préparant un « plan d’investissement pour l’industrie, l’innovation et la recherche » à l’horizon 2030 et des « solutions inédites » en faveur de la jeunesse.

Le chef de l’Etat a annoncé, le 12 juillet, la création prochaine d’un « revenu d’engagement » (jusqu’à 500 euros par mois). Il bénéficiera à 1 million de « NEET » (acronyme anglais pour « ni en étude ni en emploi ni en formation ») âgés de 16 à 25 ans, auxquels s’ajouteraient 400 000 jeunes travailleurs précaires. Les jeunes n’ont pas été totalement oubliés durant le quinquennat, marqué par la relance de l’apprentissage ou un dédoublement des classes de CP destiné à attaquer le mal du décrochage à la racine. Depuis un an, le gouvernement a aussi mobilisé 9 milliards d’euros (aides directes, soutien à l’alternance, programme « 1 jeune 1 solution »…).

Donnant-donnant

La pandémie de Covid 19 a révélé au grand jour la précarité de nombreux étudiants et de jeunes travailleurs, soudain dépendants d’aides d’urgence pour survivre. Elle n’a fait qu’aggraver une situation socio-économique peu enviable : les moins de 30 ans représentent près de la moitié des 5,3 millions de pauvres vivant avec moins de 50 % du salaire médian (1 940 euros net en 2019), relève l’Observatoire des inégalités.

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« L’apprentissage en ligne n’en est qu’à ses débuts »

Une lycéenne lors d’un contrôle en ligne, chez elle à Chisseaux (Indre-et-Loire), le 27 mars 2020.

De nationalité espagnole et américaine et de culture française, Sidney Taurel est président du groupe britannique Pearson, numéro un mondial de l’apprentissage par les livres éducatifs et l’enseignement en ligne.

Pensez-vous que la crise sanitaire et les confinements vont modifier durablement le monde de l’éducation ?

Oui. La pandémie a changé la manière dont nous travaillons, vivons et apprenons, nous forçant à trouver des méthodes nouvelles et plus efficientes. L’apprentissage est à la clé de cette évolution et de toutes les opportunités qu’elle engendre. A preuve : la vitesse et l’échelle auxquelles cet apprentissage est passé en ligne, et l’accélération de la demande de nouvelles formes numériques pour apprendre.

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Dans ce marché du savoir où nous vivons désormais, le monde du travail évolue plus vite que la plupart des travailleurs. Ce phénomène crée un énorme besoin de reconversion et de perfectionnement. On estime que 30 % des jobs actuels tous secteurs confondus deviendront obsolètes d’ici 2030 et que l’immense majorité du reste sera transformée par l’automatisation. Les gouvernements, les employeurs et le monde de l’enseignement au sens le plus large doivent travailler en partenariat pour relever ces défis urgents de productivité et de compétences. C’est là un énorme pari.

Quels sont la taille et le potentiel de croissance du marché planétaire du e-learning ?

Le marché de l’apprentissage numérique en est encore à ses premiers pas ; il est estimé à seulement 3 % d’un marché mondial de l’apprentissage d’environ 6 000 milliards d’euros. En tant que leader mondial, Pearson est bien placé pour tirer parti des énormes opportunités qui s’ouvrent à mesure que l’apprentissage devient de plus en plus numérique. Aujourd’hui, près de trois quarts de son chiffre d’affaires (4 milliards d’euros en 2020) est directement ou indirectement en ligne. Un déplacement vers l’apprentissage en ligne était déjà en cours avant la pandémie, et celle-ci a fortement accéléré la demande de produits et services de qualité à distance et à grande échelle. Nous estimons que cette tendance forte continuera à l’avenir.

Quels enseignements le e-learning doit tirer des précédents confinements ?

Nous assistons à une quête de qualité. On reconnaît de plus en plus que la fourniture de matériel et services d’apprentissage à grande échelle en ligne requiert expérience, investissements et mise en pratique des sciences de l’enseignement. L’apprentissage virtuel réussi habilite l’apprenant à utiliser le matériel aux moments qui lui conviennent, selon un mélange flexible d’expériences synchrones (en temps réel) et asynchrones, de travaux en solo et d’interactions avec l’enseignant.

