Mieux vaut un compromis peu ambitieux que pas de compromis du tout. Après un peu plus de deux ans de négociations, jalonnées de longs temps morts et d’échanges tendus, le patronat et les syndicats ont jugé préférable de s’entendre à propos de la question des cadres dans le secteur privé – même si le « deal » qu’ils sont sur le point de ficeler contient peu d’avancées nouvelles. Les concessions faites par chaque camp viennent, en effet, de déboucher sur un projet d’accord national interprofessionnel (ANI), proposé par les représentants des employeurs. Les confédérations de salariés l’ont retouché, vendredi 6 mars, mais il ne s’agit que d’amendements portant sur la forme, qui ne devraient pas soulever de difficultés. A ce stade, trois organisations (sur les huit impliquées dans les discussions) ont indiqué qu’elles signaient le texte : Force ouvrière, l’Union des entreprises de proximité (artisans, commerçants, professions libérales) et la CFTC ; les cinq autres doivent faire connaître leur décision dans les prochains jours.
L’ANI en cours de bouclage résulte de la fusion, début 2019, du régime de retraites complémentaires des cadres (Agirc) avec celui des non-cadres (Arrco). Un mariage scellé dans un accord d’octobre 2015, qui prévoyait l’ouverture de tractations pour « définir les principaux éléments permettant de caractériser l’encadrement ». Les syndicats y tenaient beaucoup, compte tenu des contraintes nouvelles auxquelles est confrontée cette catégorie de salariés, depuis plusieurs années : changements dans les politiques de management des entreprises, exigences accrues de polyvalence, augmentation de la charge de travail dans un contexte où les prises de décision s’accélèrent, etc.
Les tractations furent laborieuses, en raison du faible enthousiasme manifesté au départ par le Medef. La première organisation d’employeurs regroupe plusieurs fédérations professionnelles qui redoutaient une remise en cause de leurs accords de branche et de leurs critères de classification des salariés. Finalement, le processus a accouché, fin février, d’un projet d’ANI.
Un « référentiel » pour les entreprises
Le texte a une double vertu, comme l’explique Patrick Cheppe, le chef de file de la délégation patronale : il maintient les règles relatives à la prévoyance des cadres (un dispositif qui se traduit par divers avantages, notamment en cas de décès du salarié) et celles qui concernent les cotisations destinées à l’Association pour l’emploi des cadres (APEC). Autrement dit, deux piliers du système actuel sont sécurisés, sur le plan juridique.
Depuis quelques jours, le téléphone de Michaël Nussbaumer ne sonne plus. « Tout est calme », déplore-t-il. Trop calme. Pour ce dirigeant de Cosmik Jump, une agence événementielle installée à Annecy, les semaines à venir seront difficiles. « Certains clients ont annulé leurs manifestations, d’autres sont en stand-by et attendent de voir comment les choses vont évoluer. » M. Nussbaumer, qui emploie trois salariés, peut « tenir » jusqu’à fin mai en termes de trésorerie. Sa plus grande crainte est de voir le Pharaonic, festival de musique électronique qui doit se tenir fin mars à Chambéry, annulé. « Auquel cas, une grosse partie de notre chiffre d’affaires de l’année sera perdu », dit-il, refusant malgré tout de céder à la panique. « Nos prestataires sur les événements, artistes, intermittents, free-lance, sont encore plus touchés que nous. Ils n’ont rien pour voir venir. »
L’événementiel apparaît d’ores et déjà comme l’un des plus touchés par les conséquences économiques de l’épidémie due au coronavirus. Or ce secteur déploie une activité considérable : pas moins de 380 000 événements organisés à l’initiative d’une entreprise ou d’une institution ont eu lieu en France en 2018 – soit plus d’un millier par jour –, générant 32 milliards d’euros de retombées, selon une enquête d’EY publiée en novembre 2019.
