Suez-Veolia : les cinq fronts d’une journée décisive

Suez-Veolia : les cinq fronts d’une journée décisive

Le projet de rachat de Suez par de Veolia va-t-il franchir sa première étape ? Le conseil d’administration d’Engie, qui détient 32 % des parts de Suez, doit décider, ce mercredi 30 septembre dans l’après-midi, s’il accepte ou non l’offre d’Antoine Frérot.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Veolia, Suez : dans les coulisses de la bataille de l’eau

Le patron de Veolia a réaffirmé, mercredi dans la matinée, que sa proposition de racheter à Engie une participation de 29,9 % au capital de Suez n’était valable que jusqu’à minuit. « Après, je reprends ma liberté », a-t-il prévenu. Rarement le suspens a été aussi intense sur la scène parisienne des affaires.

  • 1 – Le dilemme d’Engie : « ne pas lâcher la proie pour l’ombre »

A priori, conseil d’administration d’Engie n’a que deux options. Soit il accepte la nouvelle offre de Veolia. Le groupe récupère alors immédiatement 3,4 milliards d’euros – une manne importante pour Jean-Pierre Clamadieu, président d’Engie, qui a promis, en juillet, de vendre autour de 8 milliards d’euros d’actifs. Soit il refuse, la proposition de Veolia disparaît et le cours de Bourse d’Engie risque d’être sanctionné. Mardi, à l’Assemblée nationale, M. Clamadieu a affiché sa préférence : « Si demain l’offre de Veolia vient à expiration, le cours de Suez va redescendre là où il était avant : 12 euros. Notre participation aura perdu un milliard d’euros de valeur », a-t-il plaidé. « Si cette offre expire, nous n’en avons plus. Alors me suggérez-vous de faire le pari qu’il y en aura peut-être une autre [plus tard] ? C’est une décision extrêmement difficile pour le conseil d’administration. Nous lâchons la proie pour l’ombre », a-t-il lancé aux députés.

Bien sûr, l’intérêt de Veolia pour Suez ne va pas disparaître le 1er octobre, mais pour Engie, ce n’est pas du tout la même chose si le groupe dirigé par Antoine Frérot lance directement une OPA sur Suez. Dans ce dernier scénario, l’énergéticien ne toucherait les 3,4 milliards qu’au bout de douze à dix-huit mois, au bout du processus d’examen par les autorités de la concurrence. C’est d’ailleurs la menace que Veolia agite depuis le début des discussions avec Engie, suggérant même que le prix pourrait être inférieur compte tenu de la « pilule empoisonnée » mise en place par Suez. Ce dernier, de son côté, travaille à constituer une contre-offre avec des investisseurs, mais cette alternative reste hypothétique à court terme.

  • 2 – Les doutes de l’Etat

Le problème, c’est que l’Etat, premier actionnaire d’Engie avec 23,6 % du capital et un tiers des droits de vote, a envoyé des signaux contradictoires. « Les membres indépendants du conseil ont intérêt à accepter l’offre de Veolia, mais le feront-ils si l’Etat vote contre ? », s’interroge une source proche du dossier. L’Etat dispose d’un représentant au conseil d’Engie et propose deux administrateurs.

Il vous reste 73.78% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.