Salaires : une étude pointe les freins aux augmentations

Salaires : une étude pointe les freins aux augmentations

Le constat est connu : en raison des revalorisations successives du smic intervenues depuis 2021, des millions de salariés situés juste au-dessus sur l’échelle des salaires se sont retrouvés « rattrapés » par le salaire minimum. Au 1er janvier 2023, 17,3 % des salariés du privé étaient ainsi rémunérés au smic, contre 12 % en 2021.

Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés Comment le smic a rattrapé des millions de salariés

Une mission a été lancée par Elisabeth Borne lors de la conférence sociale du 16 octobre 2023 pour trouver les explications à ce phénomène de nivellement par le bas des grilles de salaires. Parmi les principales thèses avancées par les économistes, celle de l’existence d’une « trappe à bas salaires ». Dès qu’on s’élève au-dessus du smic et jusqu’à un salaire équivalent à 1,6 smic, pour que le salarié touche 100 euros nets supplémentaires chaque mois, l’employeur doit débourser jusqu’à près de cinq fois plus, les cotisations sociales augmentant alors très vite. De sorte que les entreprises préfèrent ne pas augmenter les rémunérations de leurs employés – quitte à leur accorder des primes ponctuelles, non soumises aux prélèvements sociaux.

Pour vérifier l’impact réel de cet « effet socio-fiscal » sur les politiques salariales, l’institut économique Rexecode s’est livré, à la demande du Haut Conseil du financement de la protection sociale, à une étude de terrain. Selon ce travail mené avec Bpifrance auprès de 3 000 entreprises de toutes tailles, publié le mercredi 19 juin, les causes de la smicardisation sont plus complexes que le seul effet de « trappe à bas salaires ». Seules 8 % des entreprises consultées le citent comme le principal frein à l’augmentation salariale de leurs employés. En réalité, il va plutôt « amplifier les problèmes existants », souligne Olivier Redoulès, directeur des études de Rexecode.

Thème de la campagne électorale

Quels sont ces « problèmes existants ? ». En premier lieu, les contraintes purement économiques, comme la marge ou la trésorerie de l’entreprise. Ensuite, les donneurs d’ordre jouent un rôle essentiel dans les politiques salariales de leurs entreprises prestataires, notamment dans les services à faible valeur ajoutée. « Dans un certain nombre de secteurs, comme la sécurité, le nettoyage, l’entretien, les acheteurs regardent uniquement le prix du service proposé, explique M. Redoulès. Ce type de comportement des acheteurs conduit les entreprises à pressurer les salaires pour pouvoir emporter les marchés. » Voire à recourir à la sous-traitance en cascade. Et ce n’est pas que le fait du privé. La commande publique est aussi responsable.

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