Une catastrophe pour ce secteur et ses 335 000 emplois
« Depuis vendredi [28 février], les clients annulent en cascade leurs événements de moins de 5 000 personnes, par précaution, considérant qu’ils ne peuvent pas prendre le moindre risque de réunir leurs collaborateurs ou clients », constate Bertrand Biard, président de l’association LÉVÉNEMENT, qui rassemble 63 entreprises du secteur, soit 80 % du marché. « Les entreprises nous remontent à chaque instant des annulations qui s’enchaînent, entraînant mécaniquement, pour la plupart d’entre elles, la disparition quasi totale de leur chiffre d’affaires. »
Une catastrophe pour ce secteur et ses 335 000 emplois (en équivalent temps plein) comprenant de multiples métiers – agences, organisateurs, traiteurs, loueurs de salles, prestataires techniques, animateurs… – et composé d’une myriade de PME ou de TPE (très petites entreprises), voire d’indépendants. Des petites entreprises, qui, bien souvent, ne disposent pas de la trésorerie suffisante pour laisser passer l’orage, d’autant que personne ne sait quelle sera la durée et l’ampleur de la crise. Les assureurs ne leur seront pas d’un grand secours, puisque les clauses d’annulation figurant sur les contrats excluent toutes les conséquences directes ou indirectes des effets du Covid-19, et ce depuis la qualification d’épidémie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Leur chanson résonne désormais dans toute la France. Dans la foule des anonymes qui défilent contre la réforme des retraites, impossible de rater les « Rosies » – une référence à « Rosie la riveteuse », l’emblème de la lutte pour l’égalité professionnelle. Bleu de travail, gants jaunes et bandana rouge, elles étaient encore là, mardi 3 mars, à l’heure où le gouvernement s’apprêtait à recourir au 49.3 pour faire adopter sans vote le volet ordinaire du projet de loi à l’Assemblée nationale. A l’ombre des ailes noires de faux vautours symbolisant les gestionnaires d’actifs comme BlackRock, les voilà qui entonnent A cause de Macron, une version parodique d’A cause des garçons, un tube de 1987.
Tremblez @Meyer_Habib, @PascalPraud et autres défenseurs du patriarcat .. les dangereuses Rosies d’#AcauseDeMacron… https://t.co/nNKyl5D9Xh
— CauseMacron (@A cause de Macron)
Tout est parti d’une vidéo de l’association Attac, imaginée pendant les vacances de Noël. Quelques jours plus tôt, le 11 décembre 2019, lors de la présentation de la réforme au Conseil économique, environnemental et social, le premier ministre, Edouard Philippe, avait lancé : « Les femmes seront les grandes gagnantes du système universel. » Et de vanter une majoration en points de 5 % accordée aux parents et ce « dès le premier enfant », des pensions de réversion améliorées ou encore l’abaissement de l’âge d’annulation de la décote pour une retraite à taux plein de « deux à trois ans » pour celles actuellement obligées d’attendre 67 ans pour obtenir une pension complète.
« Du baume au cœur »
Cette communication a fait bondir un certain nombre de féministes. Dans la foulée, à Paris, un meeting est organisé à la Maison des métallos, à l’initiative de la députée « insoumise » Clémentine Autain. « La réforme fragilise les dispositifs correctifs qui existent aujourd’hui, comme les majorations pour enfants ou les pensions de réversion, dénonce Sophie Binet (CGT). Avec le calcul sur toute la carrière, les années de temps partiel ou d’interruption pour enfant se paieront cash. »
Attac prend le relais pendant la trêve des confiseurs avec son clip et décide de le décliner dans le défilé parisien à la rentrée, chorégraphie à l’appui. « Il s’agissait de donner du baume au cœur pendant les vacances de Noël et on s’est dit que face aux violences policières, il fallait aussi faire quelque chose dans les cortèges », raconte sa porte-parole, Aurélie Trouvé. Du matériel est mis à disposition sur le site d’Attac, avec les paroles de la chanson et un tutoriel. Les réseaux sociaux font le reste. « Ça donne une dimension festive à nos luttes qui n’enlève rien au fond politique, considère Murielle Guilbert (Solidaires). Ça dynamise des modes d’action traditionnels qui usent les militants. »
Un collectif d’anciens élèves de l’Ecole polytechnique demande à Patrick Pouyanné, président-directeur général de Total, dans une tribune au « Monde », de renoncer au projet d’implantation de son entreprise au sein du campus, contraire au principe de neutralité de l’établissement.
