« Sept négociations qui ont fait l’histoire de France » : gros plan sur les grands négociateurs de l’histoire
Le livre. Analyser l’histoire à travers les rapports de force est usuel. Etudier l’autre versant, à savoir l’art de la paix, est moins courant. Pourtant, les traités de paix ont eu dans l’histoire une influence plus grande que bien des campagnes militaires, « car ils ont remodelé des Etats, redessiné des continents et créé des paix durables dans l’histoire », soulignent Jean-Edouard Grésy et Eric Le Deley dans 7 Négociations qui ont fait l’histoire de France (Fil Rouge). A la fois livre d’histoire, manuel d’aide à la décision et précis de management, l’ouvrage invite le lecteur à découvrir ces accords élaborés par des femmes et des hommes « plus vaillants et clairvoyants que bien des stratèges militaires ».
L’anthropologue et le docteur en sciences de gestion se penchent sur sept histoires du passé, de Louis XI à Michel Rocard. A chaque fois, ils abordent de manière didactique les facettes de l’art de la négociation, pour permettre aux négociateurs d’aujourd’hui d’élargir leur répertoire de réponses : il s’agit en effet de comprendre et de convaincre les multiples parties prenantes.
Catherine de Médicis, qui concilia huit guerres de religion et inspira l’édit de Nantes, incarne les vertus de la médiation : elle a su accompagner les belligérants pour définir les termes d’un terrain d’entente mais ne l’a pas fait à leur place, « car l’autonomie et la responsabilisation permettent de trouver des solutions durables aux problèmes ».
Avec Jules Mazarin, qui offrit une paix durable avec l’Espagne par le traité des Pyrénées, le lecteur apprendra l’importance de se connaître et de connaître les autres dans la négociation. Durant la Fronde, le genre littéraire des « mazarinades », couvrant des dizaines de milliers de pages, a moqué et insulté le cardinal. Ce dernier conseillait alors de se procurer ces pamphlets, et écrivait : « Lis-les, montre-les à tout le monde et fais mine d’en rire de bon cœur : tu décourageras leurs auteurs. »
Stratégies de temps long
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, qui défendit la position française dans le concert européen, illustre de son côté la voie de la patience : il invita l’ensemble des délégations à penser à long terme, à prévoir le cadre de la mise en œuvre afin que chaque accord ne soit pas remis en cause ultérieurement.
Simone Veil, enfin, qui parvint à faire voter la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG), montre l’importance de mener des négociations en parallèle. « Les tractations officieuses permettent bien souvent d’aplanir les difficultés avant le début des négociations officielles, écrivent les auteurs. Aller à la rencontre de Gaston Deferre pour lui expliquer qu’elle allait devoir céder sur la clause de conscience permet à Simone Veil d’anticiper sa réaction, et de s’assurer qu’il ne perd pas la face vis-à-vis des parlementaires socialistes et communistes. »
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