« Travailler plus passe par l’amélioration de la qualité de l’emploi pour toutes et tous »

Pour comprendre la participation au marché du travail, il est utile de raisonner en matière de trajectoire de vie, de prendre en compte l’âge mais aussi les événements familiaux : décohabitation pour les études, mise en couple, naissances, dépendance de parents âgés… Or, par rapport aux autres pays, la France se singularise par une forte concentration de l’emploi dans la tranche d’âge médiane, entre 25 et 54 ans, alors que la part des personnes qui travaillent est plus faible à l’entrée comme à la fin de la vie active, particulièrement après 60 ans. Les taux d’emploi sont également relativement plus faibles pour les mères de jeunes enfants, et plus particulièrement pour les mères de trois enfants et les femmes d’origine étrangère.
Si le temps partiel est moins fréquent que la moyenne européenne, il concerne en premier lieu les mères de jeunes enfants. La part des femmes déclarant être à temps partiel pour s’occuper de leurs enfants – ou d’un proche – se situe à un niveau élevé : près de quatre fois plus que chez les hommes. Pour résumer, le déficit français en temps de travail par rapport à certains de ses voisins européens n’est imputable ni à une durée hebdomadaire de travail plus faible (en raison des 35 heures), ni à un nombre supposé record de jours de congé, mais à une durée du travail plus faible tout au long de la vie.
Les appels à relever le taux d’emploi se multiplient, portés à la fois par les enjeux de financement de la protection sociale dans un contexte de vieillissement démographique, et par l’urgence née des tensions géopolitiques en Europe. Mais d’autres raisons plaident pour un rééquilibrage : il peut apparaître souhaitable en termes de conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, tout autant qu’en matière d’égalité (de genre, d’âge, d’origine…) et de diversité au sein des milieux de travail. Pour y parvenir, l’expérience des pays qui connaissent de forts taux d’emploi tout au long de la vie montre qu’il convient tout d’abord de favoriser la qualité de l’emploi de tous et toutes, à tous les âges et étapes des parcours de vie.
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