Salaires 2022 : pas de hausse réelle en première ligne et davantage d’individualisations pour les autres
La hausse de l’inflation attendue à 1,5 % en 2022 n’infléchira pas vraiment les politiques salariales des entreprises. C’est ce qui ressort des Rencontres RH, le rendez-vous mensuel de l’actualité du management créé par Le Monde en partenariat avec Manpower Group, qui a réuni mardi 9 novembre une quinzaine de DRH à Paris.
« Pendant la crise sanitaire, on a beaucoup parlé de l’indispensable revalorisation des salaires des travailleurs des première et deuxième lignes. C’était un constat mondial. Mais on observe que, ni au niveau des Etats ni au niveau des entreprises, il n’y a eu d’ajustement des salaires significatif, autrement qu’en réaction à la pénurie d’emplois sur certaines activités. Même avec l’arrivée de l’inflation des prix, aucune boucle prix-salaire ne se met à l’œuvre. Il n’y a pas de signaux forts de dynamique salariale massive », constate l’économiste Philippe Askenazy.
Aux Galeries Lafayette, qui ont plutôt souffert ces dix-huit derniers mois, « notre objectif a d’abord été le maintien de l’emploi. L’activité partielle de longue durée (APLD) est toujours en place et le sera au-delà de 2021, explique le DRH Romain Le Bolus. Avec les hausses du smic et du prix de l’énergie, il y a d’énormes attentes de la population “employés”. Des organisations syndicales nous ont demandé d’ouvrir des négociations, alors que ce n’est pas notre calendrier habituel ».
Forte attente des salariés
Les négociations annuelles ont, pour certains, commencé au printemps, tandis que, pour d’autres, elles ne font que commencer. « La hausse du smic au 1er octobre va bousculer ce calendrier. On ne sera pas en 2022 l’entreprise qui fera du gel de salaire, malgré l’année catastrophique », le DRH des Galeries Lafayette n’en dira pas davantage concernant la revalorisation salariale de cette catégorie de personnel, à part que « la préoccupation principale de la direction sera l’humain. Chez nos recrues, ce n’est plus seulement la rémunération qui compte ». Toutefois, au siège, « où le niveau de démissions est élevé, on recrute un peu plus cher sur certains métiers », reconnaît-il.
Pour les entreprises qui n’ont pas été épargnées par la crise sanitaire, les hausses de salaires – générales et individuelles – sont rarement prévues au-delà de 2 % pour 2022. Chez BNP Paribas, où les négociations annuelles obligatoires sont terminées, « elles se sont conclues sur 0,6 % d’augmentations générales, avec un minimum de 180 euros, et 1,5 % du budget dédié aux augmentations individuelles », indique Agnès Girod, la responsable RH chargée des rémunérations. Mais, « face au désengagement des travailleurs, les entreprises vont devoir retrouver des outils incitatifs pour les salariés », remarque Philippe Askenazy.
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