Archive dans juin 2020

Médecins, directeurs, agences régionales de santé : à l’hôpital, qui doit gouverner ?

Une infirmière, dans un couloir de l’hôpital Saint-Louis, à Paris, le 28 mai.

« Un hôpital, c’est fait pour soigner des patients. Du coup, quand tout le monde est focalisé là-dessus, ça râle beaucoup moins », plaisantait, mi-avril, un directeur d’établissement hospitalier de l’est de la France, en pleine crise due au Covid-19. Il se disait surpris par « la diminution des dissensions et par la synergie autour d’un objectif commun » : lutter contre l’épidémie.

Paradoxalement, cette période de crise sanitaire a souvent constitué un moment d’union et d’apaisement des tensions dans une communauté hospitalière structurée par l’éternelle opposition entre soignants et administratifs. Une question « archaïque » pour Jérémie Sécher, président du Syndicat des manageurs publics de santé (SMPS), qui veut croire que le problème n’est plus là. « C’est le dixième ou le vingtième épisode d’un faux nez », estime-t-il.

Forte pression financière

La répartition du pouvoir entre administratifs et soignants est en effet un débat vieux comme l’hôpital, qui a balancé au fil des époques. Depuis les réformes de 2005 et de 2009, la structure hiérarchique d’un hôpital public est partagée entre médical et administratif.

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D’un côté, une direction administrative, chapeautée par un directeur nommé par le ministre et soumis aux consignes des agences régionales de santé (ARS) et du ministère. Le directeur siège au sein d’un conseil de surveillance, composé d’élus locaux, de représentants du corps médical, du personnel et des publics. Il préside également le directoire.

De l’autre, la commission médicale d’établissement (CME), qui représente le corps médical et dont le président élu siège lui aussi au directoire. La CME est composée des chefs de pôle, de service et de représentants, pour partie élus, des divers pôles et corps de métiers médicaux.

Les tensions sociales à répétition au sein des hôpitaux se sont accompagnées d’une volonté de redonner plus de pouvoir aux médecins face aux administratifs

Le climat austéritaire de la décennie écoulée, avec une forte pression financière exercée sur les directions hospitalières, a conduit à un mouvement de balancier vers ces dernières, parfois mal vécu par les médecins. « Tout est toujours vu par ce prisme de la contrainte budgétaire », soupire ainsi Rémi Salomon, qui préside la CME de l’Assistance publique-Hopitaux de Paris (AP-HP), pour qui la crise démontre qu’un fonctionnement apaisé est avant tout affaire de moyens.

Les tensions sociales à répétition au sein des hôpitaux se sont accompagnées d’une volonté de redonner plus de pouvoir aux médecins face aux administratifs. « Ces derniers mois, on ne parle pas de moyens en plus, mais de comment médicaliser la gouvernance », notait déjà un directeur en novembre 2019. Un mois plus tard, Agnès Buzyn, alors ministre de la santé, chargeait le professeur Olivier Claris, président de la CME des Hospices civils de Lyon (HCL), d’une mission autour de la « médicalisation de la gouvernance », suscitant l’inquiétude des directions hospitalières. « Macron veut nous pendre. On va devenir consultant à 1 500 euros par jour pour les médecins qui deviendront directeurs », plaisantait alors un directeur.

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Chez Volkswagen, un conflit éclate entre direction et syndicat

A Dortmund, le 25 mai 2020.

Volkswagen (VW), premier constructeur automobile mondial, est menacé d’une grave crise de gouvernance, à un moment particulièrement délicat de son histoire. Deux ans après son arrivée à la tête du groupe, le PDG Herbert Diess subit le désaveu du Betriebsrat, l’instance de représentation des salariés, qui joue traditionnellement un rôle très important chez VW. Lundi 8 juin dans la soirée, le groupe a annoncé un changement inattendu au sein du directoire : Herbert Diess renonce à diriger la marque Volkswagen, et le directeur des achats, Stefan Sommer, doit quitter l’entreprise un an avant la fin de son contrat.

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La perte de confiance entre les salariés et la direction pourrait être le prélude de nouveaux blocages chez VW. Depuis plusieurs jours, les dissensions entre le PDG Herbert Diess et le président du Betriebsrat, Bernd Osterloh, s’étalent au grand jour dans la presse. Au point que la question du maintien en poste du PDG a été posée au sein du conseil de surveillance, où siègent pour moitié des représentants du personnel.

