Renouvelables : le bois énergie en quête d’employés, en Normandie comme dans toute la France

Renouvelables : le bois énergie en quête d’employés, en Normandie comme dans toute la France

Un froissement puis le bruit sourd d’un arbre qui tombe. Dans cette forêt, près de L’Aigle, dans l’Orne, l’abatteuse tournoie presque sur elle-même dans un carré de sapins pectinés déjà clairsemé. Ses lourdes mâchoires saisissent, l’un après l’autre, des arbres desséchés – et gagnés par les scolytes –, pour les sectionner d’abord à la base, avant de les élaguer et de les couper en rondins.

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A la manœuvre, juché dans sa cabine aux vitres de Plexiglas, Romain Pernelle, comme dans un jeu vidéo, active ses joysticks, les yeux rivés sur la vue satellitaire où des cercles rouges localisent les troncs qui jonchent le sol. « Il faut une certaine dextérité pour faire ce métier, explique-t-il. Certains au bout d’un an se rendent compte qu’ils ne sont pas faits pour cela, et ils abandonnent. »

Ce bûcheron des temps modernes a rejoint depuis une dizaine d’années l’entreprise normande de bioénergie Biocombustibles, qui produit stères et plaquettes pour des chaufferies et des particuliers. « C’est un profil que l’on peut qualifier de rare », confie Benjamin Gomez, son chef de chantier, alors que le jeune homme, conducteur autodidacte, avait auparavant exercé les métiers d’agriculteur, de mécanicien et de bûcheron.

Des bûcherons « quasiment disparus »

Des expériences qui lui permettent de répondre au mieux aux exigences de sa tâche, à savoir, manœuvrer cette grue et en assurer la maintenance, en affûtant ses scies et couteaux par exemple. Tout en ayant le tempérament adéquat, un « goût certain de la solitude » et de la forêt, y compris en hiver, lorsqu’il fait nuit à 16 h 30. « Aujourd’hui, les jeunes préfèrent souvent être dans un bureau au chaud, et les profs ne leur parlent plus guère des métiers de la forêt », regrette son superviseur.

Ce dernier s’est formé en Corrèze – après un bac pro –, mais le lieu a fermé en 1998, faute d’élèves. « Il ne reste plus que cinq ou six écoles qui apprennent à conduire les engins de travaux forestiers », poursuit-il, alors que la mécanisation s’est fortement développée. Une abatteuse remplace désormais aisément le travail effectué par six à huit bûcherons. « Ces derniers ont quasiment disparu », poursuit-il, même s’ils sont pourtant toujours très recherchés, notamment pour les pièces de valeur.

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Des tas de branchages et de rondins, du bois jugé trop sec pour en faire des planches, s’empilent dans plusieurs recoins de la parcelle. Ils seront ensuite déposés en bordure de route, avant d’être broyés ou transportés dans des camions vers des plates-formes de stockage. « Avec le développement des chaufferies en biomasse, Biocombustibles prévoit de produire 200 000 tonnes de bois énergie en plus par an d’ici aux cinq à sept prochaines années », estime Mathieu Fleury, président de l’entreprise normande.

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LJD

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