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Un salarié d’EDF contaminé dans la centrale nucléaire de Cruas-Meysse

Le logo d’Electricité de France (EDF), le 2 mars 2021.

Un salarié d’Electricité de France (EDF) a été contaminé lors d’une récente opération de maintenance à la centrale de Cruas-Meysse (Ardèche), son exposition radiologique ayant été supérieure à la limite réglementaire annuelle, a-t-on appris samedi 4 septembre auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Le gendarme du secteur a classé l’incident au niveau 2 (sur 7) de l’échelle internationale des événements nucléaires (échelle INES). Ce type d’incident est assez rare, seuls quelques cas surviennent chaque année.

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Le 24 août, deux intervenants vérifiaient, dans le bâtiment du réacteur 2 de cette centrale, l’étanchéité des alimentations d’air de robinets pneumatiques. Lors du contrôle réalisé à la sortie de zone contrôlée, une contamination a été détectée au niveau de la nuque d’un des salariés et la particule radioactive a été retirée, relate l’ASN, confirmant des informations du Dauphiné libéré.

Origine de contamination inconnue

L’exposition radiologique de l’agent a cependant été supérieure à la limite réglementaire annuelle fixée pour chaque centimètre carré de peau, mais « sans conséquence pour la santé du salarié », selon EDF, cité par le quotidien régional.

Le salarié concerné n’a pas été arrêté et poursuit son activité à la centrale, mais il ne pourra pas revenir en zone nucléaire avant un an, a précisé samedi un représentant d’Eléctricité de France à l’AFP. Il bénéficiera « d’un suivi médical par la médecine du travail, complémentaire au suivi classique des personnes intervenant en zone contrôlée », a précisé ce représentant.

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EDF et l’ASN ont fait savoir que l’origine de la contamination n’était pas connue. « Malgré les investigations menées sur le parcours suivi par l’intervenant, les zones ou les points de contamination qui ont pu être à l’origine de cette contamination n’ont pas pu être déterminés », écrit l’Autorité de sûreté nucléaire sur son site internet. Un rapport d’analyse de l’incident est attendu sous deux mois.

Cet incident de contamination est le quatrième depuis fin juillet en France, selon Franceinfo, qui a évoqué l’affaire samedi. Les précédents ont eu lieu à Cattenom (Moselle), Fessenheim (Haut-Rhin) et Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher).

Les chiffres de l’électricité en France

67 %

Telle est, en 2020, la part du nucléaire dans la production annuelle, contre 70 % en 2019, un plus bas historique, selon les données du réseau de transport d’électricité (RTE).

56

C’est le nombre de réacteurs en activité en France, depuis la fermeture des deux équipant la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) en 2020. Un seul réacteur, de type EPR, est en construction, à Flamanville (Manche), depuis 2007.

25 %

C’est la part dans la production d’électricité atteinte par les énergies renouvelables en 2020, soit un niveau record. Mais cela cache des réalités très différentes. L’essentiel est assuré par les barrages (13 %), puis arrivent l’éolien (7,9 %), le solaire (2,5 %) et les bioénergies (2 %).

8 %

C’est ce que représentent encore les énergies fossiles dans le réseau électrique français, largement décarboné. Il s’agit essentiellement de gaz. Le charbon n’a représenté que 0,3 % de la production.

460

C’est, en térawattheures, la consommation électrique française en 2020, en baisse de 3,5 % par rapport à 2019, en raison des conséquences de la pandémie de Covid-19.

Le Monde avec AFP

Salariat : « C’est maintenant le contrat psychologique qui prévaut dans la relation professionnelle »

Tribune. La rentrée professionnelle s’amorce et, déjà, il est clair que plus rien ne sera comme avant la pandémie due au Covid-19. Un constat est que le « contrat psychologique » devient le nouveau moteur des relations au travail.

