Transition écologique : à Romans-sur-Isère, on forme à un métier qui n’existe pas encore

Transition écologique : à Romans-sur-Isère, on forme à un métier qui n’existe pas encore

Romans-sur-Isère (Drôme) va-t-elle se réinventer capitale de la réparation ? Sous la grande verrière qui abrite les machines de piquage et tout le matériel avec lequel ils s’affairent, huit stagiaires du centre de l’Agence pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) de la ville prennent un moment de pause dans leur séance de réparation textile pour juger leurs deux premiers mois de formation, financée par Pôle emploi.

« J’étais salariée en magasin de sport, je cherchais du sens à mon métier, et je m’interrogeais sur la seconde vie du vêtement que je vendais. J’ai fait une rupture conventionnelle, j’ai commencé à me former en couture-retouche, puis on m’a parlé de cette formation. Depuis, je vis et je dors réparation, s’enthousiasme Sophie Moyeux. J’habite à Chambéry, je passe la semaine ici, c’est un petit investissement, donc ça veut vraiment dire que je crois que c’est un métier d’avenir ! »

Ayant fait carrière dans la restauration, la menuiserie ou encore la santé, ils ont pour certains découvert la couture. « J’étais auxiliaire vétérinaire et je voulais me reconvertir dans l’artisanat, témoigne Anne-Sophie Contart. Je me suis formée deux mois et demi en maroquinerie, et le directeur m’a dit qu’il y avait une nouvelle formation. Ça ne me disait rien, j’ai fait des recherches. Je n’avais jamais cousu de ma vie, et je me suis trouvé un métier passion. »

Matthieu Froidevaux et Matthias Schul, responsables réparation chez Decathon, apportent du matériel défectueux sur lequel les stagiaires pourront se former, à l’AFPA de Romans-sur-Isère (Drôme), le 21 septembre 2023.

Noël Pioch, lui, a appris la couture il y a une vingtaine d’années. Concentré sur la réalisation d’une pochette pour son casque de moto, il vante la qualité des machines : « Ça, c’est de la Rolls ! » Il y a aussi de la fierté, devant le nombre de compétences déjà acquises, et tout ce qu’il reste à faire : dans cinq mois, ils sauront aussi bien recoudre et rénover des tentes, des sacs de couchage et des sacs à dos de randonnée, que réparer et coller des kayaks et des paddles, ou encore recevoir des clients.

Mylène Perrin (à droite), formatrice de la formation « Réparateur de matériel outdoor » avec ses stagiaires, à Romans-sur-Isère (Drôme), le 21 septembre 2023.

Les membres de cette promotion sont les premiers à se former pour devenir « réparateurs de matériel outdoor », ou d’activités en extérieur. Leur métier n’existe pas encore : c’est justement le but de cet « incubateur » de l’AFPA, concevoir et expérimenter un parcours de formation pour tenter de le certifier s’il s’avère efficace.

Le programme « Incubateurs » est né en 2019, sous la volonté de la direction générale de l’emploi et de la formation professionnelle. Dans une quarantaine d’expérimentations, l’AFPA a ainsi planché sur la définition de programmes liés à la filière hydrogène, à l’éolien en mer, à la conversion des véhicules thermiques ou encore aux dispositifs d’assistance respiratoire à domicile.

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LJD

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