Problèmes de logiciels

M. Osterloh reproche à M. Diess des erreurs de management qui ont conduit à des retards importants sur deux projets clé : la Golf 8 et la voiture électrique ID.3. Ces deux modèles, censés incarner l’avenir électrique et connecté de VW, souffrent de graves problèmes de logiciels, qui ne sont pas la spécialité du groupe allemand.

Sur le fond, le bras de fer entre les deux hommes est aussi lié à une lutte d’influence pour l’avenir de Volkswagen. Le groupe allemand se distingue de ses concurrents par l’originalité de sa structure, héritée de son histoire : le Betriebsrat, dominé par le syndicat IG Metall, se considère comme un co-dirigeant de l’entreprise. Il défend le maintien des emplois en Allemagne, et en particulier au siège du groupe à Wolfsburg, contre un excès de délocalisations. Il bénéficie le plus souvent dans les arbitrages du soutien du land de Basse-Saxe, qui détient 20 % du capital. En face, la direction opérationnelle doit négocier ses réformes davantage qu’ailleurs, avec le soutien de la famille actionnaire. Le respect de cet équilibre est une condition de réussite des dirigeants, il a souvent pour corollaire une lenteur et un certain conservatisme.

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Or Volkswagen, déjà ébranlé par l’affaire des moteurs diesel truqués en 2015, doit faire un énorme effort pour s’adapter à l’évolution rapide du marché automobile. Herbert Diess s’est hissé au printemps 2018 à la tête du groupe avec l’objectif de faire passer en quelques années le constructeur traditionnellement spécialiste du moteur à explosion en un leader mondial de la mobilité électrique et connectée. Porté par la famille actionnaire, il a également bénéficié à l’époque du soutien du Betriebsrat, conscient de la pression de la concurrence chinoise et californienne.

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Un rapport sénatorial réclame la revalorisation du métier de directeur d’école

Peut-on encore ignorer le rôle « à part » des directeurs d’école, en première ligne dans la gestion de la crise sanitaire puis du déconfinement scolaire ? La commission de la culture et de l’éducation du Sénat a décidé de prendre appui sur cette actualité, dans un rapport rendu public le 9 mai. Le texte, cosigné par Max Brisson (Les Républicains) et Françoise Laborde (Parti radical de gauche), veut rouvrir ce chantier laissé en suspens, en soulignant la « position ambiguë » de ce poste de directeur, mise en lumière par la crise du Covid-19 : celui-ci doit assurer le fonctionnement de l’école, sans avoir de véritable autorité, ni d’autonomie, tout en assurant souvent une charge d’enseignement.

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La vague d’indignation qui a suivi, à l’automne 2019, le suicide de Christine Renon − une directrice de Pantin (Seine-Saint-Denis) retrouvée morte dans son école maternelle − a déjà poussé l’éducation nationale à annoncer mi-novembre des mesures d’« urgence », dont un moratoire sur les enquêtes administratives et l’ajout d’une journée de décharge supplémentaire pour les directeurs.

Ces mesures sont jugées peu efficaces par les sénateurs. Ils notent une charge de travail accrue et la multiplication des interlocuteurs, qui, associés à une faible reconnaissance financière, engendrent une baisse générale de l’attractivité du métier. Selon des sources syndicales citées dans le rapport, 4 000 postes de directeur peinent à trouver preneur chaque année, sur les 44 902 écoles publiques en France.

Les sénateurs proposent donc d’abaisser le seuil des « décharges », soit le fait, pour un enseignant, d’être remplacé sur tout ou partie de son temps de classe, dans les grandes écoles. La mesure est réclamée par la profession : dans une enquête menée du 13 novembre au 1er décembre 2019 par l’éducation nationale auprès des directeurs, l’abaissement du seuil de décharges était spontanément cité par 36 % des 29 007 répondants parmi les pistes d’amélioration des conditions de travail.

Besoins exprimés par la profession

Mais l’évolution la plus forte proposée par les sénateurs tiendrait à la création d’un « emploi fonctionnel » pour les directeurs. Le mot renvoie, dans la fonction publique, à des contrats temporaires de direction. Il permettrait d’offrir une plus grande autonomie et un régime d’indemnité plus favorable que la prime actuelle (entre 200 et 400 euros par mois, selon l’ancienneté et la taille de l’école).