Ce n’est pas le grand soir annoncé du « monde d’après », mais une métamorphose du monde du travail est en cours. La question du télétravail est au centre de cette évolution, mais ce serait un tort de ne voir que cela, et de considérer qu’il n’y a que des problèmes d’organisation à résoudre. Une erreur de penser qu’une fois les nouveaux horaires établis, les alternances présentiel-distanciel adoptées, la mise à disposition du matériel faite, le retour au travail s’effectuera sans heurt.

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Certes, il est important de s’atteler très vite à ces questions, mais si les réponses apportées par l’aspect légal sont nécessaires, elles ne seront pas suffisantes longtemps. Pourquoi ? Parce que les salariés ont changé, profondément changé, et si une de leurs premières attentes porte effectivement sur une meilleure conciliation de leur vie privée et de leur vie professionnelle, il ne faut pas que cela cache leur véritable aspiration : celle à travailler autrement.

Cet « autrement » est un véritable changement de paradigme, en gestation depuis des années, mais qui éclôt véritablement à cette rentrée, avec cette reprise de l’activité que nous voulons pérenne.

Popularisé par Denise Rousseau

Quelles en sont les manifestations ? Un rejet du management par le contrôle, un souhait d’autonomie dans son organisation personnelle, une attente de développement professionnel, une aspiration à la réalisation de soi. Les études montrent que les salariés veulent mettre à profit ce qu’ils ont appris pendant les mois de télétravail forcé et que, forts de ces apprentissages, ils se sentent plus à même de dialoguer avec leur management.

Le contrat de travail ne suffit plus, dans le sens où il ne peut apporter de réponses à ces changements, ce qui laisse beaucoup de directeurs des ressources humaines (DRH) ou de manageurs désemparés, s’ils ne comprennent pas ce qui est à l’œuvre.

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Ils doivent intégrer que le contrat psychologique prévaut désormais dans la relation professionnelle. Qu’est-ce que le contrat psychologique et qu’apporte -t-il ?

Ce concept a été mis au jour dès les années 1960 par des chercheurs se penchant sur la relation de travail, mais c’est Denise Rousseau, professeure à l’université Carnegie Mellon (Pennsylvanie), qui l’a vraiment défini, analysé et popularisé. Son article « Psychological and Implied Contracts in Organizations » publié en 1989 est une véritable révolution dans la compréhension de la relation de travail.

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Le variant Delta stoppe le rebond du marché du travail aux Etats-Unis

Une boutique proposant une offre d’emploi, à Times Square, à New York, le 6 août 2021.

Le chiffre, franchement mauvais, va tourner au casse-tête pour le président Joe Biden et la Réserve fédérale américaine (Fed). Les Etats-Unis n’ont créé en août que 235 000 emplois. C’est beaucoup moins que les 725 000 attendus par les économistes sondés par l’agence Bloomberg. Et c’est aussi une forte chute par rapport aux excellents chiffres, d’ailleurs révisés à la hausse, de juin et juillet, où 962 000 et 1,05 million d’emplois avaient été créés. Le taux de chômage, qui suscite moins d’attention politique, est tombé de 5,4 % de la population active à 5,2 %, mais il manque toujours 5,3 millions d’emplois par rapport à février 2020.

La Maison Blanche a accusé la reprise de la pandémie de Covid-19 pour expliquer ce retournement de tendance sur le front du marché du travail. « Il ne fait aucun doute que le variant Delta explique pourquoi les chiffres de l’emploi d’aujourd’hui ne sont pas meilleurs, a déploré Joe Biden. J’espérais un chiffre plus élevé. »

L’été devait signer le retour à la normale de l’économie. Il a en réalité été marqué par un renfermement : le port du masque est de nouveau imposé en intérieur, parfois en extérieur ; les tests Covid-19 sont exigés de plus en plus souvent, y compris pour les personnes complètement vaccinées.

L’emploi a reculé de 29 000 postes dans le commerce de détail, dans un pays où les caisses sont désormais automatiques, tandis que les secteurs des loisirs, de l’hôtellerie et de la restauration n’ont pas créé de jobs : il en manque pourtant encore 1,7 million par rapport à début 2020 dans ces activités.