La justice a procédé à la saisie de 3 millions d’euros sur le compte bancaire français de Deliveroo, la plate-forme britannique de livraison de repas, dans le cadre d’une enquête pour travail dissimulé, a-t-on appris vendredi de source proche du dossier, confirmant une information du Parisien. Cette saisie effectuée à titre conservatoire correspond à une partie des cotisations sociales que l’entreprise est soupçonnée de ne pas avoir acquittée durant la période 2015-2016.
Depuis mai 2018, la plate-forme britannique est au cœur d’une enquête préliminaire du parquet de Paris confiée à l’Office central de lutte contre le travail illégal (OCLTI) pour « travail dissimulé », après un rapport de l’inspection du travail critique sur les pratiques de l’entreprise.
Pour l’inspection du travail, les livreurs de Deliveroo France doivent être considérés comme des salariés et non comme des autoentrepreneurs. L’Urssaf, selon Le Parisien, a estimé à un peu plus de 6 millions d’euros le montant des cotisations non versées par la plate-forme entre 2015 et 2016.
Condamnation par les prud’hommes
« Deliveroo offre à des milliers de livreurs un travail indépendant parce que cela leur donne la liberté de choisir eux-mêmes quand et où travailler. Les livreurs nous indiquent valoriser avant tout la flexibilité », a commenté vendredi un porte-parole de la plate-forme.
Au début de février, Deliveroo a été condamné au civil par les prud’hommes de Paris pour travail dissimulé à la suite de la demande de requalification en contrat les prestations de l’un de ses livreurs.
La justice a « reconnu que le fait d’obliger le coursier à avoir un contrat de prestation de service était une volonté de frauder le code du travail de la part de Deliveroo et condamné l’entreprise à verser 30 000 euros au livreur », avait expliqué Kevin Mention, avocat du plaignant. Il s’agit du premier cas de requalification en France pour Deliveroo.
« Deliveroo a eu des discussions avec les autorités de sécurité sociale au sujet d’un contrat qui n’est plus d’actualité, qui offrait clairement un travail indépendant. Aucune décision n’a été prise et les discussions se poursuivent », a déclaré vendredi l’entreprise britannique.
« On a failli faire une excellente année. » Catherine Guillouard, la PDG de RATP Group, a de quoi nourrir quelques regrets en publiant ses comptes 2019, vendredi 6 mars. Certes, la grande grève de décembre contre le projet de réforme des retraites n’a pas empêché le chiffre d’affaires de croître de 2,5 %, pour atteindre 5,7 milliards d’euros l’an dernier, mais elle est venue amputer lourdement toutes les lignes du résultat : une baisse de 2 % de la fréquentation, un bénéfice opérationnel réduit d’un tiers, une capacité d’autofinancement qui stagne et, surtout, un résultat net à 131 millions d’euros, alors qu’il avait atteint 200 millions en 2018. « Le conflit social n’a pas obéré notre croissance, mais il a lourdement pesé sur les comptes », résume la patronne de la régie parisienne.
La RATP estime que la grève a diminué de 150 millions d’euros son bénéfice 2019, à cause de deux foyers de pertes principales : la baisse de recettes voyageurs (– 59 millions d’euros) et une provision passée pour anticiper les remboursements aux abonnés pour le mois de décembre (– 103 millions). Cette somme a été reversée à Ile-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice des transports de la région, qui s’est chargée de la rendre aux titulaires d’un passe Navigo.
Ces sommes ne tiennent pas compte du débordement du mouvement sur le mois de janvier, lequel devrait avoir un effet négatif supplémentaire que la RATP estime entre 40 millions et 50 millions d’euros. Au total, l’un des conflits sociaux majeurs de l’histoire de la régie parisienne aura coûté autour de 200 millions d’euros à l’entreprise publique.
« Tentés par l’utilisation du droit de retrait »
Malgré tout, même diminués, les profits sont là. La RATP a réussi à faire le gros dos et comptait bien sur 2020 pour rebondir. Mais, comble de malchance, un nouvel obstacle potentiel se dresse : le coronavirus. La nouvelle est tombée, jeudi 5 mars : deux employés de la RATP amenés à être en contact avec le public ont été infectés, une agente travaillant en station sur la ligne 6 du métro parisien et un chauffeur du centre de bus de Thiais (Val-de-Marne).
