USA : « Captiver les plus diplômés dissimule un défi déterminant, l’économie a une nécessité urgent… de main-d’œuvre peu compétente »
Le professeur de sciences politiques, Paul May critique à l’administration Trump de protéger l’immigration des élites alors que des secteurs de l’hôtellerie, l’agriculture et la construction carence affreusement de main-d’œuvre.
Le 16 mai, le président des Etats-Unis, Donald Trump a divulgué son projet de réforme du système d’immigration, qui devra être controversé au Congrès dans les mois à venir. Son but admet à « attirer les meilleurs et les plus brillants à travers le monde ». Présentement, environ deux tiers des nouveaux résidents incessants sont acceptés sur une base familiale (souvent parce qu’un membre de leur famille vit déjà dans le pays), tandis que 12 % sont admis en raison de leurs expériences professionnelles ou de leurs diplômes.
Le gouvernement assure vouloir modifier ces proportions. Pourtant, cette accentuation sur le besoin de captiver les plus diplômés dissimule un défi décisif pour le pays : des secteurs entiers de l’économie américaine ont un besoin urgent… de main-d’œuvre peu qualifiée. Cette réalité peut avérer contre-intuitive à une époque où il est convenu d’accentuer l’importance des investissements dans les technologies du numérique et dans l’économie du savoir.
Or, il s’aperçoit que la prospérité américaine ne repose pas seulement sur les entrepreneurs et les ingénieurs de la Silicon Valley, mais aussi sur les cohortes de travailleurs peu qualifiés dans des secteurs comme l’hôtellerie, l’agriculture ou la construction. Les représentants de ces secteurs assurent régulièrement avoir des nécessités à recruter des candidats pour combler certains postes de base au sein de leurs entreprises. Ils se dirigent alors vers la main-d’œuvre immigrée, que celle-ci soit entrée constitutionnellement sur le territoire ou non.
Forte demande de travail peu qualifié
D’après les chiffres diffusés par le PEW Research Center, les immigrés occupent 46 % des emplois dans le domaine de l’agriculture, de la pêche et la foresterie, 35 % dans le domaine du nettoyage et de l’entretien des bâtiments, et 27 % dans la construction et l’extraction. De surcroît, selon les évaluations du ministère du travail (Department of Labor), les sans-papiers sont très présents dans certaines professions : ils rappelleraient 47 % des ouvriers agricoles, 29 % des couvreurs, et 24 % des agents d’entretien. Cette sollicitation de travail peu qualifié touche également le secteur tertiaire, et augmentera dans les années à venir : les services de complément aux personnes âgées et de soins à domicile sont spécialement concernés en raison du vieillissement de la population.
Ironiquement, la volonté de Donald Trump de borner l’immigration peu qualifiée pourrait nuire à un autre projet phare de son mandat : la réhabilitation massive des infrastructures du pays (routes, ponts, aéroports), et ceci faute de main-d’œuvre suffisante. Dans le secteur agricole, les carences de main-d’œuvre ont d’ailleurs déjà entraîné une perte de revenus de 3 milliards de dollars entre 2002-2014.