Une lueur d’espoir pour l’emploi handicapé soufflée par le Covid

Alors que le chômage des personnes en situation de handicap avait enregistré un très léger mieux en 2019, avec un premier retournement de la courbe, d’un point de pourcentage sur un an à 18 % (contre 9 % pour l’ensemble des actifs), le Covid a assombri l’horizon.
En termes quantitatifs, les personnes en situation de handicap ne sont pas épargnées par « la chute historique de l’emploi salarié au premier trimestre, de 485 000 emplois dont 170 000 hors intérim », confirmée le 2 juillet par l’Insee. « Il faudra attendre les chiffres du deuxième trimestre pour se faire une idée de l’impact réel du Covid, mais on prévoit une baisse des entrées en emploi », confie Marlène Cappelle, déléguée générale de Cheops (le Conseil national handicap & emploi des organismes de placement spécialisés), l’association qui représente Cap emploi (le Pôle emploi « handicap »). 68 % des handicapés chômeurs sont pessimistes quant à leurs chances de retrouver un emploi, selon le dernier sondage Agefiph-IFOP publié fin mai.
« La dégradation de l’emploi s’est concentrée sur les plus précaires », souligne l’Insee. Or, la population handicapée est majoritairement peu qualifiée et l’intérim, qui s’est littéralement effondré en mars, « est un de nos leviers de retour à l’emploi », précise Mme Cappelle. En revanche, leur présence dans tous les secteurs amortit le choc. Les entreprises adaptées, souvent multi-activités ont ainsi pu, selon la nature du handicap, transférer des travailleurs d’une activité sinistrée, comme la sous-traitance de l’aéronautique par exemple, à une autre comme la production de gel hydroalcoolique.
Nouveaux besoins d’adaptation
L’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph), qui a fait des projections par secteur d’activité, estime à plus de 270 000 le nombre de handicapés potentiellement en activité partielle entre mars et mai, auxquels s’ajoutent 400 000 personnes en arrêt-maladie, dont 250 000 vulnérables, sur une population totale de 2,8 millions. « On n’a paradoxalement pas noté de hausse du nombre de demandeurs d’emploi fin mars (489 000). Mais on s’y attend pour septembre. Le risque de perte d’emploi sera important ; certains vont s’enkyster dans le chômage de longue durée ; et l’entrée sur le marché du travail sera plus difficile, affirme Véronique Bustreel, la directrice innovation, évaluation et stratégie de l’Agefiph. Les entreprises vont chercher de la mobilité et de la polyvalence, ce qui peut pénaliser les personnes en situation de handicap. »
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