Sans le conflit social, le chiffre d’affaires aurait crû de 4 %, l’excédent brut d’exploitation, de 7 %, le profit, de 40 %
Conséquence potentielle : de nombreux usagers pourraient se détourner des réseaux, des salariés pourraient être tentés par l’utilisation du droit de retrait. Pour l’heure, la direction temporise. La découverte de ces cas n’a, pour l’instant, « aucune incidence pour l’exploitation sur tout le réseau, y compris sur la ligne 6 », souligne la régie. « On n’a pas observé un changement de la fréquentation, et nous n’avons pas de droit de retrait », a affirmé, jeudi 5 mars, Mme Guillouard, qui reconnaissait toutefois qu’une extension de l’épidémie pourrait conduire à une réduction de l’offre de transport. « Il faudrait faire avec les personnels présents, explique la patronne de la régie. Comme pendant la grève, notre priorité serait de privilégier les axes prioritaires et les heures de pointe. »
Pour la RATP, le potentiel de croissance est pourtant là. Il s’était manifesté dans les chiffres 2019 jusqu’à novembre. Sans grève, le chiffre d’affaires aurait augmenté de 4 %, l’excédent brut d’exploitation, de 7 %, le profit, de 40 %… Jusqu’au 5 décembre, date du déclenchement du conflit, la croissance globale de la fréquentation des réseaux ressortait à 2,6 %, avec des pointes dans le tramway et le RER.
Frénésie de travaux
« Tout cela montre notre avance accumulée jusqu’à novembre, souligne Mme Guillouard. Elle nous a permis de bien résister aux perturbations en réalisant un bénéfice substantiel, alors même que nous avons, en 2019, investi plus de 2 milliards d’euros dans les réseaux d’Ile-de-France, une somme jamais atteinte dans l’histoire du groupe. » Le résultat, ce sont des chantiers tous azimuts : prolongement de quatre lignes de métro (4, 11, 12 et 14), modernisation de lignes, rénovations de rames, conversion de l’activité bus à l’électrique et au biogaz…
Pour financer cette frénésie de travaux, la RATP a apporté 1 milliard sur ses fonds propres (sans augmenter sa dette), auxquels se sont ajoutés 700 millions d’euros de la part d’Ile-de-France Mobilités et 400 millions apportés par la Société du Grand Paris pour le prolongement vers le sud de la ligne 14, dans les souterrains de laquelle trois tunneliers sont actuellement en action.
Les nouvelles rassurantes sont aussi venues des filiales. Alors que l’activité de l’établissement public RATP (RER, métro, tram, bus dans la région capitale) a stagné, en 2019, à cause des grèves, les filiales ont apporté une contribution importante à la croissance (+ 11 % en termes de chiffre d’affaires). Ces dernières représentent désormais presque un quart des revenus du groupe.
Au premier rang d’entre elles, on trouve RATP Dev, qui gère toutes les activités de transport public en région et à l’étranger. La société a multiplié les conquêtes dans l’Hexagone, en 2019 : gains des réseaux d’Angers, Brest (Finistère), Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), Creil (Oise) et du CDG Express en partenariat avec Keolis (filiale de la SNCF). A l’étranger, le groupe n’a pas décroché de nouveau réseau marquant, mais a mis à exécution les récents contrats remportés, notamment celui des métro et tramway du Qatar, des métro et bus en Arabie saoudite, des tramways au Maroc et en Algérie, ainsi que la gestion des transports de la région toscane, en Italie.