En proposant la création d’un « détachement » renouvelable plutôt que d’un « statut », le Sénat espère donner l’autorité à la fonction et non à la personne − à l’inverse d’un enseignant qui entrerait dans un « corps » de directeurs d’école. Ce faisant, le Sénat ajuste sa position aux besoins exprimés par la profession.

Au printemps 2019, les sénateurs avaient en effet tenté de créer, par amendement, un « statut hiérarchique » des directeurs d’école dans la loi « pour une école de la confiance ». Cette initiative avait provoqué l’ire des organisations syndicales avant d’être retoquée par l’Assemblée. Attachés au fonctionnement en équipe, les enseignants du primaire ne souhaitent pas la création d’un statut comparable à celui des « chefs d’établissement » du second degré. Beaucoup tiennent aussi au cumul avec le travail en classe.

La création de postes de mission de direction − sans toucher au statut − est aussi au cœur d’une proposition de loi de la députée Cécile Rilhac (La République en marche), qui sera débattue dans l’Hémicycle « la semaine du 22 juin », selon l’élue du Val-d’Oise. Un hasard de calendrier qui n’en est pas vraiment un. La proposition de loi, « soutenue par la majorité », assure Cécile Rilhac, a été mise à l’ordre du jour « pour tirer les leçons de la crise » du Covid-19. « D’un point de vue politique, tout cela est très bien joué, commente Dominique Bruneau, en charge du premier degré au SGEN-CFDT. Avec la crise, il est devenu impossible de nier que le directeur n’est pas un enseignant comme les autres. »

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Dans les rangs syndicaux, les avis sont partagés sur l’ouverture de ce nouveau front parlementaire, alors que l’agenda social, suspendu par le confinement, va reprendre sur le sujet. Le SGEN-CFDT soutient de longue date l’idée des « emplois fonctionnels », mais le SNUipp-FSU, majoritaire dans le premier degré, est plus réservé. « L’idée d’une mission signifie qu’on renouvelle les directeurs régulièrement, ce qui a des bons et des mauvais côtés », souligne Francette Popineau. La CGT, elle, dit déjà craindre le retour, sous une autre forme, du « statut » des directeurs.

Crise due au Covid-19 : le retour à la normale de l’activité économique attendu au mieux en 2022

Ouvriers sur un chantier à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), le 28 mai 2020.

Moins de temps passé devant la télévision ou sur les plates-formes de jeu en ligne, plus de temps passé en voiture ou à vélo dans les grandes villes, un niveau de pollution qui augmente… des indicateurs inhabituels pour les économistes, mais qui permettent de déceler la reprise de l’activité économique. « Le retour au travail devient de plus en plus visible », indiquent ainsi les experts de CIB-Natixis dans une note publiée lundi 8 juin, fondée sur l’observation de ces données.

« Il y a des secteurs qui ont pratiquement retrouvé leur niveau d’avant », confirme François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, mardi 9 juin sur Franceinfo. Mais si la reprise s’amorce, le PIB devrait bien plonger de 10 % cette année, selon Banque de France. Et le retour à la situation « d’avant-Covid » sera long pour une rémission seulement mi-2022. Le chômage, lui, pourrait atteindre 11,5 % à mi-2021, contre 8,1 % au second trimestre de 2019.

Ruée dans les magasins de sport

Reste que la reprise est là. Les commerçants ou chefs d’entreprise voient revenir depuis le déconfinement, le 11 mai, les clients ou consommateurs. Les premiers gagnants sont à n’en pas douter les vélos. Depuis le 11 mai, c’est la ruée dans les magasins de sport ou spécialisés. Si Decathlon ne donne pas de chiffres, Intersport annonce vendre plus de 4 000 vélos par jour. C’est 2,5 fois plus que l’année précédente, pour la même période, et même près de 3,5 fois plus pour les seuls VTT. Globalement, l’Union Sport & Cycle, la fédération du secteur, enregistre une hausse de 114 % des ventes (accessoires compris) pour les trois dernières semaines de mai, par rapport à l’année 2019.

