Quand la direction engageait ses cadres à « parvenir les 22 000 départs »

Quand la direction engageait ses cadres à « parvenir les 22 000 départs »

Didier Lombard au procès France Télécom, le 7 mai.
Didier Lombard au procès France Télécom, le 7 mai. 

L’ancien PDG de France Télécom, Didier Lombard, jugé pour « harcèlement moral », dix ans après les suicides de salariés, s’est exposé à la barre, lundi.

Pour la direction, le millier de cadres réunis le 20 octobre 2006 à la Maison de la chimie, à Paris, étaient des « gens précieux ». « Des chefs de centre, ceux qui tiennent la maison », déclare d’eux, l’ancien PDG de l’entreprise Didier Lombard. Il additionne : « Ils avaient un autre atout, ils étaient très directs. »

Ce jour-là, donc, la hiérarchie au grand complet est venue participer à la convention de l’Association des cadres supérieurs et gouvernants de France Télécom (ACSED) : Didier Lombard, Louis-Pierre Wenes, son directeur exécutif France, et Olivier Barberot, le directeur groupe des ressources humaines (RH). Le plan Next, qui doit « faire basculer l’entreprise dans le nouveau siècle », et son volet social Act ont été déclenchés un an plus tôt. Depuis février, le chiffre de « 22 000 départs naturels » en trois ans a été enseigné aux marchés financiers. Mais les conséquences tardent. Il y a obligation, il faut accélérer.

Assis sur le banc des avisés devant le tribunal correctionnel de Paris qui les juge pour « harcèlement moral », les trois anciens gouvernants voient le texte de leurs interventions s’afficher sur le grand écran de la salle d’audience. Dans leurs versions complètes et non pas dans leurs « versions Marguerite », du nom de la secrétaire générale de l’association qui avait pris sur elle d’adoucir certains passages qu’elle trouvait « trop durs » avant de mettre en ligne les discours sur le site de l’ACSED.

« Par la fenêtre ou par la porte »

La directrice, Cécile Louis-Loyant, surligne en jaune quelques passages. Didier Lombard : « La maison est une mère poule qui récupère les gens, y compris en créant des emplois artificiels là où il n’y en a pas besoin. » « La maison ne survivra pas si les agents ne veulent pas aller face aux clients. » « Il faut bien se dire qu’on ne peut plus protéger tout le monde. En 2007, je ferai les départs d’une façon ou d’une autre. Par la fenêtre ou par la porte. »

Louis-Pierre Wenes : « Il faut faire vite, faire vite, faire vite. Penser en permanence comment je peux faire pour faire plus vite. » « Si je suis brutal, je peux dire que je peux supprimer 3 000 postes et que ça ne se verrait pas. » Olivier Barberot : « On va faire un crash programme pour accélérer Act. Donc, on ne va plus être dans un discours basé sur un volontariat un peu mou, on va être beaucoup plus systématique. C’est la logique business qui domine. » « Changer d’univers professionnel, c’est un peu comme la gymnastique. Quand on ne l’a pas fait avant 40 ans, c’est plus difficile de s’y mettre. »

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LJD

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