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Un dossier brûlant politiquement

Le président a réitéré la nécessité pour davantage d’Américains de se faire vacciner afin que les choses reviennent à la normale, affirmant que les Etats-Unis n’étaient « pas là où nous devons être dans notre rétablissement » ; 52,7 % de la population seulement est complètement vaccinée, tandis que 62 % ont reçu au moins une dose.

L’affaire va rapidement devenir brûlante politiquement. Les allocations-chômage fédérales, qui atteignent 300 dollars (252 euros) par semaine, arrivent à expiration ce week-end. Quelque 10 millions d’Américains devraient perdre tout ou partie de ces versements – il existe aussi des aides au niveau des Etats.

Ces aides fédérales ont été accusées par les républicains et une partie des employeurs, à la peine pour trouver de la main-d’œuvre, notamment dans la restauration, de favoriser le chômage volontaire. A gauche, au contraire, les démocrates progressistes s’inquiètent, tandis que les équipes de la Maison Blanche sont divisées, selon une enquête du Washington Post.

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L’intersyndicale de SFR s’oppose au nouveau plan social, jugé entaché d’« illégalités manifestes »

Une boutique SFR, à Paris, le 29 novembre 2019.

La parenthèse estivale est déjà loin pour les salariés de SFR. En pleine rentrée, se profile déjà une vague de départs qui cible environ 1 700 postes, soit près d’un salarié du groupe sur cinq.

Les représentants des personnels des différentes entités de l’opérateur doivent rendre leurs avis sur le plan social d’ici au lundi 6 septembre. Celui-ci pourra ensuite être formellement déposé à la direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Drieets, anciennement la Direccte), un préalable avant l’ouverture du guichet des départs dans les semaines qui viennent.

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Surpris par l’annonce du plan social au mois de mars, les syndicats de SFR le contestent tant sur la forme que sur le fond. Sur la forme, d’abord, parce que la procédure est selon eux entachée d’irrégularités. Les secrétaires du comité social et économique (CSE) central de l’opérateur ont ainsi refusé, mercredi 1er septembre, de rendre un avis sur le plan de restructuration au motif qu’il serait affecté d’« illégalités manifestes », écrivent-ils dans une résolution adoptée à l’unanimité, que Le Monde a pu consulter.

Une direction « en mode rouleau compresseur »

L’intersyndicale, qui réunit les syndicats majoritaires de l’entreprise (UNSA, CFDT et CFTC), accuse notamment la direction d’avoir violé les accords pris en parallèle du précédent plan de départs de 5 000 postes en 2017.

A l’époque, SFR s’était engagé sur un « new deal », qui garantissait la protection des emplois jusqu’à fin 2020. Selon les syndicats, le nouveau plan social a été décidé pendant cette période, ce qui pourrait constituer une fraude à ces accords. D’autant qu’en octobre 2020, les dirigeants de SFR se montraient encore optimistes quant au maintien des emplois dans les années à venir. L’affaire a été portée devant le tribunal judiciaire de Paris, qui doit se prononcer le 21 septembre.

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Autre grief : le plan de départs volontaires en cours de préparation ciblerait à mots couverts des postes précis ; « 43 % des salariés visés [par le plan] sont seuls dans leurs catégories [d’emplois] et 27 % des postes supprimés appartiennent à des catégories totalement supprimées », observent ainsi les élus sur la base du rapport du cabinet Sextant, qui les a assistés. Ils expriment également leurs inquiétudes quant aux conditions de travail des salariés qui resteront dans le groupe après la prochaine baisse des effectifs.

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L’Espagne prépare une nouvelle hausse du salaire minimum

Manifestation pour l’augmentation du salaire minimum, à Madrid, le 14 juillet.

Pour la troisième année consécutive et après une hausse cumulée de 31,8 % depuis 2018, l’Espagne s’apprête à augmenter de nouveau le salaire minimum (SMI). Mercredi 1er septembre, le ministère du travail, les principaux syndicats et les organisations patronales ont maintenu une réunion pour aborder la question. A défaut d’accord, ils se sont donné rendez-vous, lundi 6 septembre, pour reprendre les négociations.