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Entre la crainte de reprendre les transports en commun, les mesures d’aide contenues dans le plan de relance et le bas de laine accumulé pendant le confinement, les Français sont nombreux aussi à rêver d’une nouvelle voiture. « Les gens se bousculent dans les concessions automobiles », a même déclaré la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher mercredi 3 juin sur Franceinfo. « Il y a un vrai frémissement, en particulier sur le Web, avec des recherches plus spécifiquement ciblées sur les bonnes affaires », confirme Eric Champarnaud, fondateur de la société de conseil en marketing C-Ways.

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Le textile et l’habillement profitent aussi de l’envie de consommer. « Certaines clientes abusent. Elles essayent une douzaine de vêtements. D’autres osent essayer chez nous ce qu’elles ont acheté chez H&M ou Zara, avant de les rendre si cela ne leur convient pas », déplore même une élue syndicale de l’enseigne de prêt-à-porter Pimkie qui, contrairement à d’autres, a laissé ses cabines d’essayage ouvertes. Les ventes, si elles n’ont pas repris leur niveau d’avant-crise, « sont bien meilleures que prévu », selon la syndicaliste.

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Des pistes pour doper la générosité, des morts comme des vivants…

Le rapport « Pour une philanthropie à la française », rendu au gouvernement le 9 juin, propose d’assouplir la réserve héréditaire.

Les conflits autour de la succession de Johnny Hallyday (1943-2017) avaient rouvert le débat sur la réserve héréditaire – cette part d’héritage qui revient forcément, en France, à certains héritiers, notamment les enfants. Mais en dehors des pages people, la notion fait aussi souvent débat dans le monde de la philanthropie, certains estimant que pour attirer plus de fonds vers les fondations et associations, il faut permettre de léguer à une cause plus qu’il n’est possible de le faire aujourd’hui.

Si le secrétaire d’Etat Gabriel Attal s’est plusieurs fois prononcé pour un assouplissement de la réserve héréditaire, il devrait se trouver conforté par un rapport sur l’évolution de la philanthropie en France, que deux députées, Naïma Moutchou (LRM, Val-d’Oise) et Sarah El Haïry (MoDem, Loire-Atlantique), rendent au gouvernement ce 9 juin en fin de matinée, et que Le Monde a pu consulter.

Commandé par le gouvernement en 2018, « Pour une philanthropie à la française » affiche trente-cinq propositions visant à développer une « philanthropie à la française ». En voici six qui concernent la générosité des ménages et leur patrimoine.

  • Plus de liberté dans l’héritage

Aujourd’hui, une personne ayant un enfant peut choisir à sa guise à qui reviendra la moitié de son patrimoine après sa mort (c’est la « quotité disponible », qui ne fait pas partie de la fameuse réserve héréditaire). C’est un tiers en présence de deux enfants. Un quart avec trois enfants ou plus.

Le rapport propose que quand « le patrimoine transmis l’est dans l’intérêt général », la quotité disponible ne puisse être inférieure au tiers de l’héritage, même avec trois enfants.

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Il préconise un assouplissement plus fort de la réserve héréditaire au-delà de 10 millions d’euros de patrimoine : qu’en cas de legs, la part dont on peut disposer à sa guise ne puisse être inférieure à la moitié de la succession, même avec trois enfants.

  • Des dons sur succession plus souples

Un don permet déjà aujourd’hui de réduire les droits de succession : il peut être déduit de l’assiette taxable s’il est réalisé dans les six mois du décès, qu’il est consenti à une association ou fondation d’utilité publique et qu’il est prélevé sur la succession.

Pour les successions complexes ou les décès soudains, ces six mois ne suffisent pas toujours pour prendre connaissance de l’actif successoral et avoir le recul nécessaire pour prendre une décision patrimoniale importante, explique Sarah El Haïry, préconisant un an.

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L’Etat débloque 15 milliards d’euros pour soutenir la filière aéronautique

A l’aéroport de Roissy, le 25 mai.

La distribution continue pour venir en aide à tous les secteurs en grandes difficultés. Après un plan de 18 milliards d’euros pour sauver l’industrie du tourisme, puis encore 8 milliards d’euros pour la filière automobile, c’est au tour de l’aéronautique de bénéficier d’une pluie de milliards d’euros. Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a annoncé, mardi 9 juin, un plan de soutien massif à l’aéronautique d’un montant de plus de 15 milliards d’euros. « Il est proportionné à la violence qu’a représentée la crise en ce début d’année et à son impact durable sur le trafic aérien », justifie M. Le Maire.

