Trop d’heures supplémentaires nuit à la carrière
Jouer à super (wo) man au bureau et multiplier les séances nocturnes face à l’ordinateur augmente-t-il les chances de décrocher une promotion ? Pas toujours. Dans certains cas, cela peut même se révéler contre-productif pour la carrière, à en croire Argyro Avgoustaki, professeure à l’ESCP Europe Business School de Londres, et Hans Frankort, de l’université de Londres. A la faveur d’une étude à paraître dans une revue de l’université américaine de Cornell (« Industrial and Labor Relations Review »), et déjà disponible sur le site de l’université de Londres, les deux chercheurs posent la question : comment l’effort fourni au travail affecte-t-il le bien-être et la carrière des salariés ?
Jusqu’ici, les économistes se sont plutôt intéressés au lien entre productivité et heures de travail. « Les interactions entre les deux sont complexes et il y a encore beaucoup de choses que l’on ignore, mais il apparaît clairement qu’au-delà d’un certain nombre d’heures au boulot, la productivité se dégrade », résume Alexandre Delaigue, économiste à l’université de Lille-I. Les travaux de John Pencavel (université de Stanford) sur les ouvrières britanniques de 1914-1918 montrent ainsi que la production résultant de 70 heures de travail hebdomadaire excède à peine celle fournie en 56 heures. Au-delà de ce seuil, l’attention baisse, les erreurs se multiplient et, à long terme, la santé se dégrade. Selon l’Institut finlandais de la santé au travail, dépasser régulièrement 11 heures de travail par jour augmente de 67 % les risques de maladie cardiaque. Et ce, pour les cols bleus comme pour les cadres.
« Constat vrai pour les ouvriers et les professions intellectuelles »
Mme Avgoustaki et M. Frankort, eux, établissent une distinction entre les heures supplémentaires et l’intensification du travail, à savoir le fait de devoir effectuer plus de tâches – e-mails et téléphones portables aidant – dans le même temps. En étudiant le parcours de milliers…