Réforme du marché du travail : « Les fonctionnaires sont en demande d’une visibilité accrue sur l’avenir »

Réforme du marché du travail : « Les fonctionnaires sont en demande d’une visibilité accrue sur l’avenir »

Stanislas Guerini, ministre de la fonction publique, a déclaré, le 9 avril, vouloir « lever le tabou » du licenciement des fonctionnaires. « Le statut n’est pas le statu quo », a-t-il affirmé, au nom de la même volonté d’assouplissement et de modernisation invoquée pour justifier les réformes du marché du travail menées au long des deux quinquennats. Les résultats d’une recherche récente sur la valeur attribuée par les individus à leur sécurité de l’emploi permettent de mieux comprendre les perceptions des personnes concernées par ce type de réforme.

Combien demanderiez-vous pour accepter de passer d’un emploi sécurisé à un autre, qui ne le serait pas ? Combien seriez-vous prêts à donner, à l’inverse, pour avoir un emploi sécurisé si vous n’en avez pas actuellement ? Telles sont les questions posées par une équipe de chercheurs israéliens, dans le cadre d’une enquête originale, en cours de duplication en France et au Canada, mais qui donne dès à présent des indications éclairantes (« How Does the Welfare Policy Impact Tenure and Job Security ? », Eitan Hourie, Miki Malul, Raphael Bar-El, SSRN, 2022).

Pour renoncer à un emploi sécurisé, les revenus supplémentaires demandés varient entre 10 % et 22 %. Tout dépend des scénarios proposés. En période de chômage élevé et/ou lorsque la durée et le niveau d’indemnisation sont limités, les exigences apparaissent naturellement les plus fortes. S’ils doivent accepter une diminution de leur sécurité professionnelle, les individus réclament alors une augmentation salariale de 22 %. Avoir voulu s’attaquer au statut des fonctionnaires juste après avoir durci les conditions d’indemnisation du chômage était, à cet égard, particulièrement risqué.

Même lorsqu’on leur décrit une situation proche du plein-emploi et/ou un système d’assurance-chômage très efficace et protecteur, avec un revenu garanti pour tous, comme en Finlande, les personnes interrogées demandent tout de même 10 % de revenus supplémentaires en échange de leur renoncement à un emploi parfaitement sécurisé.

Eviter les « petites phrases »

La sécurité de l’emploi, en effet, ne signifie pas seulement un revenu garanti à long terme et sur lequel on peut s’appuyer pour bâtir des projets. Elle correspond aussi au fait de pouvoir continuer à exercer son métier au sein d’une organisation à laquelle on s’identifie. Elle implique des conditions de travail stables (situation géographique, horaires…) permettant de conserver l’équilibre délicat que chacun construit progressivement entre sa vie professionnelle et son organisation personnelle, ses responsabilités familiales, associatives, citoyennes, etc.

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LJD

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