Réforme du RSA : dans la métropole de Lyon, accompagner sans sanctionner
L’agence France Travail de Givors (Rhône) grouille de monde. Un peu partout dans le hall, ça foisonne d’échanges. Ce mardi de la mi-juin, Yanis (il n’a pas souhaité donner son nom), 29 ans, y entre pour la première fois. Il a été convoqué, comme soixante-dix autres personnes, à une « rencontre d’information et d’orientation » organisée pour les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA). Ce solide gaillard, crâne rasé, barbe de trois jours, a le regard un peu perdu devant la multitude de comptoirs. De nombreux organismes sont présents face à lui pour ce rendez-vous spécifique : caisse d’allocation familiale, caisse primaire d’Assurance-maladie, maison de la métropole de Lyon, régie des transports publics…
Après un premier entretien avec un conseiller France Travail, Yanis passera à chacun de ces stands. Six comptoirs différents qui permettent d’emblée de connaître assez précisément la situation de la personne, ses besoins, les aides auxquelles elle peut éventuellement prétendre, etc. « C’est vraiment une bonne chose de rencontrer tous ces gens tout de suite, j’ai pu poser toutes les questions que je voulais », affirme Yanis. Ancien plombier, inactif depuis plusieurs années en raison de problèmes de santé, il souhaite se reconvertir et suivre une formation de chauffeur poids lourds.
A la fin de cette première rencontre de deux heures, une fois son orientation décidée, un agent France Travail lui remet immédiatement une convocation pour un rendez-vous plus spécifique. Trois parcours sont possibles. Un accompagnement social avec un conseiller de la métropole pour les plus éloignés de l’emploi ; un suivi intermédiaire dit socioprofessionnel et, enfin, pour les personnes susceptibles de retrouver un travail le plus facilement, un accompagnement professionnel avec France Travail.
Cette journée est la première pierre de l’accompagnement rénové des bénéficiaires du RSA expérimenté depuis avril 2023 dans dix-huit bassins d’emploi. Le projet de loi pour le plein-emploi, adopté par le Parlement en décembre 2023, prévoit sa généralisation à partir de 2025. Le texte, qui a suscité de nombreuses critiques venues de la gauche, qui promet d’ailleurs de revenir dessus si elle parvient au pouvoir, conditionne le versement du RSA à au moins quinze heures d’activité hebdomadaires.
« Public plus difficile à mobiliser »
La métropole de Lyon, qui fait partie des trois territoires de gauche volontaires – avec la Loire-Atlantique et l’Ille-et-Vilaine –, a choisi une ville enclavée et marquée par la pauvreté pour mener cette expérimentation. Coincée dans un triangle entre Lyon au nord, Saint-Etienne à l’ouest et Vienne à l’est, Givors fait partie de ces territoires sinistrés par la désindustrialisation. Dans la commune traversée par l’autoroute A47, le taux de chômage atteignait 18,6 % en 2021, selon l’Insee.
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