Sur le marché du travail, les jeunes diplômés fragilisés par la crise sanitaire
Une génération stoppée net dans sa lancée en mars 2020. La crise sanitaire liée au Covid-19 a représenté un « coup d’arrêt brutal » pour la jeunesse, alors que celle-ci commençait à peine à connaître une embellie sur le marché de l’emploi, souligne une vaste enquête du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq), publiée mardi 10 mai. Menée tous les six ans auprès de plus de 25 000 personnes, l’enquête « Génération » analyse l’entrée sur le marché du travail de l’ensemble des sortants du système éducatif. Cette nouvelle édition, retrace les parcours des jeunes qui ont terminé leur formation en 2017, et qui ont été interrogés à plusieurs reprises cinq ans après leur entrée dans la vie active. Elle est la première étude d’une telle ampleur à documenter les conséquences de la crise sanitaire sur l’insertion de toute une génération de jeunes, et de sa brutalité.
Avant le premier confinement dû au Covid-19 et l’arrêt de l’économie qu’il a entraîné, les indicateurs étaient au vert. En février 2020, trois ans après l’entrée sur le marché du travail de cette génération, le taux de chômage au sein de cette dernière avait baissé de trois points par rapport à celui qu’avait connu la cohorte précédente, sortie du système éducatif en 2010. L’enquête souligne aussi un accès au contrat à durée indéterminée (CDI) « plus fréquent et rapide », avec 68 % de CDI chez les jeunes en emploi (en hausse de quatre points par rapport à la génération diplômée en 2010, à la même période). Cette génération profite à l’époque d’une « conjoncture économique plus favorable » sur l’ensemble du marché du travail, après les effets de la crise de 2008 qui avait fragilisé durablement les jeunes entrés dans la vie active au début des années 2010, observe Thomas Couppié, chargé d’études au Céreq, coauteur de l’enquête.
Arrêt massif des recrutements
Ces bons indicateurs témoignent aussi d’une évolution sociologique, reflet de la massification toujours plus forte de l’enseignement supérieur : la génération de 2017 est davantage diplômée que celle sortie en 2010. Dans cette cohorte, 78 % sont détenteurs au moins d’un baccalauréat, et près de la moitié (47 %) est diplômée du supérieur. Un « seuil symbolique » en passe d’être atteint, note l’étude, qui pointe toutefois de fortes inégalités, quand seulement 8 % des enfants d’ouvrier sortent avec un diplôme du supérieur. Au passage, l’enquête montre que le diplôme reste plus que jamais « protecteur vis-à-vis du chômage », souligne Elsa Personnaz, coautrice. La moitié des titulaires d’un diplôme bac + 5 ont ainsi accédé rapidement à un CDI, contre seulement 5 % des non-diplômés.
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