1 – Le Monde.fr, site édité par Le Monde interactif, présente une sélection de témoignages, sous forme d’écrits, de photographies et de vidéos qui lui sont soumis librement par ses internautes. 2 – Les textes, photographies et vidéos sont toujours présentés avec mention du nom de l’auteur. 3 – Les participants autorisent l’utilisation de leurs témoignages pour une publication sur le site Le Monde.fr, dans le groupe Dailymotion du Monde.fr (http://www.dailymotion.com/lemondefr) ou dans le quotidien « Le Monde ». 4 – L’utilisation de ces écrits, photographies et vidéos ne peut donner lieu à un versement de droit d’auteur ou à une rétribution sous quelque forme que ce soit. 5 – Le Monde interactif s’engage à prendre le plus grand soin des œuvres confiées dans le cadre de ce service, mais ne peut en aucun cas être tenu pour responsable des pertes ou dommages occasionnés aux œuvres. 6 – L’équipe du Monde.fr se réserve le droit de refuser des témoignages, notamment : – les témoignages contraires à la loi (racisme, appel à la violence ou à la haine, diffamation, pornographie, pédophilie, sexisme, homophobie, …) ; – les témoignages contraires aux règles de conduite du Monde.fr (mauvaise orthographe, propos non conforme au sujet demandé, forme peu soignée, …) ; – les témoignages dont le sujet ou la forme présente peu d’intérêt pour les lecteurs ; – les témoignages déjà été proposés et publiés ou similaires à un témoignage récemment publié ; – la représentation d’une personne physique pouvant être identifiée, en particulier les personnes mineures ; – la représentation d’une œuvre pouvant relever du droit d’auteur ; – les photographies et vidéos dont la qualité technique est insuffisante (photos floues, vidéos illisibles ou de mauvaise définition, bande son inaudible, …). 7 – Les internautes qui déposent leur témoignage recevront un e-mail confirmant ou infirmant leur acceptation et publication. Les témoignages qui n’auront pas été validés ne seront pas conservés par Le Monde interactif et ne pourront faire l’objet d’une restitution à leur auteur.
Derichebourg, Safran Electronics & Defense Cockpit Solutions, Securitas France, Foncia carrières et compétences ou encore Go Sport… La ministre du travail, Muriel Pénicaud, a dénoncé, jeudi 5 mars, les mauvais élèves en matière d’égalité femmes-hommes, un an après la mise en place de l’index égalité professionnelle.
« Dix-neuf entreprises étaient en 2019 en dessous de la note de 75 [sur 100] et le sont toujours. Ce sont elles qui n’ont pas agi sur le sujet », a déploré Mme Pénicaud dans un entretien au Parisien, à propos des 1 200 sociétés de plus 1 000 salariés concernées. « Celles-ci vont être contactées dans les prochains jours par la direction générale du travail, qui va leur rappeler la loi », a-t-elle expliqué, précisant que, « si dans deux ans, elles [conservaient] cette mauvaise note, elles [s’exposaient] à une amende équivalant à 1 % de la masse salariale chaque année ».
L’augmentation de salaire au retour de congé maternité figure parmi les critères les moins respectés
La ministre se veut néanmoins optimiste. « La dynamique est lancée. La note globale moyenne des grandes entreprises est passée de 83 à 87. C’est encourageant. Cela change déjà la vie des femmes, mais il y a encore beaucoup à faire », a-t-elle déclaré. Ainsi, en tête du palmarès, 55 entreprises ont obtenu 100 ou 99 points, telles que BHV Exploitation, Banque populaire Méditerranée, MAIF ou Orange, contre 36 en 2019. L’ensemble du classement devait être publié vendredi 6 mars sur le site Internet du ministère du travail.
Afin de mesurer l’égalité salariale et la réduction de son écart au fil des années, un index a été construit à partir de cinq indicateurs, sur une échelle de 100 points. Il se décompose entre la rémunération (40 points), la répartition des augmentations individuelles (20), celle des promotions (15), l’augmentation de salaire au retour de congé maternité (15), et la parité parmi les dix plus hautes rémunérations (10). Ce sont les deux derniers critères qui sont les moins respectés.
« Mises en demeure »
Après les grandes entreprises, puis celles de 250 à 1 000 salariés, l’index de l’égalité professionnelle femmes-hommes s’applique maintenant à celles de 50 à 250 salariés, qui devaient le publier, dimanche 1er mars. Au total, 40 000 firmes sont concernées, couvrant 9 millions de salariés, dont près de la moitié sont des femmes. Soixante-six pour cent ont déjà publié l’index, dont 83 % des sociétés de plus de 1 000 salariés, 71 % de celles de 250 à 1 000 employés, et 49 % de celles de 50 à 250 salariés, a précisé le ministère.
