Social : pas de trêve des confiseurs dans le secteur du commerce

Social : pas de trêve des confiseurs dans le secteur du commerce

Les revendications salariales s’invitent à la grande fête de la consommation cette année. En plein rush des achats de cadeaux de Noël, des employés d’enseignes commerciales ont franchi le tabou des grèves et manifestations pendant les fêtes, illustrant l’importance que prend le sujet des hausses de salaires et du pouvoir d’achat en ces temps de forte inflation.

Ainsi, dans l’après-midi du vendredi 23 décembre, une trentaine de salariées de la chaîne Sephora ont manifesté sur le parvis de La Défense (Hauts-de-Seine), face à la boutique du même nom. Elles répondaient à l’appel à la grève de la section CGT de Sephora. Le mouvement était somme toute modeste : de l’aveu même du syndicat, 80 salariés ont débrayé sur les 5 600 que compte le distributeur en France.

Voilà plus d’un an que ces personnels réclament la mise en place d’un 13e mois auquel ont droit « toutes les autres enseignes du groupe LVMH », affirme la CGT. Une revalorisation des salaires est également demandée, car « ils sont les plus bas du groupe », ainsi que l’abandon d’un accord sur la modulation du temps de travail.

« Sous-effectif »

« Quand on reçoit le bulletin de paye à la fin du mois, ça nous met un claque », lâche Ibtissam Difay, salariée de la chaîne depuis sept ans, au magasin d’Argenteuil puis à celui de Colombes. « On fait des journées à 21 000 euros de chiffre d’affaires, mais je suis payée 1 500 euros nets par mois, primes comprises », déplore-t-elle.

« Bernard Arnault est devenu l’homme le plus riche du monde. Il s’enrichit parce qu’il fait des économies sur le dos de ses salariés », harangue, micro en main, Jenny Urbina, déléguée syndicale CGT, pendant que les manifestants agitent drapeaux et pancartes.

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Une demi-douzaine de salariées du Sephora de Paris Saint-Lazare sont venues au rassemblement. Parmi elles, Elvan Kaya, maquilleuse. La jeune femme de 20 ans achève son CDD de six mois le 31 décembre, payé 1 300 euros nets, primes comprises. Elle a refusé le nouveau CDD qu’on lui proposait et dénonce « le sous-effectif » que, selon elle, connaît le magasin. « Pour un conseil maquillage complet, il faudrait consacrer quinze minutes par client, alors que nous sommes plutôt autour de sept minutes. On a l’impression de bâcler notre travail », explique-t-elle.

« Bernard Arnault est devenu l’homme le plus riche du monde. Il s’enrichit parce qu’il fait des économies sur le dos de ses salariés »
Jenny Urbina, déléguée syndicale CGT

En attendant, Elvan Kaya devra travailler samedi 24 décembre, comme « tous les salariés de la boutique », explique sa collègue caissière Garance Pierrard. Rien n’oblige la direction à accorder deux jours de repos successifs à un salarié, selon l’actuel accord sur le temps de travail. Comme le magasin sera fermé dimanche, Garance Pierrard devra passer le soir du réveillon à Paris. « Je passe Noël toute seule », regrette la jeune femme dont la famille réveillonnera en Mayenne.

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LJD

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