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« Il n’y aura pas de reprise économique si elle n’est pas juste, et ne parvient pas à toutes les strates de notre société, a d’ores et déjà défendu le chef du gouvernement de gauche, le socialiste Pedro Sanchez, qui a promis, ce 1er septembre lors d’une conférence de rentrée, « une augmentation immédiate du salaire minimum ». Il a confirmé son objectif : « Qu’il atteigne 60 % du salaire moyen en 2023, à la fin de la législature, comme le fixe la charte sociale européenne. » A cause de la pandémie, cette hausse du SMI, retardée de neuf mois, devrait toutefois être bien plus modérée que celles de 2019 (+ 22,3 %) et de 2020 (+ 5,5 %). Pour ne pas dire purement symbolique.

Durant la réunion de mercredi, le ministère du travail a proposé aux partenaires sociaux une augmentation de 1,6 %, soit 17 euros mensuels. Celle-ci porterait le SMI à 1 125 euros par mois (payé 965 euros en 14 mensualités par an). Elle serait suivie d’une augmentation de 36 euros mensuels en 2022, ainsi qu’en 2023. Près de 1,6 million de travailleurs seraient concernés.

Jugeant la hausse insuffisante, les syndicats demandent « plus de courage » au gouvernement

Jugeant la hausse insuffisante, les syndicats demandent « plus de courage » au gouvernement, au vu de l’inflation, qui dépasse les 3 %, et à la flambée des prix de l’électricité, tandis que le patronat est opposé à toute revalorisation. « Ce n’est pas le moment : nous sortons d’une année et demie horrible », a rappelé mercredi le président de la Confédération espagnole des organisations entrepreneuriales (CEOE), Antonio Garamendi, qui a rapporté l’inquiétude des petits agriculteurs et chefs d’entreprise. « Dans certaines régions, [cette mesure] va condamner les gens au travail au noir » et « constituer une barrière pour l’emploi des jeunes ».

Quant à l’exécutif, il s’est montré divisé sur la question. Ces derniers mois, la ministre de l’économie, l’orthodoxe Nadia Calviño, ex-directrice générale des budgets à la Commission européenne, s’était opposée à l’augmentation du SMI défendue par la ministre du travail communiste Yolanda Diaz, devenue la principale ministre issue de la gauche radicale Unidas Podemos depuis le départ du gouvernement de Pablo Iglesias. La vigueur de la reprise économique, avec une croissance du PIB attendue de 6,5 % en 2021 et 7 % en 2022 et le retour au nombre de travailleurs affiliés à la Sécurité sociale antérieur à la pandémie, auraient vaincu ses réticences.

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« Les Chimpanzés et le télétravail »: un regard évolutionniste sur les transformations du travail

Le livre. Les confinements imposés par la crise du Covid-19 ont provoqué un retournement brutal des habitudes de travail, ancrées depuis la fin du XVIIIe siècle : une majorité de personnes n’allant plus au travail mais le travail venant à elles. Le modèle qui a prévalu depuis le premier âge des machines instauré par la révolution industrielle va-t-il se transformer avec l’affirmation d’un deuxième âge des machines ? interroge Pascal Picq dans Les Chimpanzés et le télétravail (Eyrolles).

« Les Chimpanzés et le télétravail. Vers une (r)évolution anthropologique », de Pascal Picq. Eyrolles, 256 pages, 18 euros.

« Par-delà la règle empirique qui fait que l’Histoire pas plus que l’évolution ne reviennent en arrière, nos sociétés vont changer avec les nouvelles formes de travail et ses conséquences à peine esquissées sur la vie privée, les transports, la ville et à l’échelle mondiale. Ni plus ni moins qu’une nouvelle phase de l’évolution de l’humanité, comme ça a toujours été le cas avec le déploiement de nouvelles technologies généralisées, le feu il y a deux millions d’années, aujourd’hui le numérique », affirme le paléoanthropologue au Collège de France. Son essai propose un regard évolutionniste sur les transformations du travail, en s’appuyant sur l’anthropologie et l’éthologie.

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Après une brève histoire de l’évolution du travail, des moyens de production et de leur impact sur la vie des personnes, l’ouvrage dresse un bilan de l’expérience du télétravail massif dans le monde pendant la pandémie pour ensuite replacer les bouleversements actuels dans une perspective évolutionniste.

