Archive dans mai 2024

Démissions en série chez la ministre Prisca Thevenot

Prisca Thevenot, à la Bibliothèque nationale de France, à Paris, le 15 avril 2024.

La valse des conseillers est un classique des gouvernements d’Emmanuel Macron. Mais le cabinet de Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement, vient de battre un record : à peine quatre mois après leur arrivée, huit collaborateurs ont déjà quitté le navire, au terme de semaines houleuses. « Ça va, tu tiens ? », s’est inquiété auprès d’elle le premier ministre, Gabriel Attal, lundi 29 avril au soir, au téléphone. « Ça va, je redors depuis quinze jours », l’a rassuré la ministre déléguée.

Mi-avril, ses trois principaux conseillers – directeur, directrice adjointe et cheffe de cabinet – ont claqué la porte en même temps. Quelques jours plus tard, un arrêté publié le samedi 27 avril au Journal officiel indiquait qu’il avait été « mis fin aux fonctions » de la conseillère spéciale de Mme Thevenot, de sa conseillère « parlementaire et élus locaux », ainsi que de son conseiller « chargé de l’argumentaire ». Un chargé de mission leur a emboîté le pas. Portant à sept le nombre de départs dans l’équipe en deux semaines, sur neuf membres de cabinet. Auxquels il faut ajouter la démission, le 2 avril, d’Alexis Bétemps, le conseiller « discours » de la porte-parole, qui a quitté le cabinet juste avant la publication d’une enquête de Mediapart faisant état de son « attirance » pour les idées de l’essayiste d’extrême droite Alain Soral.

« C’est comme en amour, la vie des cabinets est ainsi faite », philosophait la ministre le 17 avril, alors qu’elle était interrogée sur ces démissions en série lors du compte rendu du conseil des ministres. « Il y a des personnes qui partent en faisant du bruit et d’autres qui restent en silence, et d’autres qui reviennent en silence », ajoutait-elle. Une allusion à la publicité autour de ces deux vagues de départs, inhabituelle dans le petit monde des cabinets ministériels.

« Harcèlement moral » et « humiliations répétées »

De fait, s’ils requièrent l’anonymat, les démissionnaires parlent volontiers, excédés par le « narratif » de la ministre. « Ce sont des amis et je les salue », dit Prisca Thevenot de ses anciens collaborateurs, dans une vidéo postée le 28 avril sur le compte X du journaliste Hugo Couturier. L’entourage actuel de la ministre décrit une « bande de gens qui se connaissent, qui sont arrivés ensemble et qui repartent ensemble ». Et qui auraient fomenté leur coup.

Un récit qui ne résiste pas à l’examen des parcours de ces réfractaires. Si certains d’entre eux se sont croisés en cabinet depuis 2017 au gré des remaniements, seuls le directeur de cabinet, William Elman, et son adjointe, Samira Jemaï, avaient déjà œuvré de concert à la tête de cabinets ministériels. « Je suis une collaboratrice, je ne bosse pas avec des potes” , s’indigne une conseillère chevronnée. Je n’ai pas démissionnépar amitié” ». « On ne passe pas en bande à France Travail », fait observer une autre, en recherche d’emploi comme ses ex-collègues.

Il vous reste 69.12% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

« Mais pourquoi j’irais travailler ? » : à la recherche du sens perdu

Le réveil qui sonne et le sourire aux lèvres. Pas de doute, Sam est une travailleuse heureuse, qui a trouvé son équilibre. Heureusement, l’album ne se contente pas de dérouler béatement sur plus de cent pages à quel point le travail peut être épanouissant et ressourçant. Comme sa couverture labyrinthique le suggérait, il va plutôt s’attarder à démontrer combien il n’y a pas de recette miracle, et à quel point faire du travail quelque chose de positif relève d’un long cheminement personnel.

La bande dessinée Work in progress. Mais pourquoi j’irais travailler ? prolonge une démarche entamée en 2022, avec un premier volume intitulé Et si on travaillait autrement ? A la barre, Samuel Durand, qui se définit comme un « explorateur du futur du travail » et multiplie les formats (BD, documentaires, conférences…) pour questionner la transformation du monde du travail et de ses modèles. Et au dessin, Sophie Streichenberger, incarnation vivante de ces travailleurs touche-à-tout évoqués dans le livre, illustratrice free-lance, parallèlement à une carrière en entreprise. Toujours entre fiction et réalité, ce second volet se concentre sur le sens du travail.

Au début de la BD, le personnage de Sam semble évoluer dans une oasis professionnelle, entre vacances illimitées et semaine de quatre jours. L’occasion de faire un zoom sur ces nouveaux modèles en plein essor, qui demandent par exemple aux salariés d’être davantage polyvalents plutôt que surspécialisés. L’album prend parti contre un certain nombre de préjugés, comme l’idée que le temps de travail serait un bon indicateur de la valeur créée par le salarié. Et témoigne de la réflexion plus globale sur le travail enclenchée à la suite de la crise liée au Covid.

Motivation au travail et ressenti personnel

Cette BD pédagogique n’ambitionne pas de réinventer le format du genre (un peu plus d’originalité aurait tout de même été bienvenue), mais remplit son rôle en partageant ses réflexions de manière ludique et accessible. Quand elle apparaît sur le point de s’enfoncer dans le manuel de ressources humaines illustré, elle glisse à temps vers une dimension plus personnelle. Ainsi, c’est en conduisant un banal entretien d’embauche que Sam perçoit un décalage entre sa présentation des leviers de motivation au travail et son ressenti personnel.

Son discours théorique, à grand renfort de pyramides de valeurs et de schémas, trouve alors une incarnation concrète, qui pourra aussi résonner chez le lecteur. Car la qualité de l’environnement de travail (objet du premier volume) ne suffit plus : la recherche de sens devient essentielle pour les travailleurs, au risque de ressentir une dissonance cognitive entre valeurs personnelles et missions professionnelles. C’est ce qui frappe ceux que l’on appelle les « bifurqueurs écologiques » – nombreux chez les jeunes – prêts à changer d’emploi pour avoir un travail « écologiquement utile ».

Il vous reste 21.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.