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Cette aide de l’Etat était très attendue par toute la filière qui regroupe au sens large près de 300 000 emplois et dégage 58 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, et qui souffre des conséquences de la pandémie de Covid-19. « Ce plan va nous aider très fortement », soupire de soulagement un gros industriel du secteur. Pour preuve, les deux fleurons de l’aéronautique, l’avionneur européen Airbus, qui emploie 47 000 salariés en France, et le motoriste Safran, 95 000 salariés dans le monde dont 45 000 dans l’Hexagone, ont connu une chute brutale de leurs activités.

« Répondre à l’urgence »

Celle d’Airbus a reculé de 40 % tandis que Safran a reconnu un repli de 50 % son chiffre d’affaires et de son activité. Pour atteindre cette manne de 15 milliards d’euros, le plan échafaudé par l’Etat, après des discussions serrées avec les grands industriels, devrait toutefois intégrer une partie des 7 milliards d’euros déjà accordés à Air France notamment sous la forme d’un prêt garanti de 4 milliards et d’un prêt direct de 3 milliards.

Le premier objectif de ce plan de soutien est de « répondre à l’urgence en soutenant les entreprises en difficulté et protéger leurs salariés », déclare M. Le Maire. Notamment, confirme Bercy, en s’attachant à d’abord « sauver les emplois et les compétences » du secteur qui fait travailler plus de 35 000 ingénieurs. Selon le ministère de l’économie et des finances, « ce sont 100 000 emplois qui seraient menacés dans les mois qui viennent » si rien n’est fait.

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Pour éviter une telle hécatombe, le gouvernement a décidé « d’activer les garanties à l’export (…) pour éviter les annulations et reports de commandes d’avions », indique le ministre de l’économie. Les autorités ont décidé d’accorder aux compagnies aériennes « un moratoire de douze mois pour rembourser leurs emprunts auprès des banques », explique Bercy. Une mesure qui devrait apporter 1,5 milliard d’euros de trésorerie dans les caisses des compagnies aériennes. Mais comme « la reprise devrait être longue : les prévisions actuelles pour le transport aérien n’anticipent pas de retour au niveau précrise avant 2023 », ajoute le ministre, l’Etat veut proposer à la Commission européenne « d’allonger la durée pendant laquelle les compagnies ne remboursent pas leurs nouveaux crédits » pour des achats d’avions. Aujourd’hui fixée à six mois, cette facilité de paiement pourrait, à terme, passer à dix-huit mois.

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L’accord de performance collective se précise à « L’Equipe »

Six jours de RTT au lieu de vingt-deux, une baisse de salaire légèrement supérieure à 10 %, gel des augmentations collectives (mais pas individuelles) : un projet d’accord de performance collective a été présenté aux représentants syndicaux de L’Equipe, lundi 8 juin, conformément à une communication qui avait été faite aux salariés dans la soirée du 31 mai.

« 2020 sera la pire année de la SAS l’Equipe avec un déficit de 16 millions d’euros », justifie Jean-Louis Pelé, le directeur général du groupe (L’Equipe, L’Equipe Magazine, la chaîne L’Equipe, L’Equipe.fr, Vélo Magazine, France-Football, Sport & Style), en introduction d’un mail envoyé lundi après-midi ; il y évoque « une perte de plus de 60 % de la vente au numéro depuis trois mois et une chute des recettes publicitaires de 70 % ».

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La reprise prochaine des événements sportifs lui paraît peu susceptible de rattraper le temps perdu : « La dernière crise externe que nous avons subie, lors des attentats du 13 novembre 2015, avait entraîné un décrochage de la vente au numéro que nous n’avons jamais retrouvée », assure le dirigeant. Les perturbations dans la distribution des journaux, dues à la crise chez Presstalis « dont les effets économiques (…) ne sont pas encore tous connus » précipitent L’Equipe dans une situation qui n’aurait pas dû arriver avant 2023.

« Malgré ce trou d’air économique, mon objectif est de maintenir la production de contenus de qualité et d’accélérer la transition numérique pour être prêt à rebondir avec le retour d’une forte actualité, dès 2021 », précise au Monde Jean-Louis Pelé, qui propose de baisser sa rémunération de 15 %.