Particularité de cette deuxième édition de l’indicateur, l’année 2020 est celle du name and shame (« nommer et couvrir de honte ») pour celles de plus de 1 000 salariés. Dès juin 2019, Muriel Pénicaud avait prévenu les 200 grandes entreprises qui avaient déjà trois mois de retard pour publier leur index 2019 sur leur site Web que, si elles ne se mettaient pas en conformité « très vite », elles seraient « mises en demeure » et pourraient « avoir des sanctions ». A l’occasion d’un prébilan dressé en septembre 2019, dix-sept ont ainsi été mises en demeure. Puis, comme la ministre l’avait annoncé , elle a révélé les noms des « mauvais élèves » de la lutte contre l’égalité femmes-hommes qui le sont toujours en 2020.
Les sociétés mises au ban affichent leur étonnement, comme cela était déjà le cas en 2019. « Ce n’est pas à l’image du groupe, réagit un porte-parole du motoriste Safran. Dix-huit de nos 26 sociétés remplissent les critères et 14 ont obtenu plus de 85 points. Safran Electronics & Defense Cockpit Solutions est une filiale de filiale. Mais on est très étonnés. »
La première édition de l’index avait surpris plusieurs grands groupes, à l’instar d’Engie, dont cinq entités étaient mal notées : GRDF, Engie Home services, MCI, Endel SA et Ineo. Cela a été « un vrai électrochoc pour nous, à deux titres, asouligné Olivier Hérout, DRH adjoint groupe d’Engie, dans un entretien à l’agence spécialisée AEF. « Tout d’abord, parce qu’Engie est fortement engagé dans la féminisation des métiers, sur la place des femmes et l’égalité professionnelle, avec des indicateurs pas trop mauvais dans les bilans sociaux. Ensuite, parce que Sylvie Leyre, ancienne DRH France de Schneider Electric, missionnée par Muriel Pénicaud, nous avait demandé de contribuer à la définition des indicateurs de l’index. Nous nous disions à ce moment-là que nous devions être conformes. »
Comme une entreprise sur trois en 2019, chez Engie, l’augmentation de salaire des femmes au retour du congé maternité avait été négligée. En 2020, elles ne sont plus qu’une sur dix. « La prise de conscience a fonctionné », conclut le ministère du travail.
L’Union européenne prépare une loi sur la transparence des salaires
La Commission européenne va présenter, d’ici à la fin de 2020, une législation sur la transparence des salaires, avec pour objectif de lutter contre les inégalités entre les hommes et les femmes, qui gagnent en moyenne 16 % de moins. « Nous allons présenter des mesures contraignantes (…), après consultation des partenaires sociaux », a déclaré, jeudi 5 mars, la commissaire européenne chargée de l’égalité, la Maltaise Helena Dalli. « Nous devons d’abord avoir ces mesures sur la transparence des salaires pour pouvoir ensuite nous attaquer aux inégalités de salaires et de retraites », a-t-elle ajouté. Les femmes touchent en moyenne une retraite inférieure de 30 % à celle des hommes, a rappelé la vice-présidente de la Commission, la Tchèque Vera Jourova.
Malgré l’épidémie du Covid-19 qui tétanise la Chine, Jean-Paul Agon, PDG de L’Oréal, dont le départ est prévu en 2021, estime que cette crise « ne remet pas en cause » la croissance du marché mondial des produits de beauté ni les ventes du groupe.
Le Covid-19 menace la croissance mondiale. Avez-vous déjà connu une telle situation ?
Cela fait quarante-et-un ans que je travaille chez L’Oréal. J’y suis entré peu avant la réunification de l’Allemagne [1990] ; puis, j’ai été nommé par Lindsay Owen-Jones pour diriger la zone Asie, en 1997, en pleine crise économique. Je suis arrivé aux Etats-Unis à la tête de la filiale, trois jours avant les attentats du 11 septembre 2001, et je suis devenu PDG de L’Oréal un an avant la crise de 2008.