Les femelles se distinguent

Dans une période de crise, la sélection naturelle sélectionne. « Pardon pour la tautologie, pourtant nécessaire tellement l’idée dominante est celle de la loi du plus fort et de l’élimination des autres. Plus encore, elle ne crée rien, elle sélectionne ! Il faut donc analyser les changements actuels au regard de ce qui se faisait en termes de travail à distance avant la pandémie, sélectionner les bonnes pratiques, réduire si ce n’est éliminer les pratiques obsolètes et certainement en inventer d’autres. »

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Une nouvelle écologie du travail et des tâches va se mettre en place, qui doit s’inscrire dans les tendances déjà engagées des entreprises dans leur numérisation, leur automation, leurs problématiques sociales et environnementales dans une perspective écosystémique.

Et les chimpanzés dans tout ça ? Les changements d’organisation du travail impliquent de nouvelles formes de vie individuelle, en groupes et entre groupes que l’on rencontre chez différentes espèces de singes et de grands singes. Comment passer d’organisations du travail verticales et descendantes, où l’erreur n’est pas tolérée, comme chez les macaques, à des organisations de type chimpanzé ?

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Quand les insultes pleuvent : être reporter par temps de manifestation

Une pancarte  « Les médias sont le virus » lors une manifestation contre le passe sanitaire, à Perpignan, le 7 août 2021.

« Traité deux fois de collabo et une fois de traître en une après-midi. Des broutilles. » Samedi 28 août, pour la première fois de l’été, aucun journaliste n’a été molesté lors d’une manifestation des opposants au passe sanitaire.

Comme en témoigne ce SMS de Julien Pain, reporter pour la chaîne de télévision Franceinfo, les insultes n’ont cependant pas manqué de fuser. Mais « je ne me suis senti à aucun moment en danger. J’ai travaillé comme d’habitude », insiste celui qui préparait alors son magazine « Vrai ou fake », qui sera diffusé dimanche à 21 h 15. « Comme d’habitude », c’est-à-dire avec un agent de sécurité dans son sillage, prêt à intervenir en cas de problème.

Depuis les mobilisations contre la loi travail en 2016, et plus certainement depuis celles des « gilets jaunes », couvrir les manifestations n’est pas sans risque.

La liste des incidents, plus ou moins graves, qui ont émaillé l’été, le prouve : personne n’y échappe. Ni les journalistes des stations locales – jet d’œufs sur la vitrine de France Bleu Belfort-Montbéliard le 31 juillet, insultes proférées devant France Bleu Roussillon à Perpignan, ainsi qu’au siège de France 3 Caen le 14 août –, ni ceux de France Télévisions – coups de pied donnés à des reporters de France 2 à Marseille, le 24 juillet –, ni la presse écrite – tentative d’intrusion dans les bureaux de L’Est républicain, locaux du Dauphiné libéré tagués le 31 juillet, éparpillement de journaux devant L’Indépendant, à Perpignan, le 21 août, ni les agences de presse – crachats et insultes à deux consœurs de l’Agence France-Presse (AFP) à Paris, le 31 juillet.

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Des brutalités récurrentes, décomplexées, avec lesquelles les rédactions ont appris à composer. Jusqu’au 22 juillet, où, à BFM-TV, on a décidé de dire stop.

« Jusque-là, nous mettions un point d’honneur à ne pas parler de ces violences, car nous ne voulons pas devenir acteurs des événements, raconte Céline Pigalle, la directrice de la rédaction. Mais, ce jour-là, on s’est dit que ne pas en parler, c’était passer sous silence une composante de ces manifestations. Le grand public ne mesure pas qu’il y a cette dureté-là à notre encontre, qui n’est pas tolérable. »

Le rédacteur Igor Sahiri et la journaliste reporter d’images Philippine David, pourtant accompagnés chacun d’un garde du corps, venaient d’être pris pour cible par des antipasses rassemblés devant le Sénat, insultés et poursuivis jusqu’à devoir être exfiltrés. Une scène sidérante d’agressivité collective, spontanée et incontrôlable.

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