Quatre constats pour mieux négocier le télétravail

Quatre constats pour mieux négocier le télétravail

Droit social. Le contre-exemple des « télétravaux forcés » et confinés au domicile du printemps 2020, conséquence de la pandémie de Covid-19 permet d’établir quatre constats pour mieux négocier le télétravail élargi (salariés concernés plus durée) de demain.

Premier constat. L’extrême hétérogénéité des situations de chaque télétravailleur. L’organisation au sein de chaque entreprise est déjà très variable. Et sans parler des premiers de corvée souvent exclus de tout travail à distance, chaque salarié a un entourage, un domicile et des temps de transport spécifiques. Caricature : les parents se partageant un ordinateur avec un Wi-Fi problématique, à côté d’enfants en bas âge.

Conséquence. Le télétravail ne peut être conçu comme un discret temps partiel afin de s’occuper de sa famille. Les accords doivent éviter que le télétravailleur ne soit soumis à d’épuisantes injonctions contradictoires (atteindre ses objectifs-s’occuper des enfants), source de graves risques psychosociaux. Vu le très fort pourcentage de salariés aidants femmes (70 % pour des parents très âgés), le développement du télétravail au domicile pourrait aussi provoquer un recul de vingt ans en matière d’égalité.

Deuxième constat. Télétravailler n’est pas simplement emporter un ordinateur à la maison, mais installer physiquement et psychologiquement un peu de l’entreprise au domicile. Sur une longue période, une trop grande porosité entre vie privée et vie professionnelle est désastreuse pour tout le monde : quand on rentre « chez soi » et qu’on a l’impression de « revenir au bureau »… D’où la préparation d’une résolution sur l’indispensable droit de déconnexion au Parlement européen, mais aussi des accords d’entreprise voulant « prévenir l’hyperconnection et préserver la santé des salariés », comme chez Total.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Le manageur face à la pandémie de Covid-19 »

Conséquence. Le choix individuel du télétravail percutant le collectif, passer à trois ou quatre jours par semaine exigera une réorganisation profonde de toute l’entreprise, et des équipes. Mais également, s’il intervient au domicile, de chaque petit écosystème familial. Avec souvent, au-delà de trois jours par semaine loin de l’entreprise, un réexamen de l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle, voire de la centralité du travail salarié structurant nos vies et nos villes.

La question du statut

Troisième constat. Nombre d’entreprises vont chercher à réduire fortement leurs coûts : à commencer par l’immobilier, mais également la masse salariale. Or, la délocalisation d’un travail effectué à distance par des peu qualifiés est aisée. Aujourd’hui déjà, des centres d’appels sont implantés à Casablanca, et l’informatique est traitée en Inde.

Il vous reste 33.89% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.