Départs à la retraite favorisés

A ces baisses de salaire et de jours de RTT s’ajoutent d’autres propositions – la possibilité d’ouvrir un compte épargne temps permettant d’épargner dix jours par an, la mise en place du télétravail à hauteur d’un jour fixe par semaine ou un forfait de 35 jours –, et les départs à la retraite seraient favorisés. Selon une source syndicale, une soixantaine de personnes atteindront ou dépasseront l’âge de 60 ans au cours des quatre prochaines années.

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En échange, la direction s’engage à ne pas procéder à des licenciements économiques jusqu’en 2024, mais un salarié qui refuserait l’application de cet accord, dans le cas où les organisations syndicales l’accepteraient, pourrait être contraint au départ. « Une approche similaire » sera prochainement soumise aux salariés de la chaîne de télévision La chaîne L’Equipe.

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Faut-il assouplir les 35 heures à l’hôpital ?

Des infirmières et aides soignantes se retrouvent au poste de soin de l’hôpital Delafontaine, lors de la crise du Covid-19, à Saint-Denis, le 3 avril.

Au plus fort de l’épidémie de Covid-19, Sandrine (le prénom a été changé), infirmière de jour au CHU de Nantes, n’a pas eu la tête sous l’eau. Au contraire. Son établissement, dans une région relativement épargnée par la maladie, n’a pas vu déferler la vague de patients anticipée. Les forces supplémentaires, recrutées pour l’occasion, ont pu faire autre chose et soulager les équipes habituelles. « Ça nous a donné une bouffée d’oxygène, la descente est d’autant plus dure, raconte-t-elle. On court tout le temps, j’ai comme un nuage de mémos adhésifs qui tournent dans ma tête, c’est usant. »

Son contrat de travail stipule qu’elle doit travailler sept heures trente par jour. Dans ce laps de temps, constate-t-elle, il faut effectuer de plus en plus de tâches, en raison des effectifs contraints. Au fil de sa carrière, Sandrine a vu fondre la durée des « transmissions », ce précieux temps où les équipes se passent le relais, réduit aujourd’hui à quinze minutes. « Dans mon service, quand j’ai 16 patients à transmettre, c’est matériellement impossible. Tous les jours, on fait du rab », explique la quadragénaire.

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Comment réussir à appliquer les 35 heures à l’hôpital ? En embauchant, disent les uns ; en desserrant l’étau réglementaire pour pouvoir enfiler les heures supplémentaires − et les rémunérer −, imaginent les autres.

Aucun gouvernement, jusque-là, n’a pris le risque de rouvrir frontalement ce dossier, qui est l’une des arlésiennes hospitalières. Il est aujourd’hui de nouveau sur la table. La question « n’est pas un tabou (…), le maître-mot doit être le pragmatisme », a déclaré le premier ministre, Edouard Philippe, le 25 mai, en préambule du « Ségur de la santé », la concertation qui doit aboutir avant mi-juillet à une « refondation du système de santé » français. Dix jours plus tôt, le ministre de la santé, Olivier Véran, avait lancé : « N’est-ce pas incohérent de maintenir les 35 heures alors que certains, pour gagner plus, travaillent en dehors en toute légalité ? » Il a ensuite évoqué la nécessité de trouver de la « souplesse ». Certains agents, en effet, arrondissent leurs fins de mois en cumulant les emplois.

« On manque d’agents »

Les rythmes de travail à l’hôpital sont aujourd’hui, dans les faits, très divers : l’accord local en vigueur à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) autorise des organisations en 7 heures 30, 7 heures 36, 10 heures et 12 heures, ces dernières étant dérogatoires et réservées à des nécessités absolues de service, comme en réanimation, en soins intensifs ou aux urgences.

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Le gouvernement ouvre la porte à un statut spécifique des travailleurs des plates-formes

Un livreur Deliveroo, à Paris, le 27 mars.

Livreurs Deliveroo, chauffeurs Uber… Les travailleurs des plates-formes ont démontré leur utilité durant la pandémie de Covid-19 pour transporter des soignants ou livrer de la nourriture. Mais ils ont aussi été de ceux qui ont été les plus violemment affectés par la crise, au regard de la chute de leur activité. Or, avec leur statut d’indépendants, ils sont aussi parmi ceux qui bénéficient du moins de protection sociale.

