Réforme de l’assurance-chômage : les cadres se sentent trahis

Réforme de l’assurance-chômage : les cadres se sentent trahis

Pour une population plutôt acquise à la politique d’Emmanuel Macron, la dégressivité des allocations chômage pour les hauts salaires passe mal.

Par Publié aujourd’hui à 08h56

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Dans le quartier d’affaires de la Défense, près de Paris, en septembre 2015.
Dans le quartier d’affaires de la Défense, près de Paris, en septembre 2015. FLORIAN DAVID / AFP

« On est toujours le riche de quelqu’un », et Nicolas T. le reconnaît volontiers : il est, lui-même, « le riche » de beaucoup. Salarié à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes), l’électronicien gagne plus de deux fois le revenu médian en France. « Je me vois mal, dit-il, aller sur un rond-point et me plaindre que je n’ai “que” 4 000 euros par mois… Par rapport à un smic, cela ne peut pas être compris. Je n’irai pas non plus voter pour les extrêmes. Mais cette réforme de l’assurance-chômage, ça va trop loin ! »

Le cadre se rebiffe ? Pas encore. Le pourrait-il ? Pas vraiment. Même si « le sentiment de trahison est bien là ». A 45 ans, Nicolas T. a déjà connu deux licenciements et une création d’entreprise avortée. Il n’a jamais bénéficié pleinement des deux ans d’indemnisation chômage, mais savoir qu’il le pouvait le rassurait. « Emmanuel Macron change les règles en cours de route ! Parce qu’il n’a plus d’opposition, il se croit permis de se moquer éperdument de son électorat. »

Cette « rupture de contrat » qu’évoque l’ingénieur a un nom : la dégressivité. Dans le cadre de la réforme, le gouvernement prévoit de raboter de 30 % les allocations des salariés qui touchaient plus de 4 500 euros brut par mois avant de pointer à Pôle emploi. La baisse interviendrait dès le septième mois d’indemnisation pour les moins de 57 ans.

« Violence », « cynisme » et « inconséquence »

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« Un acte politique d’agression », dénonce François Hommeril, président de la CFE-CGC, le syndicat des cadres. L’ancien géologue n’a pas de mots assez durs pour dénoncer « la violence », « le cynisme » et « l’inconséquence » de l’exécutif. « Non seulement la réforme prive de leurs droits ceux qui contribuent le plus, mais, cerise de l’indignité, elle prétend le faire au nom de la justice sociale. »

En 2017, rappelle-t-il, la participation des cadres finançait le régime d’assurance-chômage à hauteur de 42 %, alors qu’ils ne recevaient que 15 % des allocations. « Ce gouvernement, qui donne des leçons de morale, fait tout simplement des économies sur le dos des chômeurs. » Un agacement que Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, reprend à son compte en réclamant une baisse des « cotisations des employeurs qui paient très cher » pour indemniser les cadres.

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