Relocalisation : L’éternel retour du « Made in France »

Relocalisation : L’éternel retour du « Made in France »

La Fête des mères qui s’annonce sera un test pour Eric Lefranc. Le PDG du groupe Altesse, spécialiste du bijou fantaisie « made in France », espère que la crise du Covid-19 incitera les clients à jeter leur dévolu, au moment de choisir le traditionnel cadeau, sur un collier ou un bracelet de sa marque « Les Georgettes », plutôt qu’une babiole « made in ailleurs ».

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« Je pense que les Français ont bien pris conscience que c’est une erreur d’avoir laissé partir tant de productions à l’étranger », dit-il. Les différentes enquêtes d’opinion menées pendant le confinement lui donnent raison. Publié le 30 avril, le baromètre Kantar portant sur les comportements des consommateurs montre que 42 % des sondés pensent que l’une des priorités des entreprises devrait être de ramener toutes leurs productions et leurs usines en France.

Pour autant, ces mêmes personnes sont-elles décidées à acheter français, « quoi qu’il en coûte » ? Pas si sûr. Si, pendant la crise, les consommateurs se sont en partie rabattus sur des produits alimentaires locaux, ce n’est pas le cas de l’ensemble des produits manufacturés. La mise en redressement judiciaire, le 15 avril, de l’entreprise de bas et collants Gerbe, dont les produits sont fabriqués en Bourgogne, démontre que le label tricolore ne suffit pas à générer des ventes.

« Bruit médiatique »

Sur un marché inondé par les productions asiatiques, Eric Lefranc a bien sûr fait de son implantation ardéchoise un argument de vente. Mais ce succès n’aurait pas été possible sans l’industrialisation de la production, qui permet de contenir les coûts et de proposer des articles 10 % à 20 % plus chers seulement que leurs concurrents asiatiques. Un écart de prix jugé « raisonnable » par le consommateur, croit M. Lefranc. Mais pour certaines pièces plus sophistiquées, comme celles contenant des pierres serties, l’équation est tout autre. Compte tenu des coûts de production en France, la fabrication d’un seul de ces bijoux reviendrait entre 100 et 150 euros au bas mot. Invendable pour des articles fantaisie. Ceux-là restent donc fabriqués à Chiang Mai, en Thaïlande, où leur prix de revient est de sept à huit fois moindre… et tant pis pour le label tricolore.

« Le Made in France suit le même parcours que le bio il y a quelques années de cela », explique Charles Huet, fondateur de La Carte française – une carte-cadeau utilisable uniquement pour l’achat de produits français. « Il bénéficie d’un bruit médiatique et d’une sympathie qui progressent plus vite que son chiffre d’affaires. L’évolution des comportements se fait de manière progressive », souligne l’homme, en rappelant que « le bio a mis trente ans à s’imposer ». Mais cet infatigable défenseur de la cause semble plutôt inquiet.

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LJD

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