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C’est pour apporter une solution à ce problème que le premier ministre, Edouard Philippe, a décidé d’élargir le périmètre de la mission confiée, en janvier, à Jean-Yves Frouin, qui ne devait initialement se consacrer qu’à la question de la représentation des travailleurs au sein des plates-formes. « La question du dialogue social reste un élémentclé pour mieux concilier, en toute sécurité, activités économiques nouvelles, flexibilité apportée par le statut d’indépendant et droits sociaux liés au travail indépendant en relation avec des platesformes », estime le premier ministre dans un courrier du 5 juin adressé à l’ancien président de la chambre sociale de la Cour de cassation, et que Le Monde a pu consulter.

« Renforcer le socle de droits »

Mais le chef du gouvernement appelle désormais également le magistrat à lui proposer des scénarios pour « renforcer le socle de droits dont bénéficient les travailleurs des platesformes, sans remettre en cause la flexibilité apportée par le statut d’indépendant ». Parmi les pistes de réflexion avancée par l’hôte de Matignon figure la création d’« un statut intermédiaire spécifique aux travailleurs sur platesformes, distinct du salarié ou indépendant ».

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Le premier ministre rappelle enfin que son initiative s’inscrit dans le contexte de la décision, en mars, de la Cour de cassation de requalifier en salarié un chauffeur Uber. Ce qui, selon lui, réclame de clarifier ce sujet « avec une plus grande urgence ».

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La crise économique provoquée par le coronavirus pourrait être la plus dévastatrice depuis 150 ans

A New Delhi, en Inde, le 24 mai.

C’est le grand bond en arrière. Le produit intérieur brut (PIB) mondial devrait se contracter de 5,2 % en 2020, selon les dernières prévisions de la Banque mondiale, publiées lundi 8 juin. C’est dans la zone euro que le recul, attendu à − 9,1 %, sera le plus marqué au monde. Jamais autant de pays n’ont connu simultanément une telle récession depuis 1870. « C’est un coup dévastateur porté à l’économie mondiale », affirme le président de la Banque mondiale, David Malpass. En avril, le Fonds monétaire international (FMI) tablait sur un recul de 3 % du PIB mondial.

La récession dans les pays pauvres et émergents ne devrait pas dépasser les – 2,5 % en 2020, contre – 7 % dans les pays développés. Mais la crise dans ces économies largement informelles sera plus difficile à combattre, faute de moyens budgétaires suffisants et à cause d’une faible capacité administrative pour distribuer l’aide comme les indemnités de chômage.

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Dans une note publiée début juin, le FMI a calculé que les dépenses budgétaires pour faire face à la crise représentaient 1,4 % du PIB dans les pays à bas revenus, 2,8 % chez les émergents et 8,6 % dans les économies avancées. Ces dernières ont la capacité de s’endetter, contrairement aux autres. Or, dans quatre pays pauvres et émergents sur dix, la dette publique a augmenté d’au moins 20 % depuis 2007.

« Il y a des limites à notre capacité à dire le futur »

« Beaucoup d’entre eux sont moins préparés à affronter un ralentissement mondial » que pendant la crise de 2009, s’inquiète l’institution située à Washington. Plus qu’une crise passagère, elle craint que la pandémie ne laisse des « cicatrices » profondes et durables sur les économies à cause de la « baisse des investissements », de l’« érosion du capital humain chez les chômeurs » et de la « désintégration du commerce mondial ». En raison de la pandémie, entre 70 millions et 100 millions de personnes pourraient tomber dans l’extrême pauvreté.

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Lundi 8 juin, l’agence de notation S&P Global Ratings a constaté, en avril, un « redressement » de l’activité dans les pays émergents, même si le « rétablissement sera très lent », particulièrement en Inde. Les capitaux étrangers sont progressivement de retour dans ces pays, après une fuite de 100 milliards de dollars (88,6 milliards d’euros) enregistrée pendant les premières semaines de la pandémie de Covid-19.

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En ces temps d’incertitudes géopolitique et économique, les prévisions de croissance sont à prendre avec précaution. A l’incertitude de la durée de la pandémie s’ajoutent celles de la résilience des économies et de l’aggravation des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. William De Vijlder, économiste en chef chez BNP Paribas, constate « une montée en flèche de l’incertitude des prévisions », avec des fourchettes « cinq fois plus larges qu’à la fin de 2018 ». « Nous devons admettre qu’il y a des limites à notre capacité à dire le futur », plaide l’économiste Branko Milanovic, citant la « nature incontrôlable » de la crise et son « étendue mondiale ».

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