Le groupe est, bien entendu, très concerné par l’aspect humain de cette crise. C’est une vraie tragédie humaine, notamment en Chine, où le groupe emploie 12 000 salariés et 12 000 autres personnes dans les magasins. Tous les matins, j’ai une conversation téléphonique avec Fabrice Megarbane, directeur général de L’Oréal en Chine, pour faire un point sur la situation. A ce jour, aucun de nos salariés n’a été atteint par ce virus. C’est notre préoccupation essentielle, mais, d’un point de vue business, je ne suis pas plus impressionné que cela par cette crise du coronavirus.
L’incidence sur l’activité n’est-elle pas importante ?
Pas plus que cela. Cette épidémie, qui, par définition, sera temporaire, ne remet pas en cause, à long terme, ni la dynamique du marché mondial des produits de beauté, ni la croissance du groupe L’Oréal, ni ses ventes en Chine. Et, actuellement, notre activité n’est pas du tout à zéro, grâce à différents facteurs.
En Asie, L’Oréal réalise désormais un tiers de son activité, devant l’Europe occidentale. La Chine pèse 14 % des ventes mondiales du groupe, vous n’avez donc pas ressenti de baisse d’activité ?
La Chine est le pays où l’e-commerce est le plus développé. Il représente déjà 47 % de notre chiffre d’affaires en 2019 dans le pays. C’est un record mondial. En février, nos ventes en ligne ont d’ailleurs très fortement progressé par rapport à février 2019. Et ce, malgré les circonstances perturbées. Les Chinois continuent à consommer sur Internet des produits alimentaires, des produits d’hygiène et des produits de beauté. Cette bascule du marché vers le Net protège considérablement le groupe et ses marques.
« L’e-commerce représente 47 % de notre chiffre d’affaires en 2019 dans l’empire du Milieu »
Le projet de loi sur la réduction temporaire du temps de travail était dans les cartons du gouvernement depuis des mois. Faute de majorité au Parlement, la coalition gouvernementale, composée des sociaux-démocrates et des Verts et soutenue par les centristes et les libéraux, hésitait toutefois à soumettre le texte au vote des députés. L’épidémie causée par le coronavirus, avec près d’une centaine de cas en Suède, a changé la donne.
Mercredi 4 mars, la ministre suédoise de l’économie, Magdalena Andersson, a annoncé que la loi devrait entrer en vigueur le 1er août. Elle permettra aux entreprises, durement touchées par les effets de l’épidémie, de réduire le temps de travail et la rémunération de leurs salariés en conséquence, pendant six mois renouvelables. Pendant cette période, les compagnies pourront percevoir une aide de l’Etat, pour le paiement des salaires des employés et le financement de formations.
Selon la ministre, le dispositif, dont les détails restent encore à préciser, va « renforcer la sécurité des salariés suédois, lors de perturbations importantes causées par des événements extérieurs ». Son coût est évalué à 350 millions de couronnes (33 millions d’euros) par an. Il a reçu le soutien des partenaires sociaux, qui en demandaient la mise en place depuis 2008.
« Nous en avons fait les frais »
A l’époque de la crise financière, la plupart des pays européens disposaient déjà d’une législation similaire. « Nous étions presque les seuls à ne pas avoir un tel système, et nous en avons fait les frais », constate Marie Nilsson, présidente d’IF Metall, le syndicat de la métallurgie. Dans l’urgence, les partenaires sociaux ont signé des accords, branche par branche. « Nous avons réussi à sauver quelques emplois, mais pas suffisamment », déplore la syndicaliste.
Entre 2008 et 2009, 100 000 postes ont été supprimés dans le secteur de l’industrie en Suède, soit environ 15 % des emplois. Sur cette même période, le nombre d’heures travaillées par salarié n’a baissé que de 1,6 %, selon un rapport présenté aux parlementaires en 2018. A la différence, le temps de travail a reculé de 7,4 % en Allemagne, où seulement 2,5 % des emplois ont été supprimés dans l’industrie.
Autre avantage, note Marie Nilsson : « Quand l’activité a repris, nos concurrents ont pu relancer la production immédiatement, tandis que cela a pris du temps chez nous. Certains ont retrouvé leurs emplois, mais pas tous. Nous avons perdu des compétences. »