« Si on n’a plus de matières, on ne peut plus travailler » : dans le Cantal, avec le Covid-19, le BTP mis à la peine

« Si on n’a plus de matières, on ne peut plus travailler » : dans le Cantal, avec le Covid-19, le BTP mis à la peine

Le maçon Rémi Crétois travaille avec son coéquipier sur un chantier de rénovation près d’Aurillac (Cantal), le 7 mai 2021.

Il faut avancer tout au fond d’un lieu-dit cantalien, jeudi 6 mai, pour enfin apercevoir, stationnée dans l’entrée d’une bâtisse rustique, une camionnette à benne, marqueur d’un chantier en cours. A Messac, près d’Aurillac (Cantal), Rémi Crétois, artisan maçon, peut encore travailler. Juché tout en haut d’un échafaudage, il refait le mur de pierres et de chaux d’une ancienne grange, typique de cette partie de la France, rénovée en maison familiale.

Il s’agit du seul projet qu’il peut encore avancer : son « chantier tampon », explique-t-il, alors que deux autres contrats (sur un total de quatre) sont à l’arrêt forcé par manque de matériaux. Dans le département, « on ne nous dit pas clairement qu’il n’y aura plus de Placo ou plus d’acier », précise Michel Gennai, président de la Fédération française du bâtiment pour le Cantal (FFB 15). En revanche, les fournisseurs ne donnent plus de délais de livraison et certains matériaux viennent à manquer aux références et dimensions les plus couramment utilisées.

Michel Gennai avec l’un de ses apprentis, dans les ateliers de son entreprise de menuiserie métallique, à Aurillac (Cantal), le 7 mai 2021.

Ces difficultés d’approvisionnement touchent « presque tous les types de matières premières » et c’est là que réside le caractère exceptionnel de cette pénurie : « Plus de bois de structure, plus de Placo standard, plus de silicone », sans épargner « la visserie ou la petite quincaillerie », résume encore le président. La faute principalement à la pandémie qui a mis à l’arrêt les chaînes de production avant que des économies mondiales, comme les Etats-Unis et la Chine, redémarrent plus rapidement qu’anticipé, portant la demande bien au-dessus de l’offre.

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Allongement des délais, hausse des prix et pénalités

Depuis le début des difficultés d’approvisionnement, il y a trois mois, la débrouille fait partie intégrante de la vie professionnelle d’Emilie Roques, gérante d’une entreprise de plâtrerie, peinture et isolation. Comme Rémi Crétois, deux de ses chantiers (sur une vingtaine en cours) sont en attente, faisant craindre de lourdes pénalités de retard sur les marchés publics – soit environ 80 % de son activité. Alors, quand elle trouve quelques matériaux, elle remplit ses stocks, d’habitude presque vides : « J’ai des cartons entiers de tout ce qui est en acier, de vis, de poignées et même de serrures », se désole-t-elle. D’autant que cette accumulation entame largement sa trésorerie alors que les prix s’envolent, sous l’effet de la pénurie.

Emilie Roques, sur l’un de ses chantiers, à Aurillac, le 7 mai 2021.

Emilie Roques s’est vue contrainte d’utiliser des plaques de Placo de trois mètres

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