Réforme des retraites : Elisabeth Borne fait des concessions pour recueillir l’adhésion des députés
Une concession à la droite, quelques gestes en direction de la majorité… A la veille du début de l’examen de la réforme des retraites par les députés, Elisabeth Borne a annoncé, dans un entretien au Journal du dimanche du 5 février, plusieurs retouches au texte. La plus importante d’entre elles permettra à certains actifs, ayant commencé à travailler jeunes, de réclamer le versement de leur pension à 63 ans, soit un an avant l’âge légal de départ qui sera instauré à terme. La cheffe du gouvernement veut montrer son esprit d’ouverture, de manière à recueillir l’adhésion la plus large possible, notamment celle des élus Les Républicains (LR), le risque que l’exécutif soit mis en minorité durant les débats étant bien réel.
Première inflexion notable : l’extension du dispositif carrière longue aux individus ayant démarré leur vie professionnelle entre 20 et 21 ans. « Ils pourront ainsi partir à 63 ans », indique Mme Borne dans le JDD. Plusieurs conditions sont posées : notamment avoir cotisé pendant au moins quatre ou cinq trimestres avant le vingt et unième anniversaire. La mesure devrait concerner « jusqu’à 30 000 » femmes et hommes par an, son coût étant estimé entre 600 millions et 1 milliard d’euros sur une année.
La locataire de Matignon essaie de répondre à une attente exprimée par des parlementaires LR : autoriser le départ à la retraite, au bout de quarante-trois années de cotisation, à ceux qui ont fait leurs premiers pas sur le marché de l’emploi avant 21 ans. La proposition de Mme Borne n’a toutefois pas obtenu le résultat escompté. « C’est une tromperie », a réagi, dimanche, Aurélien Pradié (LR), député du Lot. Les syndicats, de leur côté, ne sont pas plus enthousiastes. « Le “bougé” sur les carrières longues est très compliqué à décrypter, estime Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, dans un entretien au quotidien Les Echos de lundi. Va-t-on permettre à des salariés ayant cotisé quarante-trois ans à partir de 20 ans de partir à la retraite (…), et continuer à demander aux salariés qui ont commencé avant, c’est-à-dire entre 16 et 18 ans, quarante-quatre ans de cotisation ? Ce serait profondément injuste. »
« Carotte politique »
Les autres changements dévoilés par Mme Borne concernent l’emploi des personnes dans les dernières années de leur parcours professionnel. L’« index senior », qui a pour but d’« objectiver la place » des travailleurs âgés dans les entreprises et de « valoriser les bonnes pratiques », sera mis en place « progressivement » dans les sociétés de plus de 50 salariés. C’est la cible qui avait été envisagée à la fin de l’automne 2022, avant que le seuil soit rehaussé à 300 salariés dans le projet de loi. L’exécutif revient donc à son idée initiale.
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