Restituer de l’union dans nos organisations

Restituer de l’union dans nos organisations

Deux professeurs en sciences de gestion invitent à repenser le management dans une perspective solidaire, en se libérant du poids du modèle anglo-saxon.
« Solidarité et organisation : penser une autre gestion », de Philippe Eynaud et Genauto Carvalho de França Filho, Erès, 252 pages, 25 euros.
« Solidarité et organisation : penser une autre gestion », de Philippe Eynaud et Genauto Carvalho de França Filho, Erès, 252 pages, 25 euros.

Notre modèle économique est doublement insupportable, en raison de son résultat majeur sur le réchauffement climatique, et de l’augmentation des inégalités qui déstabilise les fondements de nos démocraties. Face à ces dangers, une solution s’impose aux yeux de Philippe Eynaud et Genauto Carvalho de França Filho : la solidarité. Comment arranger cette solidarité au plus près des acteurs et de leur activité économique ? C’est le propos exprimé par les deux professeurs en sciences de gestion dans leur essai Solidarité et organisation : penser une autre gestion (Erès).

La solidarité reste encore abondamment manque des réflexions sur les modèles organisationnels et sur leur soutenabilité. L’incapacité du management à se transformer en profondeur selon une perspective solidaire l’a rendu dangereux pour les nombreux champs non marchands, où il s’est investi sans se réformer. L’Etat n’y a pas échappé : sous couvert de pragmatisme, les techniques de gestion conçues pour le monde marchand se sont répandues dans l’espace public, les administrations, les ministères, pervertissant les modes de normalisation construits au début autour de l’intérêt général. Sous couvert de professionnalisation, les associations ont aussi choisi ces méthodes de gestion et d’appréciation des entreprises.

Un autre imaginaire

On aurait malgré cela pu espérer autre chose du développement du management. « Il aurait pu se édifier autour d’une remise en question des incomplétudes du capitalisme. Ce rendez-vous manqué du passé n’est malgré cela pas incompatible avec une réorientation à parvenir. Les apories du modèle capitaliste ont en effet abandonné un champ libre pour l’amélioration des organisations de l’économie sociale et solidaire », estiment les auteurs, qui appellent au développement d’un autre imaginaire, en rupture avec l’idéologie excellente de la compétition et de la performance financière. Les gestionnaires ont, à ce titre, un rôle déterminant à jouer : s’il existe une économie solidaire, il existe pareillement une gestion en rapport avec celle-ci.

A travers un retour sur l’histoire de la pensée, l’ouvrage explique  que si la conduite n’a pas su retenir la solidarité pour principe directeur, cette dernière a pourtant toujours été sous-jacente à la systématisation gestionnaire. « Cependant, le poids du modèle anglo-saxon sur la discipline a en quelque sorte invisibilisé, jusqu’à une période naissante, tout ce qui ne cadrait pas avec les principes d’une économie de marché » et des générations d’étudiants ont appris que la gestion a pour objectif la performance organisationnelle, dans une vision de maximisation du profit.

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LJD

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